Notre quotidien, ponctué de comptes twitter suspendus, de vidéos YouTube censurées, de comptes Instagram supprimés et d’utilisateurs bannis, n’est que le résultat d’une liberté d’expression en déliquescence dans un pays qui l’est tout autant.
Je me souviens de la première fois que cette censure et cet acharnement m’ont marqué ; c’était pour l’affaire Dieudonné.
Si on peut effectivement regretter, condamner ses positions après l’affaire et notamment cette recherche permanente d’attention l’ayant conduit à dire tout et n’importe quoi, il ne faut pas oublier que le point de départ de sa déchéance médiatique est un sketch joué sur le service public. Il a bien tenté de s’excuser auprès des personnes qu’il aurait pu choquer, il a essayé d’expliquer sa prise de position et pourquoi il trouvait malhonnête le processus enclenché contre lui, mais il était trop tard, le mal était fait, le diable venait de naître, la moraline qui infusait depuis longtemps en France pouvait commencer à distiller son goût pour la censure. À partir de cette soirée, tout le monde a pensé et parlé en son nom sur le fait qu’il était antisémite.
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Les humoristes, depuis lors, craignant de suivre le parcours de Dieudonné, ne font plus vraiment rire et se contentent de parler de la pluie, du beau temps ou de thèmes consensuels au possible. Il est même devenu « celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom », puisque le simple fait de le citer en tant que référence de l’humour peut vous conduire à être inscrit sur le livre noir de la bien-pensance.
Ces nouveaux humoristes sont si irrévérencieux, qu’ils s’empressent de dire combien ils soutiennent les nouvelles luttes, qu’ils sont droits de l’Hommiste et viennent nous donner des leçons sur le bien (la gauche) et le mal (la droite).
Le problème est qu’ils savent très bien que s’ils ne plaisent pas à la grande doxa bien-pensante qui règne en France, alors ils seront les grands oubliés des médias.
Un seul mot, un seul geste, peut faire de vous le nouveau pestiféré du monde artistique même si vous aviez fait le maximum au préalable pour défendre toutes les minorités.
Prenez JK Rowling par exemple, jetée en pâture pour ses prises de position et décriée par les acteurs ayant joué les personnages qu’elle a créés. Aucun débat, aucune tentative de compréhension de ses propos, il suffit de la mettre de côté, et tout est réglé.
Cette censure permanente des pensées contradictoires a connu une vraie accélération par l’arrivée des réseaux sociaux et de cette génération woke.
Certains ne s’en cachent pas, à l’instar de Geoffroy de Lagasnerie qui déclarait sur France Inter :
« Moi je pense que le but de la gauche, c’est de produire des fractures, des gens intolérables et des débats intolérables dans le monde social. Il faut savoir qu’il y a des paradigmes irréconciliables. Moi je suis contre le paradigme du débat, contre le paradigme de la discussion » […] Je pense que la politique est de l’ordre de l’antagonisme et de la lutte et j’assume totalement le fait qu’il faille reproduire un certain nombre de censures dans l’espace public, pour rétablir un espace où les opinions justes prennent le pouvoir sur les opinions injustes. »
On peut le ressentir également par les récents blocages des universités par des étudiants afin de protester contre les résultats du premier tour de l’élection présidentielle.
Que reprochent ces bloqueurs à ces personnes dites de droite (ou d’extrême droite pour utiliser les anathèmes habituels) ? D’être antidémocrate et fascistes…
Et quels sont les moyens utilisés pour combattre ces idées ? Le refus du débat et de la démocratie en utilisant la violence (une des formes d’expression de l’extrême droite au passage…)
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De fait, une question se pose. Ces prétendus antifascistes qui ont pignon sur médias pour cracher leur haine de « l’extrême droite » et du fascisme ne seraient-ils pas la bête immonde qu’ils dénoncent ?
Avant que les GAFAM prennent le relais, ce wokisme commençait déjà à s’installer, véhiculé par l’humour Canal + notamment, et dont le flambeau a été repris par des émissions comme Quotidien. Ces dernières, passent leur temps à caricaturer les « franchouillards », ceux qui votent à droite, ceux qui aiment sincèrement leur pays, qui parlent avec l’accent de la campagne, les faisant passer pour des bouseux incultes, allant même jusqu’à installer un sentiment de honte chez ces Français, n’osant plus défendre leurs idées.
Eux, les grands progressistes dans l’âme, ne sont évidemment pas en reste pour épouser toutes les idéologies naissantes puisqu’ils suspendent des comptes n’ayant pas la même vision de la société qu’eux. Il suffit de voir le traitement médiatique, réservé à Donald Trump, qui est infiniment plus dur que celui de Joe Biden qui n’est pas le dernier pour se ridiculiser et sortir des énormités.
Voulant stériliser toutes pensées contraires à la doxa bien-pensante qu’ils tentent de nous imposer, les médias et courants progressistes nous plongent petit à petit dans une société Orwellienne dans laquelle réfléchir, débattre et contredire seront sanctionnés.
Le monde politique quant à lui n’est pas en reste. Pendant de nombreuses années, il suffisait à quelqu’un de taxer de « raciste », « xénophobe », « antisémite » son contradicteur pour lui faire perdre tous ses moyens et de prendre le dessus en débat.
Les hommes politiques, et les Français en général, ne voulant pas être conspués, attaqués, et stigmatisés, passaient 90 % du temps à se défendre au lieu d’en avoir cure et de parler des idées.
Ces pères la morale, faisaient la pluie et le beau temps sur le service public et sur tous les médias mainstream, décidaient de qui devait être invité, faisaient le tri entre ceux qu’ils considéraient être des intellectuels (tout le temps de gauche), ceux qui étaient juste des réactionnaires sans culture (de droite évidemment) et se gargarisaient de voir que leurs thèses prenaient le dessus sur toutes les autres.
Quand on a tous les médias acquis à sa cause et personne pour répondre parce qu’on refuse le débat, il est difficile d’arriver à un autre résultat.
Je peux cependant, et c’est tant mieux, tempérer mon propos par une bonne nouvelle : on constate une libération de la parole de droite. Contradictoire avec mon propos me direz-vous. Comment la liberté d’expression peut se libérer pour le camp tant conspué et en même temps être dévoyée ?
Tout simplement parce que cette dernière n’existe que grâce à des médias parallèles subventionnés non par l’argent public, mais par des donations de Français qui en ont marre de subir le discours dominant présent depuis de (trop) longues années.
De fait, si l’on constate une libération de la parole de droite, ce n’est pas grâce aux services publics, mais bien du fait de nouveaux médias qui éclosent petit à petit et surtout de personnalités qui n’ont cure des attaques menées à leurs égards à grands coups de « phobe ».
La force des nouveaux médias, « Front Populaire », « La Furia », « L’Étudiant libre, “Livre Noir”, “Valeurs actuelles” pour ne citer qu’eux, est qu’ils ont donné une voix à ceux qui, étouffés par la moraline ambiante, n’en avaient plus.
Ils ont réussi à amener une prise de conscience sur le fait que ces anathèmes, envoyés par le confort et la peur du débat, n’avaient plus aucune valeur et qu’il ne servait à rien de vouloir se défendre sur ces sujets, car comme dit le proverbe : “Audaciter calomniare semper aliquid haeret”, “Calomniez audacieusement, il en restera toujours quelque chose”.
Comme le disait Papacito, la gauche a trop longtemps pensé être un bon boxeur parce qu’elle boxait quelqu’un qui avait les pieds et les poings liés.
À partir du moment où cette frange de la droite à commencer à se donner un droit de réponse, la gauche a voulu la faire taire, et étant donné qu’il était impossible de le faire sur le terrain des idées (y’en a qu’ont essayé, ils ont eu des problèmes), le moyen le plus simple était la censure.
De fait, oui la liberté d’expression telle que nous la concevons, est en recul dans notre beau pays démocratique, oui les médias mainstream sont ceux qui font la pluie, le beau temps et qui décernent les médailles de respectabilité.
Ce sont eux, financés par vos impôts (évidemment sinon ce n’est pas drôle) qui vous dictent quoi penser, comment manger, qui voter à grand renfort de sondages et de subventions.
C’est d’ailleurs pour ça qu’il est important que, nous, les voix qui aimons le débat d’idée, la contradiction, l’esprit de la démocratie, nous soyons les prescripteurs de cette pensée et que l’on fasse entendre nos idées, quitte à déplaire et être (légèrement) ostracisés.
Des questions que l’on pensait inabordables ont été mises au cœur de la campagne par le biais de Youtubeurs et écrivains, tels que Julien Rochedy, Papacito, Laurent Obertone, Stéphane Edouard, Le Doc, mais également via les réseaux sociaux (quand les comptes ont le bonheur de ne pas être suspendus), à l’instar de Gonzo News notamment et également par les médias cités plus haut.
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Ce sujet n’a été éludé que par l’arrivée de la guerre en Ukraine et il est important que nous n’abandonnions pas tout ce qui a été fait en cours de route. Soutenons-les, financièrement ou en les partageant, lisons et constituons-nous une culture par laquelle nous pourrons contredire nos interlocuteurs au point qu’ils n’aient plus que “raciste”, “xénophobe” et “antisémite” comme seuls arguments.
Le plus terrible, pour reprendre une phrase de Michel Onfray, c’est que cette gauche ne fait plus d’histoire. Ils se contentent d’asséner des fascistes pour déstabiliser le contradicteur tant et si bien, que des termes comme ceux-ci avec une résonance forte et qu’on ne devrait pas employer à la légère sont devenus banalisés dans le débat public.
Je terminerais en citant, à ceux dont la censure est le seul mode d’expression, un texte qui nous vient de la Cour européenne des droits de l’Homme “La liberté d’expression […], vaut non seulement pour les informations ou les idées accueillies avec faveur, ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent l’État ou une fraction quelconque de la population. Ainsi le veulent le pluralisme, la tolérance et l’esprit d’ouverture sans lesquels il n’y a pas de société démocratique.”
Alors, Messieurs les censeurs, vous les pourvoyeurs de la bonne conscience, les tolérants, les esprits ouverts, les démocrates, ne soyez pas plus royalistes que le roi, et ouvrez-vous au débat, tel que le conçoit les droits de l’Homme, votre dieu.
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