L'Étudiant Libre

Le naufrage insoumis : le pain, les femmes et l’histoire

Après une semaine d'approximations historiques chez La France Insoumise, L'Étudiant Libre revient sur ces aberrations pour vous les décortiquer.

Un vent de naufrage politique souffle sur La France Insoumise. Après l’affaire Quatennens sur des violences conjugales, est venue Danièle Obono, députée de la République qui nous dit sur Twitter « mangez vos morts ». Les conséquences se font déjà sentir : dans un sondage, 51% des Français trouvent l’opposition des insoumis « trop radicale » à l’Assemblée, contre 34% pour les députés RN (Sondage Ipsos-Sopra Steria/ Le Monde, Cevipof et Fondation Jean-Jaurès). Vendredi dernier, le hashtag #SansMoiLe16Octobre était en tendance sur Twitter. 

Mais tout cela ne suffisait pas à Jean-Luc Mélenchon. Il en fallait plus. En se remémorant la « marche des femmes » à Versailles les 5 et 6 octobre 1789, il appelle les Français à « faire mieux » le 16 octobre, jour de la « Marche contre la vie chère », dont il est un des organisateurs. 

Un tweet qui a fait un tollé sur Twitter à sa parution. Les internautes, les élus et les membres du gouvernement y ont vu un appel à l’insurrection, au désordre social, voire même aux violences physiques. 

Face aux réactions suscitées par son tweet, l’insoumis et révolutionnaire Mélenchon a surenchéri, en affirmant que : « La marche des femmes de 1789 n’a coupé aucune tête ni guillotiné personne. 0 mort. La brutalisation de la vie sociale c’est la vie chère et l’inaction climatique. Marchons au coude à coude. » 

Sauf que c’est faux. Nous pourrions dire que cela s’inscrit dans la révolution qui a fait des milliers de morts, et que cela a donc participé à la décapitation de nombreuses personnes. Ou encore que la foule était armée et accompagnée de la garde royale, instaurant une pression sur le roi. Mais très concrètement, la marche des femmes a bel et bien fait des morts. Rentrons dans les détails de l’évènement.

Au soir du 5 octobre, le roi avait été convaincu par La Fayette et Maillard de soutenir les décisions prises en août par l’Assemblée ainsi que la DDHC. Une partie de la foule était alors rentrée à Paris. C’est le lendemain matin que des manifestants présents se sont introduits dans le palais. Ils étaient à la recherche de la reine. En effet celle-ci était vue comme une opposante aux réformes. Des scènes de combats ont alors eu lieu dans le château, et au moins deux gardes ont été tués par les manifestants. Comme souvent dans ces épisodes révolutionnaires, les manifestants ont brandi les têtes des défunts soldats au bout de piques, avant que les combats ne cessent. 

Oui la marche a fait des morts et coupé des têtes. Deux erreurs intellectuelles (volontaires ?) de la part de JL Mélenchon.

Dans un autre tweet, M. Mélenchon affirme aussi que « la marche des femmes en 1789 reste un modèle de lutte sociale des femmes », réitérant au passage l’affirmation fausse suivant laquelle elle n’a fait aucun mort. Intéressons-nous à ladite lutte des « femmes ». 

Bien qu’en effet à l’initiative de femmes, la marche était en réalité composée majoritairement d’hommes. C’est de femmes réclamant du pain qu’est partie la marche. Des radicaux ont ensuite voulu des armes, avant de se diriger vers Versailles, détournant le but originel de ce cortège. Les civils (dont des femmes, donc) étaient entre 6000 et 10000. Mais pour les protéger, le Marquis de Lafayette emmena avec lui environ 15000 soldats de la Garde Nationale ainsi que quelques milliers d’hommes. Les femmes étaient en grande minorité. 

La « Marche des femmes » est donc en réalité très détournée. Les hommes étaient majoritaires et ne réclamaient pas du pain mais le retour du roi, l’acceptation des mesures prises en août, ainsi que la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (DDHC). Deux nouvelles instrumentalisations de l’histoire par JL Mélenchon. 

Contrairement à ce qu’affirme Jean-Luc Mélenchon dans ses tweets : non, la marche des femmes n’a pas « coupé aucune tête », non, la marche des femmes n’a pas fait « 0 mort », non, la marche des femmes n’était pas « contre la vie chère », et non, la marche des femmes n’est pas « un modèle de lutte sociale des femmes ».

Nouvel épisode de révisionnisme historique pour le leader insoumis. Surprenant venant d’un woke ?

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Nota bene : Il n’y a pas que la marche des femmes qui ait coupé des têtes. Le 16 octobre, jour de la « Marche contre la vie chère » à laquelle JL Mélenchon appelle par des comparaisons plus que douteuses, c’est le jour où la reine Marie-Antoinette a été guillotinée, en 1793. Toujours le 16 octobre, nous commémorerons les deux ans de la mort de Samuel Paty, enseignant lâchement décapité par un islamiste. 

Un rassemblement est d’ailleurs organisé « contre l’offensive islamique à l’école » le samedi 15 octobre, à 14h square Samuel Paty, Paris 5e. 

Pierre Nolluy

Pierre Nolluy

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