L'Étudiant Libre

Nous te survivrons comme nous le faisons depuis des siècles. Car notre mot d’ordre est gravé dans le marbre : « N’abandonne jamais le principe du combat ».

Cher camarade ;

Toi et moi, de prime abord, ne sommes pas si différents. Tu es jeune, comme moi. Tu as hérité de la génération de tes parents une France qui te révolte et que tu ne reconnais pas comme la tienne. Comme moi, tu penses que le monde dans lequel tu vis est façonné par des hommes et des femmes d’action, par ceux qui s’emparent des sujets de société et qui sont prêts à agir pour faire bouger les choses. Tu es un révolutionnaire, comme moi : il te semble que les bases de cette société sont pourries, que l’Occident est une vieille masure prête à s’effondrer, et que, pour repartir sur des bases saines, il faudrait un grand coup de balai. Ordo ab chaos en quelque sorte.

Sache que je comprends ton sentiment de révolte. Je n’exècre rien de plus que cette immense majorité de la jeunesse qui se complaît dans l’ignorance volontaire drapée d’un faux cynisme méprisant. Qui se croit supérieure, au-delà de ces trivialités politiques, trop compliquées d’une part, inutiles de l’autre. Qui font réfléchir, donnent des migraines, occasionnent des disputes, amènent à la confrontation et au combat. Moi le « fasciste », je préfère largement m’enivrer de chansons anarchistes et révoltées, de Renaud à Saez en passant par Ferrat, plutôt que de ruminer les platitudes de la plupart des « artistes » contemporains. Les couplets qui font « Ma France : celle du vieil Hugo tonnant de son exil ; des enfants de cinq ans travaillant dans les mines ; celle qui construisit de ses mains vos usines : celle dont Monsieur Thiers a dit : qu’on la fusille ! » ou même « S’il faut lutter contre leurs lois, si c’est le peuple contre pouvoir ; oligarchie pour protéger tous les notables et les bourgeois ? Non, ne t’en fais pas mon pays, un jour seront pendus les rois ! » , je les ai tous saignés à blanc. Je ne fais d’ailleurs que perpétuer une vieille tradition française qui remonte à la solidarité anarcho-royaliste que les Camelots du Roy nouèrent dans les geôles de la IIIème république. Je pense comme toi que la Liberté est une lutte perpétuelle, qui s’acquiert et se conquiert sans implorer ni demander.

Mais la comparaison s’arrête ici.

Tu représentes sans même t’en rendre compte la phase terminale de ce système malade que tu prétends combattre et que tu aspires à renverser. Je ne reconnais ni ce pays ni cette civilisation car je sais qu’elle représente l’antithèse de ce que mes pères ont patiemment forgé pendant des siècles. Tu la méprises parce que tu estimes que les traces de son passé glorieux sont encore trop visibles dans l’espace public, et que malgré les « fantastique décembre » de la mairie de Besançon, chaque rue, chaque calvaire, chaque village, chaque nom de famille résonne du Nom Très-Saint de Jésus-Christ, des lys et des aigles, des Francs et des Gaulois, du vin et du pain. Tu ne peux que constater que la société « va mieux » aujourd’hui qu’elle n’allait hier, faisant de toi un progressiste, comme l’immense majorité de la ploutocratie politique franco-européenne. Tu trouves simplement que l’entreprise de destruction de la famille, de la morale, de la religion, de notre art, de notre race ne va pas assez vite. Qu’il y a encore trop de Blancs, trop de croix, trop de virilité. Tu n’es qu’un accélérateur de la décadence, un parangon du déclin de cette civilisation. À l’image des Enragés et des Hébert de la Révolution française, tu n’es finalement qu’un suppôt un peu trop zélé du renversement des valeurs. Le courage en moins et Instagram en plus.

Ton objectif ultime rejoint celui des deux grandes révolutions modernes, française et russe. Tu rêves d’un Homme nouveau, d’un ordre nouveau, d’une ère nouvelle. Tu adhères, sans la connaître, à la thèse de la régénération, chère à Robespierre : l’idée de faire tabula rasa, comme dans le couplet de l’Internationale, du passé, et de donner un nouveau départ à l’Humanité. « Deux conditions sont nécessaires pour mettre sur pied une République. L’une, facile : lui donner une Constitution républicaine. L’autre, difficile : lui donner un peuple de républicains » est une phrase qui prend tout son sens avec toi ; car au fond, ce peuple qui refuse de se « cancel », qui rejette l’écriture inclusive et qui se souhaite « Joyeux Noël », c’est le même qui a esclavagé Afrique et Amériques. Et s’il refuse le progrès, il faudra bien le lui faire rentrer dans la gorge, pour son bien, comme un vaccin anti-haine. Tu critiques l’idée du Grand Remplacement quand toi-même, tu milites pour un effacement des références et de l’Histoire classiques, de tout ce qui relie ce peuple à son Histoire. Tu n’es même pas original dans ton délire psychédélique : les bolcheviks s’étaient déjà appliqués à effacer le nom de Russie de l’acronyme sinistre d’URSS. Les révolutionnaires français avaient tenté de remplacer jusque le nom des mois et des jours de la semaine. Les exemples sont innombrables.

Nous te survivrons comme nous le faisons depuis des siècles. Car notre mot d’ordre est gravé dans le marbre : « Sois radical, aie des principes, sois absolu, sois ce que les bourgeois appellent un extrémiste, donne-toi sans compter ni calculer, n’accepte pas ce que l’on appelle la réalité de la vie et fais en sorte de ne pas être accepté par cette vie. N’abandonne jamais le principe du combat ».

Wladimir de Chikovani

Tu n’es ni plus ni moins qu’un ringard, camarade. Car, à la différence de tes aînés qui, tous monstrueux et sanguinaires qu’ils étaient, avaient l’honneur de se battre, de s’instruire, de s’astreindre à une discipline de vie stricte exaltée par les vertus martiales de courage, d’engagement physique, d’ascétisme et de profond désintérêt, tu n’es bien souvent qu’un bourgeois hautain et prétentieux, incapable de défendre physiquement ni tes idées, ni tes proches. Ton mépris souverain du Beau, de l’art classique, du culte du corps, de l’élégance et de la pudeur helléno-chrétienne rivalisent avec ton inculture crasse qui éclate systématiquement quand, acculé, tu es obligé de débattre, situation que tu préfères éviter en répétant machinalement les mots-totems de « racisme », « fascisme », « misogynie », « privilège », « systémique », « patriarcal » et « agression ». Tu dis aimer la liberté, mais en réalité celle des autres commence à la frontière de ta petite sensibilité étriquée. Et comme on disait il y a un peu plus de deux siècles à Paris, où tes semblables pullulent aujourd’hui, « pas de liberté pour les ennemis de la Liberté ».

Ta révolte vis-à-vis du monde moderne s’arrête à ton confort personnel et tes peurs. OK pour la protection des œufs des espèces protégées, mais droit inaliénable à tuer des enfants humains dans le corps des mères. OK pour la sauvegarde des libertés individuelles et le droit à disposer de son corps, mais pas de pitié pour les réfractaires à l’injonction vaccinale qui mettent ta santé en danger (au moins cela te fait un point commun avec les retraités du 16ème et les patrons des firmes transnationales). OK pour combattre la Finance triomphante et les flux de capitaux, mais uniquement si le dernier iPhone sort à l’heure et que personne n’empêche les travailleurs immigrés de venir trouver un travail d’esclave pour te servir des frites au McDonald’s et faire pression à la baisse sur les salaires des ouvriers français. OK pour défendre les femmes qui subissent viols et agressions dans nos villes, sous réserve que l’agresseur ne soit ni Noir, ni Musulman, autrement on fait « le jeu du Front National ». OK pour combattre Catholiques, Orthodoxes et Baptistes homophobes et patriarcaux, mais surtout pas un mot sur Musulmans fraîchement français n’ayant « encore pas les codes » ou Juifs « ayant beaucoup souffert ».

Bref.

Nous ne serons jamais amis, camarade. Déjà parce qu’à ma différence, tu ne supportes pas la contradiction des gens qui pensent différemment, car cela te « micro-agresse ». Parce qu’essentiellement, tu es un matérialiste, tout comme les patrons capitalistes que tu conspues et les marxistes que tu portes aux nues sans savoir que Staline détestait Juifs et homosexuels et que Che Guevara était homophobe et raciste, quand je crois en l’immortalité de l’âme et en la permanence du sang et de l’esprit. « Étudiant en que dalle, tu glandes dans les facultés, t’as jamais lu Le Capital, mais y’a longtemps qu’t’as pigé qu’il faut jamais travailler et jamais marcher au pas » te crachait déjà Renaud, Parce que tu es un individualiste, centré sur toi-même, qui compte faire ployer tout être vivant devant tes désirs. Je crois en la communauté, au groupe, au clan, au village, à la famille, à la Patrie, à l’Europe, pas celle de Bruxelles ni de Genève, celle de Lépante et de Vienne. Parce que tu es un destructeur et un totalitaire, quand je suis un conservateur et un libre penseur. Parce que tu es le crétin utile du libéralisme mondialisé qui t’idolâtre, et que tu es la vision d’horreur que rejettent les jeunes Français qui se convertissent à l’Islam pour retrouver un code de morale et de valeurs dont tu l’as privé. Et surtout et enfin parce que je suis un combattant révolté, quand tu es une éternelle victime au pouvoir.

Tu ne nous « cancelleras » jamais, camarade. Ton combat est sans fin en plus d’être sans espoir. Tu ne peux tenir la distance, car tu n’es même pas capable de te battre en-dehors des plateaux et des universités. Nous avons vu passer les persécutions romaines, musulmanes, révolutionnaires, laïcardes, communistes, et désormais libérales. Nous te survivrons comme nous le faisons depuis des siècles. Car notre mot d’ordre est gravé dans le marbre : « Sois radical, aie des principes, sois absolu, sois ce que les bourgeois appellent un extrémiste, donne-toi sans compter ni calculer, n’accepte pas ce que l’on appelle la réalité de la vie et fais en sorte de ne pas être accepté par cette vie. N’abandonne jamais le principe du combat ».

« Notre Patrie à nous, c’est nos villages, nos autels, nos tombeaux, tout ce que nos pères ont aimé avant nous[…] Mais leur Patrie à eux, qu’est-ce que c’est ? Vous le comprenez, vous ? Ils veulent détruire les coutumes, l’ordre, la tradition. Alors, qu’est-ce que cette Patrie narguante du passé, sans fidélité, sans amour ? Cette Patrie de billebaude et d’irréligion ? Beau discours, n’est-ce pas ? […] Il est vieux comme le diable, le monde qu’ils disent nouveau et qu’ils veulent fonder dans l’absence de Dieu… On nous dit que nous sommes les suppôts des vieilles superstitions ; faut rire ! Mais en face de ces démons qui renaissent de siècle en siècle, sommes une jeunesse, Messieurs ! Sommes la jeunesse de Dieu. La jeunesse de la fidélité ! Et cette jeunesse veut préserver pour elle et pour ses fils, la créance humaine, la liberté de l’homme intérieur »…

François Athanase Charette de la Contrie

Wladimir Chikovani

Wladimir Chikovani

Lettre ouverte à un militant woke
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