L'Étudiant Libre

Gaullisme ? Centrisme ? Il faut choisir !

Gaëtan est étudiant en Affaires publiques à Sciences Po Paris. Militant Les Républicains, il a voté pour Valérie Pécresse. Face à un échec cinglant, il appelle le parti à s'assumer davantage.

Convictions et déception

Si très jeune je suis tombé amoureux de la France gaullienne, ma déception fut grande ce dimanche soir à l’annonce des résultats du 1er tour. 4,8%. L’hécatombe. Le cœur serré, je dois dire en toute honnêteté que je m’attendais à une défaite, mais pas à un tel score. Très vite, un seul mot en tête : « pourquoi ». Pourquoi tant de haine alors que nos idées n’ont jamais été autant plébiscitées – et notre réussite dans les territoires le prouve – ? Notre parti va-t-il disparaitre ? Ce score scande-t-il la fin de la droite gaulliste ? Au fond, notre projet était-il vraiment gaulliste ?

Gaullisme ou centrisme : il faut choisir !

Si nous ne pouvons négliger le vote utile en faveur d’E. Macron, je ne me résous pas à justifier ainsi un tel échec. Le manque d’incarnation de Valérie Pécresse – bien que très courageuse et je salue sa ténacité – ainsi qu’un projet ambigu sont en majorité responsables. À l’issue de ce scrutin, une chose est sûre : je ne crois plus en cette droite qui joue à la fois dans la cour des centristes et des gaullistes. Stop au en même temps ! Ça ne fonctionne plus. Et pour preuve, LR en a fait les frais ! Douteux, les plus libéraux se sont assumés et ont choisi E. Macron alors que d’autres, troublés sur les questions identitaires, ont décidé de placer le populisme au plus haut de son histoire.

Toutefois, je suis convaincu que le parti que j’aime a su tirer tous les enseignements de cette défaite. J’ai confiance en ses responsables et je les appelle à revenir à la source et de s’assumer sans langue de bois. D’assumer sans compromis notre identité transmise par De Gaulle, celui qui disait : « il n’y a de réussite qu’à partir de la vérité ». Oui, tombons les masques, revenons à une droite patriote, souveraine et profondément sociale. C’est cette droite qui sera vainqueure car c’est cette droite que les Français désirent.

Rassemblons-nous !

Je ne peux m’empêcher d’évoquer la droite sociale sans penser à L. Wauquiez. C’est d’ailleurs le nom – « la droite sociale » – qu’il a donné à son mouvement. Cette droite régalienne qui ne peut se passer de la justice sociale en s’intéressant – enfin – aux Français issus de classes moyennes et de la ruralité. Ces gens qui travaillent dur, ceux qui ne sont pas assez pauvres pour compter sur les aides sociales et pas assez riches pour jouir des avantages des plus favorisés. Ce sont d’ailleurs ces mêmes Français, – ceux qui dans nos campagnes subissent la désindustrialisation et le délitement des services publics – qui ont été frappés de plein fouet par la taxe sur les carburants. Originaire d’un territoire rural de l’Isère – où m’a famille s’est installée et a travaillé dès son arrivée en France – je connais bien ces sujets. Avec L. Wauquiez – qui œuvre de toutes ses forces pour les territoires oubliés – j ’ai compris que tout était possible. Il a joué un rôle prépondérant dans mon engagement et mon intérêt pour les affaires publiques. Sans trop y croire, c’est sur ses pas que j’ai tenté ma chance à l’IEP de Paris. Lors de mon oral d’admission j’ai souligné à quel point sa vision de la politique était un modèle.

Avec L. Wauquiez - qui oeuvre de toutes ses forces pour les territoires oubliés - j'ai compris que tout était possible.

Gaëtan Santos

Aussi, je suis convaincu que c’est derrière lui que le rassemblement de la droite doit se faire. Nous devons nous rassembler autour de cet homme d’engagement et de ses amis tels que J. Aubert. Le gaullisme n’est pas mort. Au contraire, il a de très beaux jours devant lui.

Le second tour : que faire ?

Si Les Républicains ne sont pas condamnés à mort, l’appel du 2nd tour nous oblige à regarder la réalité en face. Après la déception, nous voilà confrontés à un choix très embarrassant. Oui, j’estime qu’il est tout aussi embarrassant de choisir celui qui a démontré sa dévotion pour l’ultralibéralisme, l’europhilie sans limite et la verticalité du pouvoir, ou celle qui serait la fossoyeuse de la paix sociale. Toutefois, une part de ma décision est prise : je ne voterai pas pour le président sortant. Reste à savoir si je vote « blanc ». Je reconnais qu’il serait incongru de voter le camp nationaliste. De Gaulle disait « Le patriotisme c’est aimer son pays. Le nationalisme, c’est détester celui des autres ». Éloquent.

Cependant, je n’oublie pas ces Français qui nous pleuraient dans les bras car leurs déplacements en voiture pour aller travailler les empêchaient de boucler leurs fins de mois. Cette mère célibataire, au SMIC, en colère de voir sa voisine, étrangère, avec cinq enfants, se permettre de ne pas travailler. Mon amie, agressée en pleine rue par un détenu auquel on avait décidé d’aménager la peine. Cet homme, en 2017 à Lyon, contre qui aurait du être prononcée une obligation de quitter le territoire – ce qui n’a pas été fait faute de place en centre administratif – et qui 48h après tuait deux jeunes filles à la gare Saint-Charles de Marseille. Je connaissais le père de l’une d’elles.

C’est parce que je compatis que mon choix n’est pas encore fait. Dans tous les cas, je n’ai aucune leçon à recevoir. Je n’oublierai jamais d’où je viens : d’une famille étrangère qui s’est assimilée. Oui, « assimiler » : peut-être l’un des plus beaux termes de notre Code Civil.  Un terme qui aura permis à mes parents – de grands-parents immigrés et analphabètes – de devenir cadres d’entreprise en deux générations seulement.

Les Républicains ont encore un rôle à jouer, et pas des moindres !

Si les extrêmes ont performé, la France a plus que jamais besoin de la droite républicaine. C’est pourquoi il faut se reconstruire. Notre pays aura besoin de cet équilibre libéral-conservateur face à l’ultra-mondialisme d’E. Macron ou de ce rempart républicain face aux dérives de M. Le Pen. Il est urgent que nous dotions l’Assemblée nationale d’élus gaullistes à la croisée des chemins entre les deux candidats. Je le dis à tous ceux qui comme moi sont préoccupés par l’horizon d’un avenir incertain : plus que jamais notre Parlement n’aura besoin de députés républicains que sous la prochaine législature. Seule une opposition de droite permettra d’éviter l’insurrection au profit du pragmatisme. Une droite coopérante pour autant sociale, gaulliste et digne !

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Gaëtan Santos

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