L'Étudiant Libre

Alors qu’elle s’était engagée à en préserver l’indépendance politique jusqu’en 2033, la Chine étend son influence à Hongkong. Depuis les manifestations spectaculaires de 2019, la classe politique s’est considérablement soumise à Pékin. Les médias sont fermés, les opposants arrêtés et rares sont ceux qui parviennent à s’exiler.
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En décembre et en janvier dernier, ce ne sont pas moins de trois journaux relativement démocratiques qui furent fermés. On est bien loin du sursaut politique des manifestations des parapluies jaunes de 2014, ou celles de 2019. À l’époque, la jeunesse hongkongaise s’était armée pour manifester contre l’instauration d’une loi qui devait permettre l’extradition de prisonniers politiques vers la Chine. Les images impressionnantes des violences témoignaient de leur détermination, alors qu’au même moment Xi Jinping avançait ses chars à la frontières. Depuis, la loi est passée et les élections se déroulent sur scrutins officiels de Pékin. C’est-à-dire que seuls les « patriotes » peuvent être élus et siéger. De plus, seuls 20 députés sont élus au scrutin universel direct, les 70 autres sont désignés par des comités fidèles au pouvoir chinois. Le 3 janvier 2022, la nouvelle assemblée a prêté allégeance. Seulement un député sur 90 (Tik Chi-Yuen) n’est pas soumis idéologiquement à la deuxième Puissance mondiale sans pour autant être un grand militant de la démocratie. Les médias se ferment donc, et les militants se voient condamnés. L’acte de manifester contre l’État chinois devient un crime et l’opposition politique ne se fait qu’en prison. Tout cela, et plus spécifiquement la dernière fermeture de journal en date, est validé par la pseudo-assemblée qui a avalisé toutes ces actions par la signature d’une lettre publique. Seul Tik Chi-Yuen s’est abstenu de la signer.

Dans la même logique, un ensemble de statues sont déboulonnées au sein des universités. Elles commémoraient Tiananmen ou tout simplement célébraient les idées de libertés ou encore l’indépendance de la cité-État. À l’instar de la cancel culture occidentale, une censure intellectuelle et politique s’installe, exigeant la mise au pas de l’espace public qui doit se conformer à l’histoire officielle de la Chine. Toute trace de la démocratie y est progressivement effacée.

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À l’instar de la cancel culture occidentale, une censure intellectuelle et politique s’installe exigeant la mise au pas de l’espace public qui doit se conformer à l’histoire officielle de la Chine.Toute trace de la démocratie y est progressivement effacée.

Thomas Custer

D’un point de vue international, Hong Kong se laisse enfermer. Les citoyens de 153 pays, dont la France et les États-Unis, ne peuvent ni transiter ni débarquer dans la cité-État. La mesure a été prise à la demande du nouveau maître chinois. Seuls les ressortissants des pays amis de Pékin peuvent se rendre à Hong Kong. Cette mesure prend place au sein d’une politique d’isolation de la ville afin de couper les soutiens politiques étrangers. Après l’impossibilité de critiquer le régime, voilà l’impossibilité de voyager : l’autoritarisme voisin s’impose au sein de l’État qui renonce petit à petit à sa liberté.

Hong Kong, c’était le « un pays, deux systèmes ». L’État chinois voulait, par cette intégration, montrer sa capacité à fusionner deux populations. Il voulait l’utiliser comme démonstration pour annexer Taïwan (dernière subsistance de la Chine de Tchang Kaï-chek). Mais les violences, la corruption évidente, la censure faite au nez et à la barbe du monde entier soulignent l’échec complet de la Chine. Par ailleurs, Taïwan s’arme et se prépare à une guerre avec le géant voisin. Le pays craint le déclenchement d’un nouveau conflit dont l’ampleur serait mondiale, Washington s’étant porté garant de l’indépendance de l’île. Enfin, Hong Kong est la première place boursière du pays, c’est la
première localisation de sièges sociaux d’entreprises en Chine. Le risque économique encouru est donc important. Cependant, l’Occident ne semble pas vouloir se mettre à dos le géant chinois. Les condamnations politiques restent rares, et les entreprises mettent de côté la morale et songent au profit avant tout.

La démocratie hongkongaise semble s’achever un peu précocement dans l’indifférence générale. La Chine s’impose un peu plus, étend son influence, et conquiert de nouveaux territoires. Le gain de puissance de cette dernière devrait pourtant inquiéter les États-Unis. La Chine, se rêvant en première Puissance mondiale, reprend la main sur la région et menace les derniers régimes asiatiques indépendants.

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Thomas Custer

Thomas Custer

L’impasse de la démocratie à Hong Kong
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