Le SNU, nouveau « service militaire » : encore un échec ?

« Nous savons tous ici que le SNU est un échec » affirmait un sénateur du Parti Socialiste, M. Jacques-Bernard Magner. Le Service National Universel, mis en place en 2019 pour éduquer les jeunes à la citoyenneté, se dévoile enfin comme étant un monumental loupé.

Le Service national universel, mis en place en 2019 par le Premier ministre Édouard Philippe, est un programme ayant pour but de former les adolescents au civisme, à la citoyenneté et aux valeurs de la République. Le président Emmanuel Macron y voit comme la descendance du service militaire  qu’il souhaite généraliser et rendre obligatoire, afin de « renforcer le lien armée-nation ».

Destiné aux adolescents de 15 à 17 ans, le SNU se présente sous la forme d’un séjour de cohésion de deux semaines en internat, où à peine une centaine de jeunes français s’y retrouvent. Il est suivi par un engagement obligatoire de quatre-vingt-quatre heures minimum dans une mission d’intérêt général. Enfin, sous base du volontariat, les jeunes peuvent s’impliquer davantage dans le civisme en devenant réserviste, sapeur-pompier volontaire, etc. d’une durée de trois mois à un an.

Lever des couleurs et rites républicains, activités sportives et de cohésion, l’objectif est d’éduquer ces jeunes citoyens aux valeurs de la République et à l’engagement civil  par un enseignement moral et civique renforcé (Développement durable, citoyenneté, institutions, droits…), tout cela dans une ambiance de colonie de vacances. 

Le descendant du service militaire obligatoire ? 

Malgré les contestations sociales de la part des socialistes et des pacifiques antimilitaristes qui y voient un « embrigadement et militarisation de la jeunesse » et un retour du service militaire obligatoire, il semblerait que le SNU n’a rien de semblable au service militaire obligatoire, suspendu en 1996. 

C’est la loi Jourdan-Debrel en 1798 qui institue la « conscription universelle et obligatoire», le début du service militaire obligatoire, d’une durée de cinq ans pour tous les hommes français entre 20 et 25 ans. Il s’agit d’une initiative moderne car, lors de l’Ancien Régime, l’armée était surtout et souvent constituée d’armées professionnelles ou de mercenaires. En 1970, le service national s’ouvre aux femmes sur base du volontariat et ne dure qu’un an.

En 1996, le président de la République française Jacques Chirac souhaite professionnaliser les armées en supprimant la conscription obligatoire, c’est pourquoi le service national militaire obligatoire est suspendu l’année suivante. 

Le SNU, plus une colonie républicaine qu’un vrai service militaire 

Tout d’abord, le service militaire avait un but bien différent du SNU : il s’agissait de préparer les hommes à défendre la nation par les armes, non pas d’éduquer de jeunes adolescents aux valeurs républicaines. 

La formation purement militaire durait un an et ressemblait à la réserve d’aujourd’hui :  les jeunes adultes sortis de leur zone de confort par de rudes exercices physiques qui leur permettent de se dépasser et de se préparer à la guerre, etc. 

Le SNU concerne une tranche d’âge beaucoup plus jeune et dans un temps beaucoup plus court, dont les activités sportives ressemblent plus à de la cohésion et à des jeux qu’à la formation d’une armée. On y tente de montrer à travers les valeurs de la République l’amour du pays et le sens de l’engagement civique, mais sans peu de succès. 

Le SNU, un pur échec 

« Il est évident que les jeunes n’adhèrent pas à ce projet, imaginé, promu et soutenu par le Président de la République » affirme Jacques-Bernard Magner, membre du PS. Certes, il semblerait que le SNU n’intéresse pas la jeunesse et ne lui fasse pas d’effet : en 2020, il y a eu seulement 2 000 volontaires au lieu de 30 000 prévus. En 2021, l’objectif n’a pas non plus été atteint :  18 000 volontaires au lieu de 25 000. Sans oublier que plus d’un tiers des participants ont un parent militaire. 

En réalité, ce genre d’initiative éducative de la part de l’État n’est autre qu’une volonté de pallier la chute d’éducation. Certes, la jeunesse est  en majorité en déficit d’éducation tout d’abord dans le domaine privé, notamment dû à l’immigration où l’éducation est particulièrement différente du fait de la culture. Cela explique pourquoi la République tente de remédier à cette crise éducative familiale grâce à l’école qui désormais n’est plus seulement instructive. 

L’éducation nationale va ainsi se charger de transmettre les valeurs et idéologies républicaines à travers l’enseignement. Mais la réalité est que le niveau scolaire baisse, le civisme et le patriotisme sont en chute libre, l’individualisme s’est renforcé au détriment du communautarisme, et la jeunesse ne voit donc pas d’intérêt à s’engager pour le pays. Les valeurs de la République ne font plus d’effet.

Le SNU, une simple colonie imprégnée d’idéologies républicaines

Nous savons bien de par l’expérience que les colonies ne permettent pas de construire des mixités et de la réelle cohésion durable.  Ce n’est pas en rabâchant des jeunes adolescents aux idéologies républicaines comme la démocratie, l’écologie et la multiculturalisme avec des activités sportives et des jeux pendant deux semaines que la cohésion de la nation sera renforcée…

Bien que cela permette des rencontres et une expérience propre aux colonies, cela ne peut être profitable sans une réelle continuité. Par exemple, le scoutisme a vraiment cette vocation à ancrer des valeurs continuelles parce qu’il engage les jeunes par des activités et actions régulières, sans oublier la prononciation d’une promesse dans un cadre sacré qui engage toute une vie et qui a pour finalité de s’appliquer à la fois dans la famille et dans la société. 

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Ainsi le  SNU, programme républicain d’Emmanuel Macron, semble refléter sa popularité actuelle : il ne fait pas d’effet et est même contesté. Soi-disant le descendant du service militaire, il ressemble davantage à une colonie qu’une préparation à l’engagement pour le pays. 

 

L. Delayance

L. Delayance

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