Le mot de la Rédaction : Les deux France

Y a-t-il une France d’en bas, et une autre d’en haut ? La question est complexe, et la réponse n’est en rien fermée, comme l’y invite la question. Mais qu’il existe plusieurs France cohabitant, oui, cela est sûr, et l’opposition à la réforme des retraites en est une nouvelle preuve.
Lé révolution de 1848 par Horace Vernet - Wikimedia Commons

Les images sont impressionnantes tant elles sont représentatives du climat social français. Lors de la quatrième journée de manifestation contre la réforme des retraites, nos journalistes ont filmé une scène des plus atypiques : une jeune femme/homme trans, manifestant seins nus (oui, vous ne rêvez pas), crachant sur un autre manifestant venu toucher cette gorge déployée au grand jour… On se croirait dans du Houellebecq.

C’est qu’il y a deux France engagées – deux nations que tout oppose, mais que Macron, en bon magicien qu’il est, a su réconcilier le temps d’une manifestation.

D’un côté celle des « prolo », des « pauv’ types », presque des « sans dents ». Première victime de l’inflation et première stigmatisée par un monde médiatique qui lui paraît être un entre-soi vicieux de journalistes et politiques déconnectés de la France réelle. Oui, de cette France des périphéries, dont ils se réclament.

De l’autre, celle des luttes intersectionnelles, héritées d’une French Theory murie aux Etats-Unis, et des combats pour le genre. Plus préoccupées par la couleur des pansements et la représentation des minorités, que par les factures de fin de mois.

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Oui, deux France, le concret et le rêve, que le miracle de la politique rassemble en une seule – le temps d’une grogne. Un peu comme dans les révolutions bourgeoises du XIX siècle, où les idéalistes bourgeois socialisants épaulaient les ouvriers et artisans, avant de leur confisquer les fruits de ce soulèvement. A la manière de Frédérique et Dussardier, dans L’Éducation sentimentale de Flaubert. Sauf qu’ici, à l’opposée du second, symbole de la beauté d’un peuple qui en colère mourant au feu, ce que cette « France d’en bas » avait sous les mains, ce samedi 11 février, ce n’était en rien des armes, mais bien le sein en plastique d’un trans ayant achevé sa transition de genre…

 

Aurélien Charvet

Aurélien Charvet

Responsable du site internet de L'Étudiant Libre, étudiant en grande école
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