Le mauvais procès fait au sacré : la messe tridentine

L'Étudiant libre vous propose aujourd'hui un regard croisé sur la foi chrétienne. Premier volet : la messe tridentine.

A l’occasion de Pâque 2023, la journaliste de BFMTV Céline Hussoya-Alaya alerte les Français sur un danger qui gronde : les « catholiques traditionnalistes ». L’article s’attèle d’abord à montrer ce qu’est le « traditionalisme » catholique, puis nous présente quelques réactions d’hommes d’Eglise devant un constat presque effroyable : « les traditionnalistes gagnent du terrain ». J’aimerais ici rétablir la vérité sur la messe tridentine, puisque c’est d’elle dont il est question. 

Messe ordinaire et extraordinaire

L’article de BFM caractérise la messe tridentine par : « davantage de textes et de prières en latin, d’encens, d’aspersions et d’agenouillements ; communion dans la bouche ; prêtres revêtus des vêtements liturgiques d’avant la réforme… ».

Dans cette introduction, la journaliste oublie de préciser que la messe est célébrée Ad Orientem, c’est-à-dire « vers l’Orient ». Cette tradition déjà présente dans l’Ancien Testament nous est expliquée par Saint-Thomas d’Aquin lui-même :

« C’est pour des raisons de convenance que nous adorons tournés vers l’orient. C’est d’abord à cause de la majesté divine que symbolise l’orient, où le mouvement du ciel prend son origine. Ensuite c’est là qu’était établi le paradis terrestre selon le texte des Septante (Gn 2, 8) : nous semblons ainsi vouloir y retourner. C’est enfin à cause du Christ lumière du monde qui porte le nom d’Orient (Za 6, 12) et qui “ est monté au-dessus de tous les cieux à l’Orient ” (Ps 78, 34) d’où l’on attend sa venue suprême, selon saint Matthieu (24, 27) : “ Comme l’éclair part de l’orient et brille jusqu’à l’occident, ainsi sera l’avènement du Fils de l’Homme »

Cependant, pour des raisons pratiques et techniques certaines Eglises ont pu être orientées autrement. Pour autant, le rite tridentin se célèbre face à la croix, à l’autel, tourné vers le Seigneur puisque c’est son sacrifice que l’on répète, lui que l’on honore et à lui que sont destinées nos prières. Avec une mauvaise foi implacable, ses détracteurs vous diront que le prêtre lui, tourne le dos à l’assemblée. C’est là sûrement une différence philosophique et spirituelle de fond entre messe ordinaire et extraordinaire. La messe ordinaire, où le sacré est moindre, met en avant les fidèles par les lectures et l’orientation du prêtre. La messe extraordinaire, met en avant le Seigneur et exige une certaine solennité pour répéter son sacrifice, le sens même de la messe. 

La langue latine est évidemment fondamentale et nous y reviendrons plus tard, avec le pape Jean XXIII. Une autre différence primordiale est celle de la place donnée à la prière, au silence et au recueillement. Le rite tridentin met aussi en avant le beau, notamment par le chant grégorien, mais aussi les vêtements liturgiques qui ne sont pas choisis pour leur antériorité au Concile, ni par nostalgie, mais pour leur beauté sans pareille. La messe traditionelle nous invite aussi à l’agenouillement, de moins en moins répandu au sein des messes modernes. Pourtant, Saint Benoit XVI nous disait dans son exhortation apostolique Sacramentum Caritatis en 2007 : « … Je pense, d’une manière générale, à l’importance des gestes et des postures, comme le fait de s’agenouiller pendant les moments centraux de la prière eucharistique ».

Enfin, la communion « dans la bouche », ou plutôt sur les lèvres, permet d’éviter tout risque de profanation et de perte de foi en la présence réelle, c’est une véritable marque de respect envers notre Seigneur. A un journaliste qui lui demandait « Mère Térésa, quel est le plus grand malheur du monde actuel ? » Sainte Teresa de Calcutta répondit : « Ce n’est pas la misère ou la famine, dont sont victimes tant de pauvres, ce ne sont pas les guerres, et les catastrophes de toutes sortes, c’est la Communion dans la main qui est ce manque de respect, vis à vis de la personne de Jésus-Christ ».

En résumé, on reconnait concrètement une messe tridentine à une autre car elle est Ad Orientem, en latin, avec des chants grégoriens, des vêtements liturgiques d’une beauté sans pareille, elle invite à l’agenouillement, au silence, et à la communion sur les lèvres.

La question de l’unité de l’Eglise

Pour certains, ce rite tridentin, attaché au sacré, n’est pas en adéquation avec le Concile Vatican II. La messe extraordinaire mettrait donc en péril l’unité de l’Eglise, c’est une question primordiale car les détracteurs du rite tridentin ont raison : l’unité de l’Eglise n’est pas une doctrine ou un principe secondaire, elle est un élément fondamental. Or qu’en est-il vraiment ? La messe tridentine est-elle interdite par le Concile Vatican II ?

Le Concile Vatican II comme arme juridique

L’argument le plus utilisé pour s’opposer à la messe tridentine est celui de son incompatibilité avec le Concile Vatican II. C’est là une première erreur, et non sans mauvaise foi.

Essayons d’abord de nous remettre dans l’esprit du Concile Vatican II, terminé sous le pontificat de Paul VI, et entamé par Jean XXIII qui, la veille du Concile Vatican dans sa Constitution apostolique Veterum sapientia nous parle de l’usage du latin en citant Pie XI :

 « En effet, l’Église qui groupe en son sein toutes les nations, qui est destinée à vivre jusqu’à la consommation des siècles… a besoin de par sa nature même d’une langue universelle, définitivement fixée, qui ne soit pas une langue vulgaire. »

Il souligne aussi la précision liturgique et l’intemporalité de cette langue :

«  Le latin, qu’on peut à bon droit qualifier de langue catholique parce que consacrée par l’usage ininterrompu qu’en a fait la chaire apostolique, mère et éducatrice de toutes les Églises, doit être considéré comme un trésor… d’un prix inestimable, et comme une porte qui permet à tous d’accéder directement aux vérités chrétiennes transmises depuis les temps anciens et aux documents de l’enseignement de l’Église ; il est enfin un lien précieux qui relie excellemment l’Église d’aujourd’hui avec celle d’hier et avec celle de demain. »

« La langue de l’Église doit non seulement être universelle, mais immuable. Si en effet les vérités de l’Église catholique étaient confiées à certaines ou à plusieurs des langues modernes changeantes dont aucune ne fait davantage autorité que les autres, il résulterait certainement d’une telle variété que le sens de ces vérités ne serait ni suffisamment clair ni suffisamment précis pour tout le monde : et de plus, aucune langue ne pourrait servir de règle commune et stable pour juger du sens des autres. »

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Un Concile dévoyé

C’est un non-sens de considérer le Concile Vatican II comme un arrêté du magistère interdisant la messe tridentine. Ce qui explique notamment pourquoi Monseigneur Lefebvre, qui rompra avec l’Eglise en 1988, a voté ce Concile qui ne s’oppose en rien à la messe Tridentine. Si l’exercice peut paraitre barbant, il est essentiel de se tourner vers les textes eux-mêmes. Voici divers articles du Concile :

« 36. La langue liturgique

1. L’usage de la langue latine, sauf droit particulier, sera conservé dans les rites latins

2. Toutefois, soit dans la messe, soit dans l’administration des sacrements, soit dans les autres parties de la liturgie, l’emploi de la langue du pays peut être souvent très utile pour le peuple ; on pourra donc lui accorder une plus large place, surtout dans les lectures et les monitions, dans un certain nombre de prières et de chants, conformément aux normes qui sont établies sur cette matière dans les chapitres suivants, pour chaque cas.

3. Ces normes étant observées, il revient à l’autorité ecclésiastique qui a compétence sur le territoire, mentionnée à l’article 22 (même, le cas échéant, après avoir délibéré avec les évêques des régions limitrophes de même langue), de statuer si on emploie la langue du pays et de quelle façon, en faisant agréer, c’est-à-dire ratifier, ses actes par le Siège apostolique.

4. La traduction du texte latin dans la langue du pays, à employer dans la liturgie, doit être approuvée par l’autorité ecclésiastique ayant compétence sur le territoire, dont il est question ci-dessus. »

« 54. Latin et langue du pays à la messe

On pourra donner la place qui convient à la langue du pays dans les messes célébrées avec le concours du peuple, surtout pour les lectures et la « prière commune », et, selon les conditions locales, aussi dans les parties qui reviennent au peuple, conformément à l’article 36 de la présente Constitution.

On veillera cependant à ce que les fidèles puissent dire ou chanter ensemble, en langue latine, aussi les parties de l’ordinaire de la messe qui leur reviennent.

Mais si quelque part un emploi plus large de la langue du pays dans la messe semble opportun, on observera ce qui est prescrit à l’article 40 de la présente Constitution. »

« 40. Mais, comme en différents lieux et en différentes circonstances, il est urgent d’adapter plus profondément la liturgie, ce qui augmente la difficulté :

1. L’autorité ecclésiastique ayant compétence sur le territoire, mentionnée à l’article 22, considérera avec attention et prudence ce qui, en ce domaine, à partir des traditions et du génie de chaque peuple, peut opportunément être admis dans le culte divin. Les adaptations jugées utiles ou nécessaires seront proposées au Siège apostolique pour être introduites avec son consentement.

2. Mais pour que l’adaptation se fasse avec la circonspection nécessaire, faculté sera donnée par le Siège apostolique à cette autorité ecclésiastique territoriale de permettre et de diriger, le cas échéant, les expériences préalables nécessaires dans certaines assemblées appropriées à ces essais et pendant un temps limité.

3. Parce que les lois liturgiques présentent ordinairement des difficultés spéciales en matière d’adaptation, surtout dans les missions, on devra, pour les établir, avoir à sa disposition des hommes experts en ce domaine. »

« 116. Chant grégorien et polyphonie

L’Église reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine ; c’est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales d’ailleurs, doit occuper la première place.

Les autres genres de musique sacrée, mais surtout la polyphonie, ne sont nullement exclus de la célébration des offices divins, pourvu qu’ils s’accordent avec l’esprit de l’action liturgique, conformément à l’article 30. »

A la lecture de ces articles, il apparait évident que le Concile Vatican II est dévoyé par les opposants au rite ancien. Si ce texte ouvre la porte à l’utilisation des langues vernaculaires, il n’y en oblige en rien l’usage et le conditionne même à un accord des autorités locales. Aussi, la messe Ad Orientem est nullement évoquée, et la place prédominante du chant grégorien est rappelée. Cependant, le missel de Paul VI modernisé, qui suivra le Concile Vatican II, s’impose et affaiblit l’usage du latin, et des chants grégoriens, et donne une place nouvelle aux laïcs. 

La rupture de Mgr Lefebvre

Pris dans une vague de progressisme, les paroisses et diocèses se détournent chaque jour davantage du rite tridentin, célébrant la messe en langue vernaculaire. Des Fraternités et instituts résistent et sont autorisés par le Pape Jean Paul II à conserver le rite tridentin. En 1984, par Quattuor abhinc annos Jean Paul II conditionne la célébration du missel de 1962 à l’autorisation des évêques. C’est en 1988, que Monseigneur Lefebvre, évêque et chef de file de la Fraternité Saint Pie X, en désaccord avec le Saint-Siège sur des questions qui dépassent celle des rites, ordonne d’autres évêques et amène le pape Jean Paul II à les excommunier. C’est la rupture des Lefebvristes, ceux appelés plus communément les « intégristes ». Toute la Fraternité n’accepte pas cette rupture et certains font donc scission pour former la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre qui n’a jamais cessé de reconnaitre l’autorité du Pape et dont les prêtres n’ont pas été excommuniés.

Benoit XVI le père de la réconciliation

En 2007, par son Motu Proprio et sa lettre aux évêques, le pape Benoit XVI permet un usage bien plus large, et même quasi-sans condition du rite tridentin. Voici l’article premier du Motu Proprio en question :

« Art. 1. Le Missel romain promulgué par Paul VI est l’expression ordinaire de la lex orandi de l’Église catholique de rite latin. Le Missel romain promulgué par saint Pie V et réédité par le Bienheureux Jean XXIII doit être considéré comme expression extraordinaire de la même lex orandi  de l’Église et être honoré en raison de son usage vénérable et antique. Ces deux expressions de la lex orandi de l’Église n’induisent aucune division de la lex credendi de l’Église ; ce sont en effet deux mises en œuvre de l’unique rite romain.

Il est donc permis de célébrer le Sacrifice de la Messe suivant l’édition type du Missel romain promulguée par le Bienheureux Jean XXIII en 1962 et jamais abrogée, en tant que forme extraordinaire de la Liturgie de l’Église. Mais les conditions établies par les documents précédents Quattuor abhinc annos et Ecclesia Dei pour l’usage de ce Missel sont remplacées par ce qui suit : 

[…] Art. 5. § 1. Dans les paroisses où il existe un groupe stable de fidèles attachés à la tradition liturgique antérieure, le curé accueillera volontiers leur demande de célébrer la Messe selon le rite du Missel romain édité en 1962. Il jugera comment harmoniser le bien de ces fidèles avec la charge pastorale ordinaire de la paroisse, sous le gouvernement de l’évêque selon les normes du canon 392, en évitant la discorde et en favorisant l’unité de toute l’Église. »

Si le Pape Benoit XVI permet ici à tous ceux qui le souhaitent de célébrer la messe tridentine, un autre point essentiel de ce Motu Proprio est à relever dès l’article premier : « Il est donc permis de célébrer le Sacrifice de la Messe suivant l’édition type du Missel romain promulguée par le Bienheureux Jean XXIII en 1962 et jamais abrogée ». Jamais le missel de 1962, c’est-à-dire le missel de Saint Pie V réédité par Jean XXIII et qui encadre la messe tridentine, n’a été « abrogé » ou supprimé. Autrement dit, jamais ceux qui ont célébré ce rite ne se sont mis « hors de l’Eglise ». 

Un usage davantage restreint

Cependant, par son Motu Proprio Traditionis Custodes de juillet 2021, le Pape François décrète que toute célébration sous la forme extraordinaire doit être autorisée par l’évêque concerné. Plus récemment, en février 2023, le pape François a décrété que cette compétence donnée aux évêques, relèverait désormais du Saint Siège directement. Ce sont là des décisions et des positions clairement hostiles au rite tridentin même si la Fraternité Saint-Pierre reste autorisée à conserver le rite ancien. Cependant, il est bienheureusement tout à fait possible d’être en désaccord avec certains choix du Saint-Siège et de reconnaitre sans ambiguïté aucune l’autorité du Pape.

En résumé, le Concile Vatican II fut dévoyé par un courant progressiste qui sut imposer la messe en langue vernaculaire et marginaliser le rite tridentin. La politique restrictive de Jean Paul II et la rupture de Monseigneur Lefebvre ont pu créer la confusion autour de l’autorisation de la messe tridentine. Cependant, le pape Benoit XVI a rappelé que ce rite n’a jamais été abrogé et a simplifié son usage, avant que son successeur François ne mette en place une série de dispositions hostile au rite ancien. 

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Le fantasme de l’intégrisme

Il peut être bon de rappeler deux choses. La première est un distinguo essentiel entre les fidèles au rite ancien et les fidèles de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X. Si certains prêtres diocésains, ou de Fraternité telle que la Fraternité Saint Pierre n’a jamais cessé de reconnaitre l’autorité du pape, ce n’est pas le cas de la Fraternité Saint Pie X. Il est bon de rappeler que tous les fidèles de la messe tridentine n’ont pas fait scission avec l’Eglise. “Il ne faut pas confondre traditionalistes et intégristes” Comme le distingue à raison le prêtre et sociologue Nicolas de Bremond d’Ars dans l’article de BFMTV.

Malgré tout, le 21 janvier 2009, le pape Benoit XVI levait l’excommunication des évêques suite à la rupture de la FSSPX et reconnaissait une fois de plus leur ordination. Si les tensions existent encore, certains fidèles de la Fraternité sont nés bien après la rutpure. La charité et l’unité de l’Eglise ne nous appellent-elles pas à dépasser les caricatures et laisser tomber les termes à teneur idéologiques tel que celui d’« intégriste » ?

Des fidèles de plus en plus nombreux

C’est le titre de l’article : « Les traditionnalistes gagnent-ils du terrain ? ». La réponse est oui. Comme le rapporte BFM, le mensuel catholique La Nef comptabilise 50 000 fidèles « traditionnalistes » lorsque le chercheur du CNRS Jean Benoit Poulle les estime entre 100 000 et 200 000. Tous s’accordent sur une chose : oui, les « traditionnalistes » gagnent du terrain.

Pour expliquer ce phénomène, BFMTV se penche sur plusieurs pistes. Il y aurait un conflit de génération parmi les fidèles, dont les plus jeunes s’attacheraient à un rite qu’ils n’ont pas connu. Les fidèles, voyant l’Eglise en « perte de vitesse », ils se tourneraient vers un rite plus enraciné. Si ces explications sont valides, BFM omet sûrement la plus fondamentale des causes de l’augmentation de fidèles dits « traditionnalistes » : la conversion. 

La recherche de repères

Dans son dernier livre « Reconquérir le sacré » qu’elle a défendu sur le plateau de l’émission Quelle époque ! sur France 2, la présentatrice phare d’Europe 1 et CNEWS Sonia Mabrouk explique pourquoi selon elle, un retour au sacré, et notamment à la messe en latin, est primordial. Elle parle d’or. C’est exactement ce phénomène de retour vers la foi et le sacré qui s’opère chez une grande partie de la jeunesse. Le succès sur les réseaux sociaux de l’Abbé Mathieu Raffray, prêtre de l’Institut du Bon Pasteur et défenseur du rite tridentin prouve cette dynamique qu’il reconnait lui-même non sans étonnement. 

Comme l’explique l’Abbé Matthieu Raffray dans l’entretien qu’il nous a accordé à Poitiers, ces nombreuses conversions sonnent comme une réponse à divers phénomènes : la perte du lien social mise en lumière par la Crise du Covid et les confinements, la foie ostensible et assumée des musulmans et la place nouvelle de l’Islam en France, la perte de repère sur beaucoup de questions morales mais aussi identitaires. Tous ces phénomènes sont liés en partie à des décennies de banalisation du sacré, de la foi et de sa pratique concrète et réelle dans notre vie quotidienne. 

Pour autant, ces jeunes convertis ne se détournent pas du Saint-Siège, mais bien plutôt d’une bien-pensance progressiste qui gangrène nos églises depuis longtemps. Cette bien-pensance qui a voulu nous faire croire que le rite tridentin ne relevait que d’un passé honteusement fantasmé par certains, d’une nostalgie mal assumée, d’un conservatisme refoulé, malodorant comme un vieux vêtement dans la naphtaline. Non, ce rite est le symbole d’une Eglise éternelle, à travers le temps et l’espace, à travers les saints et les saintes, à travers les guerres, les crises, les régimes. Une Eglise enracinée qui n’est pas née en 1970, essentielle à une France qui n’est pas née en 1789. Une Eglise fidèle à son enseignement, qui accepte tout le monde car seul Dieu est juge, qui condamne les pratiques mais non les individus, de la même manière que notre Saint Père rappelait que l’homosexualité relevait du péché. Une Eglise qui pose des repères, qui ne craint pas de nommer les péchés, l’enfer, le purgatoire, les sacrilèges, mais toujours dans un seul but : aimer Dieu davantage. En réalité, chacun peut y aller de sa bonne formule, mais sans doute beaucoup d’entre nous ne voient plus que la fin et en oublie les moyens. 

Enfin, il nous faut aussi rendre hommage à ces prêtres et fidèles exemplaires qui célèbrent la messe selon le missel post-concile mais qui n’ont jamais fléchi et n’ont jamais craint de nommer les choses. Les traditionnalistes ne sont pas moins pécheurs que les autres. Qu’aucune confusion ou interprétation ne trouve place : Tous les fidèles de la messe ordinaire ne sont pas des modernistes dépourvus du sens du sacré, mais une minorité bruyante tente de saccager l’Eglise et ne peut tolérer le rite ancien. Enfin, si le terme de « traditionnaliste » est bien utile pour distinguer différents courants, il ne faut pas que son usage se fasse si général qu’il contrevienne à l’unité de l’Eglise. 

« Les prêtres, évêques et les cardinaux sans morale ne terniront en rien le témoignage lumineux des plus de quatre cent mille prêtres à travers le monde qui, chaque jour et dans la fidélité, servent saintement et joyeusement le Seigneur. ».

Son Eminence le cardinal Robert Sarah

 Le soir approche et déjà le jour baisse.

Marin Baudouin

Marin Baudouin

Chef de notre antenne à Poitiers et membre de la rédaction du site Internet de l'Etudiant libre
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