Face à la crise démographique : l’urgence de se réconcilier avec la famille

La baisse alarmante de la natalité en France soulève des questions profondes sur le déclin du modèle familial et les enjeux qui en découlent. Alors que la population vieillit depuis des siècles, il est urgent de réveiller les Français sur l'importance de la famille et de la maternité pour l'avenir du pays. Il s’agit de revenir aux racines historiques de ce déclin démographique et sur la nécessité d'une politique nataliste basée sur la valorisation de la famille traditionnelle et des mesures incitatives, tout en rejetant les fausses solutions telles que l'immigration de masse.
old family photo. parents with five children. nostalgic vintage picture. Wien 1885

En mars 2023, selon l’INSEE, seulement 1 817 bébés sont nés chaque jour soit 7% de moins qu’en mars 2022. Alors que la natalité de l’année 2022 était déjà la plus basse depuis 1946, avec seulement 723 000 enfants, l’année 2023 pourrait être encore plus désastreuse. Les seuls départements où les naissances ont augmenté sont sans surprise situés en Outre-mer, notamment à Mayotte : cette île connue pour être la porte d’entrée des Comoriens en France et où près d’un habitant sur deux est de nationalité étrangère.

Les chiffres de l’INSEE mettent en exergue le fait qu’en France métropolitaine également, la natalité est en partie soutenue par les populations d’origines étrangères : un enfant sur trois a, au moins, un de ses parents né à l’étranger, et sur ce tiers, 89,5% des parents sont nés hors de l’Union européenne. Autant d’enfants issus de cultures différentes, qui grandiront portés par des modèles familiaux parfois radicalement opposés au modèle français, issu de la tradition catholique. Le modèle traditionnel français lui-même est mis à mal en témoigne le nombre élevé de divorces et de séparation, un cadre instable, peu propice à la création de foyers. Mais de quoi témoignent ces évolutions ? L’objectif du présent article n’est pas de faire des comparaisons mais bien de regarder frontalement le problème que traverse notre pays : la France a une population vieillissante depuis près de 300 ans. Cela a commencé avant le XIX siècle et mis à part le baby-boom cela ne s’est jamais vraiment terminé. Comment expliquer cela ? Pourquoi notre modèle familial subit-il une crise si violente et si profonde ? Le déclin démographique est l’argument original des politiques migratoires, mais l’arrivée massive de populations étrangères n’a pourtant rien changé. Face au changement démographique provoqué par l’immigration, certains en appelle à la « réémigration » mais factuellement si nous ne restions qu’entre Français « de souche », combien de temps tiendrions-nous ? Si personne ne fait d’enfants, on peut bien fantasmer, mais la question de l’après reste en flottement. Dès 1975, Michel Debré, ancien Premier ministre de 1959 à 1962, soulignait que le dramatique déclin démographique était le témoignage d’un peuple qui a misérablement accepté de sous-traiter la fabrication d’enfants aux populations immigrées, et a ainsi consenti à être remplacé et à sortir de l’Histoire. Cinquante ans après, il est plus qu’urgent de réveiller les Français sur les enjeux qui sous-tendent la réhabilitation de la famille et de la maternité pour leur futur, pour notre futur.

 

La baisse de la démographie, un problème centenaire

La baisse de la croissance démographique n’est malheureusement pas nouvelle en France et commence dès le XVIIIe siècle où l’on assiste à un phénomène d’abandon d’enfants. Intrinsèque à cet abandon, l’idée que l’État ou les institutions religieuses seraient plus à même que les parents de s’occuper de la jeunesse se répand, ouvrant les portes aux idées malthusiennes du XIXe siècle. L’État révolutionnaire consacre ce basculement idéologique avec le développement des politiques éducatives : il interdit les institutions religieuses en charge de l’instruction et développe ses propres organes éducatifs, l’objectif étant d’arracher les enfants de leurs familles et de leurs terres afin de régénérer l’homme, créer une nouvelle espèce de citoyens tenus à la société par l’amour des principes de la nouvelle République et de ses principes inscrits dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Avec l’avènement industriel, le travail des hommes et des femmes se transforme considérablement par la machinisation de la force de travail, le développement de la classe ouvrière, de la misère sociale, de la population urbaine et l’augmentation de la charge et des horaires de travail. Ces changements radicaux, couplés à la mentalité post-révolutionnaire qui favorise le libéralisme philosophique et économique anticlérical, transforme profondément la société. L’anticléricalisme est à l’origine d’une transformation sociale sans pareille et provoquant une augmentation considérable de la misère sociale qui détruit l’organisation de la société. En effet, avant la Révolution, les institutions catholiques s’occupaient de l’éducation, des hôpitaux, des pauvres, notamment dans les zones urbaines. Toutes ces populations se retrouvent abandonnés par un État qui n’a pas les moyens et les qualifications de fournir les services qui étaient auparavant dispensés gracieusement par les religieux. En parallèle, l’organisation sociale mixte du travail conjoint et complémentaire des hommes et des femmes dans le milieu rural et agricole (85% de la population de l’époque) disparaît. Cette disparition est doublée par la fin brutale d’une société hétérosexuelle où chacun possédait une place, assignée par la différence inhérente à la nature de l’homme et de la femme (la force physique et la maternité), mais où ils se fréquentaient sans distinction dans l’espace public : dans les tavernes, les voyages ainsi qu’au travail. Ces rencontres aboutissaient au mariage, par l’union de l’homme et de la femme, et étaient consacrées dans la procréation qui conduisait naturellement à la naissance d’une famille, composée du père, de la mère et de leurs enfants.

La principale rupture que marquera le XIXe siècle, c’est l’abandon d’une société de la rencontre mixte : les hommes et les femmes de la société industrielle ne se mélangent plus, car le travail ouvrier est profondément genré avec des espaces différents pour les hommes et les femmes. Les conditions de travail éreintantes et inhumaines, les journées de 12 à 15 heures de travail, six jours sur sept, l’urbanisation et le déracinement provoqué par l’exode rural ne donnent pas les conditions propices pour fonder une famille. Bien que la famille soit créée par l’homme, la femme et l’enfant ; si les parents ne peuvent pas jouer leur rôle d’éducateur alors rapidement la transmission familiale s’appauvrit.

L’individu sans parents, ni racines, cherche son développement et son intérêt personnel. Il commence par ne plus ressentir ni devoir, ni respect, envers l’institution familiale puis c’est le reste de la société qui en pâtit. Si le citoyen ne se sent pas héritier de son propre patrimoine culturel, comment peut-il être conscient de la redevance qu’il a envers la société ? Les dégradations du modèle familial traditionnel ont par conséquent eu des répercussions sur l’ensemble de la société. Comme l’avait très bien compris Aristote, puis les Romains, et la société de l’Ancien Régime, la famille est le pilier fondamental de la société. Sans elle point de salut. C’est elle qui offre les citoyens, qui forme et transmet les valeurs essentielles à la vie au sein de la communauté politique. Ce rôle d’incubateur de citoyens, le régime le lui rend en la protégeant et en la sacralisant. Le drame du XXIe siècle, c’est qu’en sacrifiant la famille, ses valeurs, son modèle, la société tout entière se suicide. Si la famille ne transmet plus alors c’est notre société, notre culture elle-même qui s’éteint. C’est cette incompréhension qui doit urgemment être traitée.

 

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Un combat : empêcher le suicide collectif du peuple français

Sans enfants pour demain, tous les combats d’aujourd’hui sont morts et stériles. Peu de personnes souhaitent aujourd’hui une politique nataliste, arguant que celle-ci irait à l’encontre des libertés individuelles et de l’émancipation de la femme, en plaçant l’argument du côté moral, ils déplacent le débat du politique. Le débat de la natalité ne peut évidemment pas se contenter des simples « lâchez nos utérus » lancé par Sandrine Rousseau. Vouloir avoir des enfants n’est évidemment pas « antiféministe » et ne va pas « à l’encontre des femmes » comme aimerait le croire Sophia Chikirou. Prenons un peu de hauteur dans ce débat qui est largement diabolisé. Ce que craignent les néo-féministes, c’est qu’en ayant des enfants, les femmes soient interdites de travailler, évidemment celles-ci placent la sacro-sainte liberté individuelle au centre de leur argumentation, une femme émancipée travaille, gagne un salaire, est célibataire ou libertine et n’a surtout pas d’enfants, la liberté de la femme reposant sur son argent, celui-ci lui permet ainsi de jouir allégrement de sa « liberté » par moult biens matériels et plaisirs sexuels en tout genre.

La maternité permet au contraire à la femme de marquer son passage sur terre en transmettant son patrimoine génétique et culturel. Loin de la dépréciation misandre en vogue, la femme qui fonde une famille se retrouve sur le même pied d’égalité que l’homme, tous les deux ayant conçu leur héritier. N’est-ce pas au sein de la famille que l’homme et la femme se complètent le plus et sont finalement plus égaux ? Les différences s’effacent dans le rôle complémentaire que jouent les parents, c’est dans cet acte qu’ils sont complétement interdépendants pour le bien de leurs enfants. Retirer l’enfant de la famille, puis retirer l’enfant de la société, c’est aussi retirer à la femme toute sa puissance sociale. Il ne reste plus à la femme qu’à tenter de se faire homme, toute particularité lui étant niée. La vision postmoderniste de l’homme et de la femme se traduit par l’impossibilité de construire un couple stable, les individus du couple étant obsédés par eux-mêmes, l’enfant devient un fardeau qui empêcherait leur épanouissement. Sans couple stable, l’enfant et la famille se retrouvent exclus du futur de l’homme et de la femme. Ce problème empêche une prise de conscience correcte de la crise démographique en négligeant l’aspect global du problème. On peut débattre des conditions de la femme, mais si dans cent ans, il n’y en a plus, car celles-ci ont décidé de ne pas se reproduire le combat aura été plus que vain : complétement inutile.

 

Au XXIe siècle comme au IVe siècle avant Jésus-Christ, parler des enfants se fait nécessairement à partir d’un constat simple : la famille, c’est la société. Défendre la famille, c’est œuvrer pour la continuité du monde. Sophocle en tirait déjà la morale du procès de Créon et Antigone : opposer cité et famille, c’est assurer la ruine de l’un et de l’autre. C’est-à-ce titre que la chute drastique de la natalité et de l’envie générale de faire des enfants est un danger. Cela nécessite une prise de conscience du même ordre que celle qui a valu le baby-boom après la Seconde Guerre mondiale, avec la différence cependant que la mentalité d’alors permettait de comprendre l’urgence de la situation. Le collectif était beaucoup plus important qu’aujourd’hui.

Aujourd’hui, il nous faut insister sur le fait qu’une politique nataliste n’a pas vocation à être uniquement économique et incitatrice, mais elle consisterait essentiellement à avoir un discours politique qui revalorise la famille française traditionnelle et à mettre en place des mesures économiques qui soient incitatrices pour le ménage. Pour être effective et toucher réellement les Français, la bataille se doit d’être avant tout culturelle. En effet, les problèmes démographiques, s’ils sont vus uniquement sous le prisme économique, ouvrent la porte à l’immigration de masse avec l’importation de main d’œuvre étrangère. Mais importer de la main d’œuvre pour compenser notre perte de compétitivité et le vieillissement de la population est une fausse mesure qui, en plus de causer la disparition de notre particularité par la création d’une société créolisée, est vaine, car les générations d’enfants issues de l’immigration ne remplissent plus le rôle de main d’œuvre pas chère et exploitable que leur ont donné les politiciens de droite et de gauche depuis 40 ans.

Apporter une réponse culturelle à notre problème démographique nécessite un juste retour à notre tradition et à notre histoire. Loin de la culpabilisation occidentale, émancipons-nous des carcans de la doxa bien-pensante et assumons que nous voulons transmettre encore notre histoire, notre patrimoine, notre culture, notre langue et notre religion. Comme le dit très bien Patrick Buisson, dans son dernier livre Décadanse, notre société est empreinte de « présentéisme » occupé dans le présent, elle « a dit non à l’avenir ». Mais si les adultes depuis Mai 68 ont dit non, il appartient encore à la jeunesse de regarder positivement le futur. Cependant, elle ne pourra pas le faire correctement si la procréation n’entre pas dans ses projets. Tous les combats de la jeunesse seront vains s’ils n’ont pas vocation à être éternels. Le combat écologique en fournit le meilleur exemple. Si de dramatiques drapeaux rouges sont régulièrement brandis, si l’on avertit à grands cris la population sur la situation de la planète, pour qui s’affoler ? À quoi servent ces combats s’ils ne sont pas pensés pour les générations futures ? Ne serait-il pas plus censé et facile d’user la planète jusqu’à la corde ? Si nous sommes la dernière génération, si rien ne nous dépasse, pourquoi changer ? Aucun combat idéologique, politique, culturel ou écologique n’est nécessaire sans personne à qui les transmettre. Nous sommes ainsi dans l’ultime paradoxe du progrès. Le progrès, cette promesse que le monde de demain sera meilleur qu’hier est comme arrivé au bout du chemin. Les progressistes se considèrent être la dernière génération estimable, il faut avorter les générations futures, culpabiliser les familles, en adorant le matériel plus que le naturel.

 

Face à ce constat déprimant, la jeunesse a un rôle crucial à jouer. D’abord en assumant son héritage culturel, historique, religieux puis en fondant des familles. Car fonder une famille, c’est vouloir transmettre son héritage. La famille est éminemment conservatrice du passé, du présent et du futur. Dans Lettre à mon père, Patrick Buisson décrit ainsi son paternel : « Tu croyais au sacrement de l’héritage, à sa vertu sociale et historique, à la récompense terrestre du père dans le fils ». Il définit par ces mots l’héritage comme étant la plus belle preuve de fidélité, et un des gestes les plus transcendants que peut réaliser l’être humain au cours de sa brève vie.

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Eloyse Gain

Eloyse Gain

Étudiante à l'ICES, Eloyse est membre de l'équipe de rédaction du site internet de l'Étudiant libre
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