Tribune – L’Art de vivre à la française

Etre français, cela ne se résume pas seulement à la « conscience morale » d’appartenir à la même nation. Le partage d’une histoire commune, la reconnaissance d’un legs passé et d’un éventuel projet futur, tout cela ne suffit pas à être français. Notre époque en est l’exemple parfait, alors que l’on croit pouvoir se contenter de marquer l’appartenance à notre patrie par l’usage de quelques drapeaux bleu/blanc/rouge lors des manifestations ou par le recours à l’hymne national avant chaque match de foot, ces gestes-là tiennent plus de la démonstration que de l’incarnation. Etre français, c’est avant tout incarner la France, faire de sa personne, de son particularisme, l’emblème vivant de la nation. Il s’agit d’incarner à la manière du martyr de Thibon, français par la cohérence du langage et de l’action. 

Ainsi, être français, c’est vivre un quotidien de Français. Et notre culture nous donne le moyen de mener à bien celui-ci : l’Art de vivre à la française. S’il est bien une règle qu’il nous faut respecter aujourd’hui, un principe d’action morale et physique, c’est bien celui de l’art de vivre à la française. Loin des préciosités du mondain, qui limite cet art à la fréquentation des tables étoilées ou au tourisme hébété, qui croit incarner la France par le port du béret basque ou la pratique du petit déjeuner baguette au beurre. L’art de vivre à la française, c’est certes aimer notre bon vin, notre gastronomie et nos douze variétés de pain. Mais la France ne se résume pas aux victuailles et à la bouteille, il s’agit donc plutôt de faire sienne une certaine philosophie de vie, où la musique, le goût du beau et du bon, l’art du débat et l’élégance sont autant de piliers d’un sain quotidien. Un art de vivre qui se veut complet, qui repose aussi bien sur le fond que sur la forme, qui sait allier l’élixir des cuveries de Bourgogne aux musiques de Debussy. 

Si l’on parle d’art de vivre français, ça n’est pas par excès d’orgueil, ou par condescendance, l’Histoire donne sa légitimité à ce concept et le réel l’approuve au quotidien. Notre nation, guidée par l’Eglise, a su faire siens les principes du beau. Vivre en français, c’est donc s’approprier la vision de l’artiste, le regard aiguisé de celui qui décèle l’éternel dans le transitoire, qui vit avec et pour le beau, qui pratique l’Art d’incarner la France dans son quotidien. 

C’est donc peut-être cela l’Art de vivre à la française, « faire valoir l’héritage que l’on a reçu », par la pensée et par l’action, dans un quotidien tourné vers le beau, le bon et le grand.

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Maxime Saguet

Maxime Saguet

Maxime est étudiant en deuxième année dans une Grande école française.
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