Nous avons tous en tête la une du magazine L’Incorrect de mars dernier : « les jeunes coupent le cordon » affichant les 3 responsables jeunes des principaux partis de droite (Les Républicains – Reconquête ! – Rassemblement national). Si cette discussion semblait impossible auparavant, il est réel qu’aujourd’hui, les jeunes des différents partis échangent ensemble. Cette proximité idéologique sur des valeurs essentielles est bien réelle et les discussions entre eux le sont aussi.
Cette porosité entre les murs du front républicain démontre la fin d’une stratégie électorale bien dépassée. Le soir, à la désormais célèbre cave Saint-Germain, rue des Canettes à Paris, on débriefe après le Grand débat des valeurs et comme l’affirmait Stanislas Rigault face à Charles Consigny : « ce que vous dîtes en privé chez les LR, Éric Zemmour les dit en public ».
Le rejet de la motion de censure des Républicains à l’occasion de la réforme des retraites a sonné le glas pour certains militants qui y croyaient encore. Et oui, les Républicains par peur de se confronter aux urnes ou de voir le RN prendre la tête d’une nouvelle majorité, même relative à l’Assemblée nationale, ont tacitement appuyé la politique gouvernementale et le dépôt d’une proposition de loi sur l’immigration n’y changera rien : les LR sont condamnés à plonger dans le macronisme. En effet, pour récupérer ses électeurs, il faut soit séduire une partie de l’électorat du RN mais ce projet semble impossible, Zemmour l’aura appris à ses dépens. Soit les Républicains cherchent à récupérer sa bourgeoisie libérale préférant désormais le jeune et dynamique Macron au Sarkozy chauve, Éric Ciotti.
Cette stratégie électorale quasi-assumée en est trop pour de nombreux cadres JLR de quatre départements de l’Ouest qui ont démissionné dans les dernières semaines. A travers leurs déclarations, on comprend la colère de ces jeunes qui en appellent à la mémoire du général de Gaulle en taxant la tête dirigeante républicaine « de petits télégraphistes du libéralisme anglo-saxon ».
Alors que la direction des Républicains cherche à minimiser les départs parlant « d’épiphénomène régional », elle nie le constat réel de ses adhérents qui étaient majoritairement en faveur de la motion de censure. Le décalage entre la tête centriste, incapable de renouer avec les valeurs qu’elle prônait 30 ans auparavant et les militants, porteurs d’une droite décomplexée est bien réel : ite missa est.
Reste encore au sein du parti, les jeunes utopistes espérant changer le parti de l’intérieur alors que l’Histoire démontre que seul un leader incontesté impose sa ligne à un parti où les autres suivront et les opportunistes politiques qui croient encore que s’investir dans un parti à 4.6% est porteur pour une carrière politique. LR est rentré dans une mort lente où quelques étoiles sortantes maintiennent un semblant de valeurs et de vision nationale.
La dynamique du camp lepéniste est réelle et le parti n’a jamais été aussi près des portes du pouvoir. Son groupe parlementaire est structuré et la peur de rejoindre le RN s’estompe de plus en plus. Le jeune président du parti, Jordan Bardella enchaine les coups médiatiques à coups de piques bien placés sur les plateaux de télévision et devient peu à peu, une icône pour les jeunes de droite.
De plus en plus de jeunes rejoignent le RN et cette dynamique est également présente au sein des jeunes républicains comme le démontre le départ d’anciens jeunes LR d’Ille-et-Vilaine, Alexy Garnier et Quentin Lefebvre ou du Morbihan, comme Flavien Termet. Si la plupart des cadres n’osent pas les rejoindre, ils reconnaissent la dynamique de ce parti et leur proximité avec les valeurs prônées par le RN. « En 2015, le Front national était mon adversaire politique, c’est beaucoup moins le cas pour les plus jeunes aujourd’hui » affirme Théo Thomas, ancien responsable départemental des jeunes LR du Morbihan.
Si le RN dispose d’une véritable dimension nationale et à l’inverse, les LR se raccrochent à un ancrage local vital à leur survie ; la recomposition politique des jeunes de droite peut entériner définitivement le grand remplacement partisan de la droite électorale.
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