« Il n’y aura pas de bataille de succession. » Voilà de quoi tente de nous convaincre Jean-Luc Mélanchon. Et s’il prend la peine de nous l’indiquer, c’est qu’un récent sondage mettait en tête des choix de la NUPES, pour les élections de 2027, l’éventuelle candidature de… François Ruffin. L’ancien préféré du patron, successeur possible, mais dénigré par l’accession en décembre de Manuel Bompard à la tête du bureau de coordination de LFI, n’a pas manqué de susciter les commentaires.
Le choix de François Ruffin, héros des luttes pour le port du maillot de foot à l’Assemblée nationale, empanaché d’un César pour Merci Patron !, témoignage d’une volonté de retour à une gauche vintage ? – un peu à l’image de celle de Fabien Roussel. Une volonté de ramener les ouvriers, électeurs du RN, à la maison ? Si seulement. On est plus dans des motivations environnementales et sociales – deux mots qui ont fait de la gauche un ghetto qui, de jour en jour, perd son emprise culturelle en France, et donc sa capacité à l’emporter politiquement.
Oui, aujourd’hui il n’y a plus d’hégémonie culturelle en France. À ceux qui se plaisent à crier à la tragédie en évoquant les combats intersectionnels, woke, ou que sais-je encore, nous préférons penser, dans l’équipe de la Rédaction, qu’il s’agit plutôt d’un cri du cygne d’une gauche culturelle agonisante et qui peine à se renouveler depuis sa percée des années 1970 dans les esprits de nos pères – percée qui avait préparé la venue de François Mitterrand en 1981.
En effet, le « camp national » se mobilise de plus en plus et polarise autour d’une droitisation des débats politiques (que l’on doit en grande partie à la participation du polémique Éric Zemmour aux élections de 2022), et une tentative de récupération par le macronie qui déploie l’épouvantail de la loi immigration à la moindre frayeur sur sa droite.
Autre signe de ce changement ? Les départs répétés de jeune LR vers Génération Z et le RNJ à la suite de la séquence parlementaire sur les retraites. Ils reprochent notamment aux cadres du parti leur mollesse et leurs compromissions, les ayant réduits à un simple faire-valoir du comptage de vote de la « majorité relative » du moment – bref, un pion parmi d’autres.
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Grogne temporaire ou tectonique des plaques électorales ? Après l’ère des populismes, c’est bien à un retour de la politique à l’ancienne, avec sa droite et sa gauche, à laquelle nous assistons en ce moment. Affaire à suivre…