Beau succès au box-office, plus d’un million sept cent mille entrées pour ce film de cape et d’épée. On peut applaudir, parce que ce n’était pas joué d’avance, loin de là, puisque les Français ne se sont pas prêtés à l’exercice depuis très longtemps. Pour cela, les fonds sont énormes, et une publicité d’enfer s’est déployée partout. Assez mystérieuse avec un logo graphique, elle a réussi à créer un très bel effet d’attente, soutenu par l’annonce d’un casting éblouissant. 

Un film ambitieux 

Ce seront le jeune prodige François Civil, le rond et jovial Pio Marmaï, l’incandescente Eva Greene, le très hautain Vincent Cassel (à la limite de la caricature de lui-même), le félin Romain Duris. Sans oublier la fraîcheur souriante des deux actrices qui jouent Anne d’Autriche et Constance Bonacieux. 

L’ambition affichée est de faire un blockbuster 100% frenchie, avec des décors en dur, tournés uniquement en France. Le pari est périlleux : jouer un classique de la littérature avec de belles scènes de duel et de combat, en restituant le rythme enlevé, et cet humour si léger du roman. 

Beaucoup de bruit pour rien ? 

Reconnaissons-le ; c’est un film plutôt réussi, bien ficelé même. Les décors sont magnifiques, et voir à l’écran, le Louvre et les bâtiments du lycée la Légion d’honneur est un régal. Costumes et musique sont à la hauteur, le suspense est parfois bien prenant. 

Du côté des acteurs, leur jeu colle à cette image : correct. François Civil en d’Artagnan est fidèle à lui-même, Eva Greene est excellente en Milady. On ne peut que regretter que les autres acteurs soient si absents : Pio Marmaï et Romain Duris font presque de la figuration; ah si on les voit beaucoup à cheval. 

Les personnages sont effleurés, renvoyés à des caractéristiques vagues, voire à côté de la plaque: un bi sexuel (Porthos), un autre mélangeant religion et torture (Aramis), ou encore le grand seigneur au nez aquilin (Athos). Quel dommage, alors que la réunion de ces acteurs offrait de mirifiques promesses. 

Coté dialogue, que c’est pauvre! et parfois si maladroit. Les scènes de flirt entre Constance de Bonacieux et notre Gascon sonnent faux, le fou rire n’est jamais loin. Mais le pire étant Anne d’Autriche qui semble si cruche, et quand elle fait l’intermédiaire entre sa servante Constance et son soupirant panaché; on se demande si c’est une blague. 

Cependant, ces défauts restent relativement équilibrés, pour que cela reste un film divertissant, mais dont on peut déjà prédir qu’il tombera dans les oubliettes de l’histoire avant 10 ans. 

Ce film aura au moins un avantage, celui-là bien concret et réjouissant : celui d’inciter les gens à lire Les Trois Mousquetaires, qui est en rupture de stock dans de nombreuses librairies.

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