L'Étudiant Libre

C’est officiel, l’étau se resserre encore pour les non-vaccinés. « Le pass sanitaire va devenir un pass vaccinal », a assené le Premier ministre Jean Castex lors de la conférence du lundi 17 décembre sur l’avancée de la crise sanitaire.
Crédits : Pixabay
C’est dans un contexte explosif que s’est tenu le Conseil de défense sanitaire présidé par Emmanuel Macron en début de semaine. Entre la cinquième vague « Delta » et le tout nouveau variant Omicron, entre la volonté de préserver les fêtes de fin d’année et la crainte du gouvernement d’en voir les répercussions début 2022… mais surtout en face d’une population de plus en plus polarisée.

Le résultat est sans appel (et sans surprise) : la loi va se durcir pour les 6,5 millions de Français non-vaccinés. La principale mesure qui se dégage est la future transformation du pass sanitaire en « pass vaccinal » : les tests négatifs ne permettront plus de bénéficier d’un pass, seule vaudra la vaccination. Le ministre de la Santé Olivier Véran laisse échapper aux micros de Brut : «  Le pass vaccinal est une forme déguisée d’obligation vaccinale ». L’ensemble du gouvernement s’est empressé de ne pas reprendre cette formule : trop polémique ? Si les mots ont le mérite d’être clairs, ils ne sont en tous cas pas sans rappeler ceux du président de la République, qui tweetait il y a quelques mois : « Je l'ai dit, je le répète : le vaccin ne sera pas obligatoire. Ayons confiance en nos chercheurs et médecins. Nous sommes le pays des Lumières et de Pasteur, la raison et la science doivent nous guider ». Ce nouveau changement fait polémique sur les réseaux sociaux, et le tweet, depuis supprimé, fait le tour de la toile.

Par ailleurs, la population parait dans son ensemble clairement opposée aux décisions du gouvernement. L’enquête en ligne du CESE (Conseil économique, social et environnemental) ouverte le 17 décembre a recueilli 110 000 avis (un record). Ses résultats sont édifiants : trois quarts des Français se disent défavorables au pass vaccinal (dont 67,1 % très défavorables), contre seulement un quart de favorables. L’évolution par rapport aux sondages de cet été est rude : 64% des Français soutenaient le pass sanitaire en août 2021, selon un sondage Elabe commandé par BFMTV.

Ce glissement désormais clair de l’opinion publique offre une ouverture rêvée à l’opposition de tous bords, qui s’engouffre dans la brèche à cinq mois des élections présidentielles. Jean-Luc Mélenchon multiplie les remarques depuis plusieurs jours, par l’intermédiaire de son compte Twitter : « Monsieur Macron se lève d'un pied : confinement. Il se lève d'un autre : déconfinement. Il se lève encore d'un autre : couvre-feu », « Non, on ne prend pas les électeurs par surprise trois mois avant une élection »… et conclut en citant Mathilde Panot, députée France Insoumise du Val-de-Marne : « Lors de notre niche parlementaire, le 13 janvier, nous allons présenter un texte qui demande à mettre fin au régime d’exception de santé, au pass sanitaire et au pass vaccinal ». Marine Le Pen reprend quant à elle le tweet supprimé d’Emmanuel Macron et commente : « Énième mensonge d'Emmanuel Macron et de Jean Castex dans cette crise sanitaire. Élue présidente, je rétablirai la liberté vaccinale contre le Covid 19 ». Elle déclare également pour BFMTV : « Le pass vaccinal condamne à la mort sociale les Français qui ne sont pas vaccinés. Il s'agit d'une mesure disproportionnée en rupture totale avec toutes les promesses faites par le gouvernement ! ». Plus étonnant, Éric Zemmour s’est joint aujourd’hui à la chorale contestataire ! Après des semaines de prudence, il publie une tribune complète chez nos confrères de L’Opinion, dans laquelle il « accuse Emmanuel Macron et son gouvernement d’instrumentaliser la crise sanitaire pour de seules fins politiciennes ». Il en reprend des extraits sur Twitter : « Ma stratégie pour sortir de la crise sanitaire repose sur quatre piliers : vaccination des personnes fragiles et âgées, administration des traitements efficaces, soutien fort à l'hôpital qui a été malmené, renforcement de la filière de recherche pharmaceutique (…) C'est un retour à la vie normale que je propose aux Français. Avec moi, il n'y aura plus de confinement ni de restriction des libertés individuelles. Ne cédons pas à la panique de ceux qui voudraient nous imposer de vivre éternellement masqués, distants et confinés ».

Une nouvelle restriction des libertés individuelles après deux ans de vie au ralenti et de mirages successifs de retour à la normale est-elle acceptable pour la population ? L’instauration de ce pass vaccinal ne serait-elle pas la mesure de trop ? Les politiques autoritaires du gouvernement d’Emmanuel Macron peuvent-elles jouer un rôle dans les élections prochaines ? Les récents positionnements anti pass vaccinal de certains candidats peuvent-ils leur permettre de surfer sur le ras-le-bol jusqu’à doubler LREM ? La réponse bientôt, dans les prochains articles de L’Étudiant Libre.
Pass vaccinal : le pas de trop ?
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