“Nous proposons le maintien d’un système à deux vitesses”

Une proposition de loi prévoit d'arrondir le prix d'un repas étudiant à 1 euro. Pour tout le monde. La Cocarde Étudiante, syndicat universitaire, propose une autre solution.

Aidons les étudiants à se nourrir correctement !  

La crise du Covid et les mesures sanitaires qui y étaient liées, notamment le confinement, ont mis la lumière sur la précarité étudiante. Les Français ont découvert cette pauvreté jusque-là mise de côté, et qui concerne pourtant des  centaines de milliers de jeunes. Les conséquences sont directes : difficulté à se loger, à se nourrir, etc… 

Un cas particulièrement marquant était celui d’une étudiante qui n’avait pas mangé pendant deux jours pour pouvoir acheter un livre.  Des jeunes ne pouvaient plus payer leur loyer après avoir dû arrêter leur job étudiant à cause de la fermeture des restaurants et commerces. L’État avait alors proposé des repas à 1€ pour tous les étudiants afin de les aider le temps des confinements ; cependant aussitôt la période « covid passée », nous sommes  revenus à la situation antérieure.  

Depuis un an, l’inflation s’est attaquée à l’économie française, impactant le quotidien des Français, et notamment des étudiants qui n’ont le plus souvent pas  de revenu ni d’aide des parents lorsqu’ils ont quitté le logis familial. Et comme lors de la crise sanitaire, l’impact se fait notamment ressentir sur le plan alimentaire. Or l’inflation, qui est de 6% sur les produits de consommation en général, a atteint les  13,85% pour les produits alimentaires en un an. Mais les bourses n’ont été augmentées que de 4%, ce qui reste largement insuffisant pour satisfaire correctement les besoins des étudiants, puisque le budget de ces derniers est en  grande partie assigné aux courses alimentaires. C’est ainsi que les repas deviennent la variable d’ajustement pour rééquilibrer le budget du mois, une fois le loyer et les factures consacrés aux charges quotidiennes payées. On aboutit ainsi à des situations où certains repas sautent ou sont de moins bonne qualité (pâtes aux pâtes, tu connais). En parallèle, la vie sociale de ces étudiants est touchée, puisqu’ils dépensent leur pécule pour survivre. Ainsi, à une période de la vie où le contact social est primordial, ces jeunes s’en retrouvent privés, faute de moyens  financiers suffisants.  

Cherchant des solutions, beaucoup ont ainsi réclamé l’extension des repas à un euro pour tous les étudiants, quelle que soit leur situation, boursiers ou non. En effet, le statut d’étudiant boursier ouvre à de nombreuses aides : attribution de bourses, exemption de contribution à la CVEC et de frais d’inscription … et les  fameux repas Crous à un euro. Toutefois, ce statut est soumis à un critère d’échelon : les étudiants qui passent juste au-dessus du premier échelon restent  donc dans des situations fragiles, mais sans pouvoir bénéficier des repas à tarif  réduit. Ainsi, un étudiant peu favorisé qui souhaiterait déjeuner tous les jours au restaurant universitaire verrait son budget nourriture grandement s’accroître. Et l’alternative du repas maison apporté en cours serait aussi coûteuse au vu de l’inflation, ou de piètre qualité, sans viande ni fruits ou légumes de qualité. 

Le groupe Socialiste a ainsi présenté à l’Assemblée nationale une proposition de Loi pour abaisser le prix des repas au resto U de 3,30€ à 1€ pour tous les étudiants, proposition qui est discutée aujourd’hui. Cette proposition de loi a déjà  été largement détricotée en commission par le groupe Renaissance qui a supprimé  les montants au profit du terme flou “minoré” et qui exclut la plupart des étudiants du périmètre des tarifs minorés. La Cocarde Étudiante est favorable à une diminution du prix du repas étudiant. Toutefois, nous proposons le maintien d’un système à deux vitesses : des repas à 1€ pour les étudiants boursiers et précaires,  à 2€ pour les autres étudiants. 

En effet, nous ne défendons pas l’égalitarisme naïf et souvent injuste que brandit la gauche adepte des mesures chocs, mais peu réalistes, mais bien la justice sociale pour les étudiants français. L’inflation et la précarisation galopante de la société touchant aussi les étudiants, il est nécessaire que l’État les assiste, d’autant plus  que les aides reçues n’augmentent que très peu. Cependant, baisser le prix des repas à un euro pour tous les étudiants entraînerait une ruée vers les établissements Crous, mettant à mal leurs capacités d’accueil, et un risque de la  diminution de la qualité et de la quantité des repas. Ce serait alors une injustice pour les étudiants les plus défavorisés, pour lesquels il n’y a pas d’autre alternative  de déjeuner. 2€ constitue le budget normal attribué pour des repas variés et équilibrés, et nous paraît donc un tarif juste et équitable. En outre, cette mesure doit faire l’objet d’un effort financier sincère de la part de l’État, qui ne doit pas  s’en remettre aux Crous, déjà sursollicités et qui seraient alors contraints de revoir  à la baisse la qualité des repas.

Cocarde Étudiante

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