L’information : stop ou encore ?

Et si les journaux révélaient leurs faiblesses ? Parmi elles, la baisse de lecteurs, des licenciements et une perte de confiance dans les médias. On peut le dire, le secteur de l’information est en crise. Alors, comme dans l'émission RTL éponyme : l'information, stop ou encore ?

Aux États-Unis, il y a de moins en moins de journalistes. Désormais, les médias ont décidé de réduire leurs effectifs. Alors qu’ils étaient 114 000 en 2008, on en compte 85 000 en 2020, selon une étude du Pew Research Center datant de 2021. Ce processus continue. En décembre 2022, CNN licencie une centaine d’employés. Au sein du Washington Post, la rumeur qui circulait est devenue réalité. Le directeur général du Washington Post, Fred Ryan, a licencié 20 journalistes le mardi 24 janvier. L’année 2023 commence bien. 

Cependant, cela est finalement moins important que ce qu’avait annoncé Fred Ryan lorsqu’il avait évoqué il y a quelques semaines une suppression de 100 postes. Le syndicat des employés du Washington Post, le Washington Post Guild, a publié une déclaration exacerbée contre les licenciements : « nous pensons que toute suppression d’emplois en ce moment – à une époque de croissance et d’expansion continues – est inacceptable. » Si ces licenciements ont eu lieu, c’est parce que les bénéfices ont baissé.

La radio en chute libre 

Une question se pose alors. Si les bénéfices dans les médias s’estompent, est-ce de la faute des lecteurs ? On nous répète que les Français ne font plus (pas) confiance aux médias. En 2022, 62 % des Français se disaient intéressés par l’actualité. Si ce chiffre peut paraître, au premier abord, insignifiant, c’est en réalité le score le plus bas enregistré. Mais ce qui est encore plus inquiétant, c’est que les Français ne font plus confiance à aucun média. Selon La Croix, « même la radio, pourtant en tête depuis 1987, n’est jugée crédible que pour 49 % des personnes interrogées, au même niveau que la presse écrite. Viennent ensuite la télévision (44 %) et Internet (24 %). Malgré cela, le tiers des Français qui s’informent le font d’abord sur Internet (32 %) et consultent en priorité les réseaux sociaux (26 %) ». Les résultats de la deuxième vague d’audiences radio de la saison 2022/2023 ont été dévoilés par Médiamétrie ce jeudi 12 janvier.

En 2023, la perte d’audience à la radio est significative. Si pendant le « 7/9.30 » Léa Salamé et Nicolas Demorand réveillent 1,9 million de Français chaque matin, France Inter a perdu 154 000 auditeurs sur un an. Europe 1 est en chute libre. Alors que la chaîne pesait autrefois largement dans le paysage radiophonique, seulement 440 000 auditeurs écoutent la voix de Dimitri Pavlenko chaque matin. Cela représente une baisse de 30 000 fidèles sur un an pour la tranche 7h-9h.      

L’attrait pour l’information renaît de ses cendres

Néanmoins, une lueur d’espoir apparaît lorsque, pour ne pas changer les habitudes, La Croix publie le 24 janvier le 36ème baromètre de confiance dans les médias réalisé par Kantar Public. L’intérêt pour l’actualité est en hausse puisque l’année 2022 a été marquée par des événements importants : la guerre en Ukraine, la mort de la reine d’Elisabeth II, les élections présidentielles ou encore la Coupe du monde de football. Début 2023, 76 % des Français affirment s’être intéressés à l’actualité. De plus, la confiance dans les médias est en hausse, 54 % des personnes qui écoutent la radio se disent satisfaits – chiffre en hausse de 5 points par rapport à 2022. Pour s’informer, les Français font d’abord confiance à leurs proches (68 %), aux journaux télévisés (66 %), à la radio (64 %), et 27% aux réseaux sociaux. Mais nombreux sont ceux qui expriment une lassitude informationnelle : l’information est, pour certains, jugée anxiogène et répétitive.

L’information reste ainsi indispensable. Mais les crises minent le monde des médias de l’intérieur. Ces derniers sont traversés par des tensions entre la nécessité de réduire les effectifs, mais aussi d’augmenter les lecteurs ou auditeurs, tout en tenant compte des aspirations nouvelles.

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Zélie Brunet

Zélie Brunet

Etudiante en histoire à l'Université Paris-Sorbonne
L’information : stop ou encore ?
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