Le ressort judiciaire de la déconstruction, quand des associations portent plainte contre l’Etat

Le Planning familial, SOS Homophobie et Sidaction poursuivent le gouvernement en justice pour le contraindre à appliquer la loi sur l’éducation sexuelle des enfants avec le soutien de Pap Ndiaye qui annonçait le 4 mars dernier que « l'éducation à la sexualité est une de ses priorités depuis son arrivée au ministère ».
Crédit : Association Oze, 2 oct. 2018, L’éducation sexuelle à l’école, qu’en est-il vraiment ?

Le Planning familial, SOS Homophobie et Sidaction poursuivent le gouvernement en justice pour le contraindre à appliquer la loi sur l’éducation sexuelle des enfants avec le soutien de Pap Ndiaye qui annonçait le 4 mars dernier que « l’éducation à la sexualité est une de ses priorités depuis son arrivée au ministère ».

A l’origine du litige, une loi inappliquée

Le 4 juillet 2001 a été adoptée la loi relative à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception portée par la gauche socialiste majoritaire à l’Assemblée Nationale. Si son contenu est centrée sur l’IVG, à sa section 9 intitulée « l’éducation à la santé et à la sexualité », un article vient modifier le code de l’éducation disposant qu’ « une information et une éducation à la sexualité sont dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins trois séances annuelles ». Ces informations doivent présenter « une vision égalitaire des relations entre les femmes et les hommes », « contribuant à l’apprentissage du respect dû au corps humain » ou sensibilisant « aux violences sexistes ou sexuelles », voire « aux mutilations sexuelles féminines ».
En apparence, cette loi semble défendre des valeurs raisonnables si on exclut le fait comme le rappelle le ministère de l’Education nationale que « cette éducation à la sexualité ne se substitue pas à la responsabilité des parents et des familles ». Pourtant, la réalité est autre et l’État tend à supplanter la famille, prémices d’une dérive totalitaire de la société. Tant pis pour le niveau scolaire français en chute libre, les mathématiques et le français attendront, les priorités du ministre sont tout autres.
Dès lors, le constat est implacable : en septembre dernier, le Haut Conseil à l’égalité (HCE) regrettait que l’Éducation nationale ne soit « pas au rendez-vous ». Dans les faits, seuls 15 % des écoliers et des lycéens et moins de 20 % des collégiens en bénéficient, selon un récent rapport de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche. L’insuffisance et la dispersion des moyens, le manque de disponibilité des enseignants ont conduit les établissements à privilégier les autres disciplines ; autrement dit, à remplir son rôle : instruire telle que la concevait la tradition française. Charles Péguy nommait les professeurs les « hussards noirs », jeunes soldats de la République dont l’écrivain jugeait le combat digne de ceux de la Grande Armée…

L’Education nationale, nouveau berceau de la lutte contre les discriminations

Jean Zay, ministre de l’Éducation nationale en 1936, espérait que l’école « reste l’asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas ». Désormais, après la perversion universitaire, le wokisme retors cherche à s’implanter au cœur de la formation des jeunes : à l’école. Le plan d’action 2020-2023, élaboré par la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH), auquel se réfère le ministère de l’Éducation nationale porte une « attention particulière […] aux personnes les plus invisibilisées : lesbiennes, bi, trans, intersexes […] » nous informe nos collègues de Boulevard Voltaire.
La dynamique portée par Pap Ndiaye est comprise par les associations précitées qui ont ainsi le tribunal administratif de Paris sous la bannière « CAS D’ECOLE – L’Etat ne fait pas ses devoirs » pour demander l’application pleine et entière de la loi de 2001. Cette demande fait suite à une mise en demeure datée du 21 octobre 2022, où Pap Ndiaye avait répondu qu’il ne pouvait garantir la mise en œuvre effective de ces séances, faute de moyens.
Le développement de ces interventions dans le milieu scolaire présage un avenir sombre pour nos enfants. Il suffit de voir le contenu appliqué dans les établissements respectant la loi. Le Planning familial sensibilise d’ores et déjà 130 000 jeunes chaque année dans plus de 2 000 écoles, collèges ou lycées. Il insiste sur la nécessité de former les éducateurs pour éviter de « contribuer à reproduire un système binaire ». Autrement dit, seront abordés les thèmes de l’identité de genre et de la transidentité, … Ces ateliers constituent un véritable endoctrinement de jeunes wokistes en puissance. Pire encore, dans cette ambiance politisée, quel élève osera lever la main pour remettre en cause ces partisans de la cancel culture. Bientôt, les enfants de famille cisgenre seront pointés comme une minorité bruyante et dangereuse.
Ces ateliers, quoique inappliqués, sont devenus une nouvelle arme pour les partisans de l’idéologie LGBT qui sont incapable de faire la part des choses entre la vérité scientifique et objective et leur propagande militante.
Ce pan judiciaire n’est qu’une nouvelle arme dans le carcan des déconstructivistes, réaffirmée en 2018 par la circulaire Schiappa, la loi Aubry peut devenir le fossoyeur de l’Education nationale sous ses valeurs républicaines.

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Etienne Chouzet

Etienne Chouzet

Étudiant en droit à Paris, Étienne Chouzet est directeur de publication du site internet de L'Étudiant Libre
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