Le mot de l’International : un an après le début du conflit, l’Ukraine au cœur des préoccupations internationales

En cette fin de semaine, l'Étudiant libre revient pour vous sur l'actualité internationale de ces dernières semaines, centrée autour de la guerre en Ukraine. Au programme : conférence de Munich, Joe Biden et un discours de Poutine.

La Conférence de Munich ou la sécurité à l’honneur

La 59ème édition de ce rendez-vous annuel, pensé comme une sorte d’équivalent au forum de Davos, au cours duquel responsables politiques, militaires et diplomates débattent de la sécurité internationale, a notamment été marquée par le durcissement des positions occidentales vis-à-vis de la Russie, à un moment où le conflit ukrainien s’enlise de plus en plus. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, avait d’ailleurs reconnu en amont de la conférence que la guerre risquait de durer de « nombreuses années ». 

Reflet de la dégradation des relations entre les Etats occidentaux et la Russie, un nouveau train de sanctions, assorti d’une livraison supplémentaire d’armes à l’Ukraine, devrait prochainement être lancé, le temps pour les élites occidentales de coordonner leurs moyens. Même le Président français, qui a tenté à plusieurs reprises d’apparaître comme un médiateur entre Kiev et Moscou, s’est laissé aller à des affirmations plus tranchées, estimant que « l’heure n’était pas au dialogue » avec Vladimir Poutine et qu’il fallait envisager tous les moyens pour « assurer la défaite de la Russie ».

À y regarder de plus près, la partie n’est cependant pas encore gagnée pour les Occidentaux et leurs alliés. En effet, ceux-ci doivent convaincre une grande majorité des pays du Sud de prendre leurs distances avec Moscou, qui peut déjà compter sur la neutralité des puissances asiatiques telles que l’Inde et la Chine. De fait, si la plupart des nations de cet espace ont condamné les manœuvres russes tout au long de la guerre par leurs votes à l’Assemblée générale de l’ONU, aucune d’entre elles n’a rejoint la coalition qui impose des sanctions à la Russie. Cette attitude traduit sans doute une méfiance vis-à-vis des puissances occidentales, dont les tendances interventionnistes alimentent les frustrations des peuples du Sud. 

Quoi qu’il en soit, le retour à une logique de confrontation indirecte entre blocs, observable à l’issue de cette conférence, rappelle à bien des égards l’affrontement majeur de la seconde moitié du 20ème siècle : la Guerre froide.

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Joe Biden au chevet de l’Ukraine

Dans le sillage de la Conférence de Munich, le Président américain s’est rendu en Ukraine le 20 février afin de réaffirmer le soutien « indéfectible » des Etats-Unis au peuple ukrainien. La visite, si elle fut de courte durée (5h), n’en a pas moins représenté un symbole lourd de sens : pour la première fois dans l’histoire des Etats-Unis, un Président s’est affiché aux côtés d’autorités étrangères sur un théâtre de guerre, alors que la capitale vit encore sous la menace d’une offensive aérienne. Au-delà du soutien symbolique, Joe Biden s’est félicité de l’unité des alliés de l’Ukraine et a promis de fournir de nouveaux armements à celle-ci (artillerie, radars de surveillance).

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Le discours à la nation de Vladimir Poutine : une rupture proclamée avec l’Occident

Au lendemain de la visite du Président américain en Ukraine, le chef d’Etat russe a de son côté prononcé un discours sur l’état de la nation devant l’Assemblée fédérale du pays. À cette occasion, il a pu partager sa vision de la politique internationale et des rapports de la Russie avec le reste du monde. 

Une hostilité profonde aux élites occidentales s’est exprimée, prenant la forme d’un véritable réquisitoire. Accusées de détruire les identités de leurs propres peuples, pervertis par la banalisation de l’homosexualité et de la pédophilie, ces dernières sont désignées comme les principales responsables du conflit ukrainien, « de son escalade et du nombre de victimes ». Les motifs de la guerre, pour rappel qualifiée « d’opération militaire spéciale », ont été à nouveau expliqués par Vladimir Poutine. Il s’agit avant tout d’éliminer les « néonazis » au pouvoir depuis le coup d’Etat de 2014.

Plus concrètement, l’opposition de deux modèles de civilisations que remarque Poutine – démocraties libérales occidentales contre régimes autoritaires conservateurs – remet en cause les compromis nécessaires à la sécurité mondiale. Le discours de Poutine s’est ainsi achevé sur l’annonce du retrait de la Russie du traité START, un accord signé en 2010 avec les Etats-Unis destiné à limiter les arsenaux nucléaires.

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Guillaume d'Aiglemont

Guillaume d'Aiglemont

Etudiant en M2 à l'IEP de Strasbourg, Guillaume s'occupe des sujets internationaux au sein de l'équipe de rédaction du site
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