Le mot de la rédaction : Une fin de vie avant une fin de mandat ?

Borne chahutée, Borne martyrisée, Borne attaquée ! Mais Borne toujours là, oui toujours là par la force des choses… et par la force d’un président qui n’en a peut-être pas fini de s’en servir comme bouclier pour un projet toujours moins clivant, à savoir l’euthanasie…

« Toujours la banane, toujours debout ! » Ces mots de Renaud résonnent parfaitement pour notre toujours Premier ministre Élisabeth Borne. Mais voilà, la banane, elle flétrit. Fustigée de toute part, notre ministre en chef peine bien à « apaiser » les syndicats qu’elle reçut fatalement aujourd’hui même. À quoi s’attendre ? Grillée par la gestion calamiteuse  et godillante des débats sur le projet de retraite, et par son utilisation du 49-3, Borne est contrainte à l’immobilisme jusqu’au 14 avril – date à laquelle le Conseil constitutionnel remettra sa décision sur la réforme des retraites. 

Que peut-on espérer de cette décision ? Pour les opposants à la réforme des retraites, on attend une censure du Conseil constitutionnel à l’aide de deux arguments. Le premier, qui est le moins solide, repose sur l’absence de pérennité des débats parlementaires, à cause du contexte bouillant des rues parisiennes et, surtout, de l’utilisation de l’article 47-1, qui limitait le temps des débats à 20 jours à l’Assemblée nationale, et 15 au Sénat. Argument qui a assez peu de chance d’être retenu, dans la mesure où cette « insécurité » est un mécanisme constitutionnel… Enfin, le second, à propos des « cavaliers législatifs », c’est-à-dire ces dispositions introduites dans la loi, mais n’ayant pas pour objet principal le sujet de la loi. C’est le cas par exemple des clauses sur les carrières longues et l’index sénior, qui sont des mesures d’ordre du droit du travail, au milieu d’un texte de rectification financière. Ces mesures devraient donc être censurée, ce qui n’est en rien réjouissant, dans la mesure où elles représentent les concessions faites par le gouvernement, qui se frotte donc les mains de les voir potentiellement disparaître… Une victoire cache parfois une défaite. 

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Mais rassurons-nous, le gouvernement a compris la leçon et s’est rendu compte de l’impasse dans laquelle il se trouvait désormais, consigné à la « politique des petits pas ». Alors quoi de mieux pour relancer le gouvernement qu’un nouveau projet sur… l’euthanasie. Et oui, ayant compris que l’on combattait le feu par le feu, le gouvernement Borne s’apprête à faire appel à un pyromane pour éteindre le brasier allumé par la réforme des retraites. En fait de pragmatisme, on est pas mal. 

Au rendez-vous : la concrétisation d’un projet pour « un modèle français de la fin de vie » (pour reprendre les mots du président, ce lundi 3 avril). Après une fin de consultation des Français et la rédaction de conclusions par la convention citoyenne sur la fin de vie, il s’agirait donc de mettre en forme juridiquement et politiquement un projet concret pour un futur examen parlementaire. Brouillard que le gouvernement n’a pas encore vraiment abordé. Bref – le combat ne fait que commencer…

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Aurélien Charvet

Responsable du site internet de L'Étudiant Libre, étudiant en grande école
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