Un mouvement programmatique pour l’Europe des Nations : rencontre avec Impulsion Gaulliste

Un mouvement programmatique pour l'Europe des Nations ? l'Étudiant libre est allé à la rencontre d'Impulsion Gaulliste ; retour sur cette rencontre.

Étudiant libre : Qu’est-ce qu’un mouvement programmatique ?

Impulsion Gaulliste : Impulsion Gaulliste est mouvement programmatique : c’est bien davantage qu’un simple laboratoire d’idées sans devenir pour autant un parti politique.

Nous voulons offrir un bagage politique à tous ceux qui s’engagent pour la France et qui partagent nos valeurs gaullistes. L’idée, c’est de préparer les dirigeants à venir et les programmes qu’ils porteront.

Notre mouvement, contrairement à un laboratoire d’idées, n’est pas constitué d’une poignée d’individus concevant des propositions qui resteraient ignorées de tous. Au contraire, nous voulons véritablement les mettre en lumière et les diffuser largement en mobilisant toutes les forces vives, y compris celles qui ne se sentiraient pas légitimes à participer à la réflexion. Mais nous n’avons pas que pour objectif de créer des propositions : nous voulons aussi former ceux qui pourront les défendre. Autrement dit, nous organisons un ensemble d’activités sur le territoire afin que les membres puissent se former aux enjeux et moyens politiques. Nous voulons transformer les colleurs d’affiches en futurs élus qualifiés, qui connaissent leur territoire, qui sont familiers du terrain et des industries locales et qui ont l’expérience des échanges avec les acteurs économiques et sociaux. Nous voulons que nos membres découvrent toutes ces choses réservées habituellement aux élus. C’est tout cela notre mouvement programmatique : redonner du fond à tous ceux qui s’engagent pour avoir des élus dignes de la France.

EL : Qu’est-ce que le gaullisme et en quoi votre mouvement s’y rattache ?

IG : Notre mouvement, et c’est une de ses particularités, est un projet a-partisan, car nous voulons inclure le plus possible : ceux qui ont le courage de s’engager en France sont trop peu nombreux pour que nous puissions nous rétrécir encore par sectarisme…

Notre mouvement s’est donc questionné sur ce qui pouvait réunir un maximum de citoyens et quelles étaient les limites que nous devions apporter pour respecter la sensibilité de chacun.

Le principe sur lequel nous avons pu nous mettre d’accord, c’est que nous souhaitons que l’ensemble des personnes qui se situent dans une mouvance gaulliste puisse participer au projet. C’est une consigne large et nous tolérons les différentes interprétations et nuances existantes du gaullisme. Mais c’est aussi, en réalité, une limite rigide.

Certains envisagent l’économie comme une fin et non pas un outil au service de la Nation. Tout ne peut être saccagé ou vendu au prétexte du désendettement. L’État doit préserver les domaines stratégiques nationaux dans l’intérêt du peuple. Nous n’avons pas non plus voulu aider les futurs représentants de l’”extrême droite”. Je veux dire à ceux qui en ont reçu injustement l’insulte qu’ils ne sont pas concernés par mes mots. L’accusation générique que certains braillent à tout va pour censurer doit être combattu. Il y a bien en revanche des courants ultra-minoritaire composé de zigotos obsédés par les régimes totalitaires.

Nous avons défini le gaullisme par une double attache. D’abord à la Nation souveraine, qui protège son identité, sa cohésion, son héritage moral et philosophique et sa prospérité. Ensuite à la République, à ses valeurs, à ses principes, . Cette double attache, définissant toute la grandeur de notre pays, n’a qu’à seul objectif : la possibilité de bonheur pour les Français. Elle offre un contexte intellectuel que nous exigeons de nos membres.

Le projet s’est construit d’abord sur l’échéance des européennes à venir. Nous avons donc décidé que le point central de ce qui devait alimenter nos propositions serait de prendre le chemin de l’Europe des nations. La notion de souveraineté est essentielle. La France est une grande nation, ce n’est pas un pays comme un autre. Elle ne doit en aucun cas être dissoute et se diffuser dans un ensemble plus grand qui serait fantasmé par certains. Au contraire, elle ne peut participer qu’à une organisation qui lui rend sa grandeur. L’Union européenne fait de nous le vassal d’autres structures et d’autres empires. Si le Général de Gaulle a refusé, en 63 et 67, l’entrée des Anglais, c’était pour nous préserver de l’atlantisation. Que dire aujourd’hui de l’Union sinon qu’elle est la réalisation quasi finie de cette atlantisation, qu’elle est la transformation structurelle et linguistique d’une Europe qui est devenue un fantasme de petits new-yorkais. J’ai été choqué par la campagne en cours des affiches “You are EU” à travers le pays, énième démonstration toute symbolique que nos dirigeants ne se cachent plus de penser la civilisation européenne comme des Etats-Unis estampillés Démocrates au rabais.

Notre civilisation est européenne, mais la nation est, reste et sera toujours française. Les spécificités des nations sont très importantes pour moi dans la définition de ce que devrait être le projet européen. On est très fier de savoir que l’Europe est diverse, qu’il y a des systèmes et des cultures différents, des langues différentes, des Histoires différentes, et ce sont ces ensembles qui constituent la splendeur de l’Europe. Ce sont ces ensembles qui doivent non pas être aplanis, mais portés en étendard. Ce sont ces ensembles, souvent contradictoires, qui constituent la meilleure définition de la civilisation européenne et de pourquoi nous ne pouvons que l’aimer.

Au-delà des grandes valeurs qui peuvent être distribuées, nous devons revenir sur ce qu’a pu être la philosophie constituante de l’Europe de De Gaulle, ce qu’il a voulu en faire.

La présidence De Gaulle voulait un dirigisme français pour la politique commune, une capacité à intervenir sur le terrain, aider les industries, protéger les structures existantes. A l’inverse et c’est sans doute le fruit du traumatisme des périodes autoritaires, l’Allemagne était et est toujours dans une logique de libéralisme, qui ne doit surtout pas réguler, pour garantir un marché absolument libre et concurrentiel. Nous avons, par dogmatisme, laissé des filières entières se faire avaler. Nous continuons à en payer les conséquences. Le monde politique n’a pas à s’excuser de vouloir conserver son pouvoir et sa disposition à agir sur le fonctionnement de nos sociétés. C’est profondément sa noblesse.

Une délégation d’Impulsion Gaulliste au salon de l’agriculture.

EL: À qui allez-vous soumettre votre programme ? L’union des droites pour les européennes est-elle un but pour le mouvement ?

IG : Nous sommes un mouvement programmatique. Il y a donc des principes que nous garantissons ,ceci pour que chacun puisse s’engager, tout en respectant l’ensemble des principes et des fidélités possibles qui incombent.

Nous ne présenterons pas de liste et nous ne portons pas d’opinions sur la stratégie électorale et de politique générale à mener.

Nous savons que pour gagner, il faudra un rassemblement. Mais les partis politiques sont divisés sur la méthode et évidemment sur la tête qui doit l’incarner. Certains aspirent à un rassemblement des droites, d’autres au rassemblement de la droite, ou encore à l’union des souverainistes… Certains partis souhaitent même s’accaparer ou récupérer les adhérents, les talents ou les électeurs des autres… Je n’ai personnellement aucune certitude sur la formule magique qui sera couronnée par les Français et Impulsion Gaulliste se gardera bien d’en avoir. De plus, je respecte la légitimité et la pertinence des familles politiques en place qui représentent des sensibilités qui font honneur à la démocratie. Les Républicains ont tissé un réseau territorial extraordinaire d’élus dévoués qu’on ne peut pas balayer d’un revers de la main sans perdre la possibilité de gouverner.. Reconquête a apporté de la vigueur et monte au créneau avec résultat à chaque lieu de recul, ce que seulement la gauche n’osait faire jusqu’alors. Le Rassemblement National a réussi sa transformation, passant d’opposants criards à respectables et responsables élus dont les Français savent désormais les mérites. Des partis comme Debout la France conservent une droiture morale qui offre à tous une boussole loyale. Les mouvements de gauche, d’Onfray ou Kuzmanovic redonne une fraicheur intellectuelle dont nous avions tous besoin.

Les européennes doivent aussi se réfléchir à l’échelle régionale. J’ai été attentif aux discours de charme d’une partie de la droite européenne envers la coalition Meloni et aux couleurs portées par la Hongrie ou la Pologne qui ne donnent pas de certitude sur l’échiquier des partis politiques européens après 2024. Nous devons maximiser les chances que les idées gaullistes puissent faire mouche dans les institutions.

EL : Impulsion Gaulliste va-t-elle seulement s’intéresser aux thématiques régaliennes et économiques ou aussi aux thématiques éthiques et morales qui paraissent très importantes ? Êtes-vous opposé à la GPA par exemple ?

IG : J’ai été marqué lors d’anciennes élections européennes par des campagnes rapides et peu précises. On lance un rappel des troupes vers les urnes avec les thématiques attractives, immigration et perte de souveraineté, et ça s’arrête là. Il y a pourtant plus à faire : plus d’analyses et surtout des plus de propositions sur les autres domaines de compétences de l’UE. Il y aurait à redire sur le tourisme ou encore la pêche par exemple, même si c’est moins attractif électoralement. Et encore que !

Je constate l’évolution permanente des compétences que s’attribue l’Union Européenne. Chaque crise est devenue pour elle une opportunité. La gestion de la pandémie a été fortement démonstrative. Je suis critique sur cet accaparement et aussi conscient du peu de pouvoir d’initiative des parlementaires européens. Il faut cependant donner un maximum d’armes aux élus pour qu’ils puissent se battre et défendre les intérêts des Nations. Ce ne sont pas des combats perdus. C’est la raison pour laquelle nos propositions doivent concerner l’ensemble des domaines de compétence dont les parlementaires auront à se saisir.

Nous avons toutefois certains critères et recherchons le consensus dans les propositions. Celles qui déchirent les partis, et nous en avons un bel exemple actuellement à l’échelle nationale, n’ont pas d’intérêt à acter un positionnement. Elles sont la légitimité même des familles politiques qui marquent leurs nuances. Quand il y aura clivage en notre sein, nous laisserons le soin aux listes de se démarquer par elle-même.

Pour reprendre votre question sur la GPA, la réponse me paraît simple : je ne crois pas prendre trop de risque en affirmant que nous sommes des conservateurs et que nous nous méfions tous de la commercialisation du corps. Je vois le problème différemment : la question essentielle ne porte pas sur notre avis concernant la GPA, mais sur la manière dont nous allons construire des propositions juridiquement et politiquement stratégiques pour protéger les européens des dérives du progressisme. Le corps institutionnel de l’UE déverse régulièrement de la propagande woke qui n’aurait jamais dû quitter les campus américains. Arrêtons de les dénoncer avec félicité : stoppons-les.

EL : Quel rôle se donne Impulsion Gaulliste au-delà des élections européennes ?

IG : Impulsion Gaulliste s’est créée tout d’abord uniquement et exclusivement dans le cadre des élections européennes à venir. Le but est de se conformer aux spécificités et aux analyses de ces élections. En revanche, le mouvement créé pourra peut-être trouver une continuité et devenir un projet qui pourra se reproduire pour chaque objectif électoral à venir. Cela dépendra à la fois de l’ambition de ses membres et de la réussite de cette première itération. Nous verrons.

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EL : Quelles relations Impulsion Gaulliste entretient-il avec les différents partis politiques de droite, ou de tendance gaulliste ? Et avec les syndicats étudiants ? Parlez-vous avec le PS ou des gens comme Arnaud Montebourg ?

IG : Le projet a été initié par des jeunes provenant de différents partis de droite qui voulaient donner plus de sens à leur engagement en dehors des périodes électorales. Nous partageons une manière de parler, de voir les choses… surtout, nous n’avons pas eu le temps de nous planter mille couteaux dans le dos. Nous avons aujourd’hui des membres qui proviennent de l’ensemble des partis ayant des courants gaullistes, beaucoup d’entre-nous ont d’ailleurs des responsabilités. Nous avons dès le début mis des règles afin de nous clarifier : nous sommes complémentaires, respectueux et certainement pas un piège organisé dans l’ombre pour nuire à nos familles politiques. Nous voulons sincèrement former et offrir à ceux qui veulent des responsabilités de quoi réaliser des mandats utiles à la France. Même si nous ne souhaitons pas créer de partenariat pour rester indépendant, et que chacun nous rejoint individuellement, nous sommes soucieux de conserver un excellent lien avec les responsables des différentes organisations, car nous finirons par leur transmettre nos propositions. Nous n’avons jusqu’à présent reçu que de la bienveillance, même si le monde politique est ainsi fait que nous devons toujours faire preuve de pédagogie et montrer patte blanche : j’accepte la règle du jeu avec le plaisir de n’avoir rien à cacher.

Nos membres proviennent des principaux partis de droite, mais également de mouvements de gauche comme celui de Montebourg ou l’ancien porté par Chevènement. Ces acteurs-là, qui ont une sensibilité sociale poussée et qui auront peut-être un rôle à jouer, ont leur place naturelle et légitime. Nous voulons sincèrement les aider et leur permettre de profiter du projet. À eux de jouer leurs cartes politiques, les Français décideront. Ce qui compte à nos yeux, au-delà de nos fidélités partisanes respectives, c’est et ce sera toujours la France.

Nous avons bien sûr des membres des différentes organisations étudiantes que vous pourriez connaître. Ceux-là commençant sur les bancs des facs finiront sûrement sur ceux de l’Assemblée. Préparons-les.

Je veux en profiter pour parler aux frexiteurs. Ces courants pensent que l’Union européenne est un fruit intégralement pourri et que la seule chose à faire est d’en sortir. La pourriture, on est tous d’accord. Moins sûr sur quoi faire de la pomme.

Nous partageons cependant tous l’amour de la France et vous êtes les bienvenus dans le projet, même s’il est évident qu’on ne pourra pas proposer le Frexit. Cela rendrait caduque toute réflexion programmatique et serait de plus une entrave à notre neutralité sur la stratégie de politique générale. J’ai la certitude que nous avons au moins un bout de chemin à mener ensemble, vous devez aussi pouvoir vous former et être prêts si les Français décident un jour de vous donner mandat.

Nous avons pu parler des principaux partis politiques, mais je souhaite rappeler que ce ne sont pas exclusivement nos cibles. Nous visons aussi des partis plus modestes, des laboratoires d’idées et autres clubs de réflexion, les organisations étudiantes, et simplement les citoyens qui s’engagent professionnellement ou associativement à défendre notre Nation. Personne ne doit être oublié, car ils auront d’une manière ou d’une autre tous un rôle à jouer.

Pour retrouver Impulsion Gaulliste : https://impulsiongaulliste.fr


Entretien réalisé auprès de Lucas Mingorance, président du mouvement, par Dylan Baudouin. 

Marin Baudouin

Marin Baudouin

Chef de notre antenne à Poitiers et membre de la rédaction du site Internet de l'Etudiant libre
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