Hugo Clément : le nouveau (faux) meilleur ami de la droite

Hugo Clément a fait un gros coup. Un très gros coup. Mais passée la satisfaction de voir le cyber-clergé postmoderne excommunier l’un de ses pontes à grands renforts d’indignation douillette, il convient d’examiner le bilan de cet épisode au sein de notre propre camp. Une fois n’est pas coutume, le gros des troupes n’a pas brillé par sa pertinence.
Le journaliste Hugo Clément et le président du Rassemblement national Jordan Bardella, Paris, 13 avril 2023 © Barbara Viollet / Valeurs actuelles.
Le journaliste Hugo Clément et le président du Rassemblement national Jordan Bardella, Paris, 13 avril 2023 © Barbara Viollet / Valeurs actuelles.

Il ne sera pas question ici de se féliciter du maoïsme mental dans lequel la gauche cultive sa déchéance depuis trois décennies. Nous laisserons l’aventure du lieu commun aux rentiers de l’opinion que cela concerne. En revanche, la pleine dimension du succès du sieur Clément ne nous semble pas avoir été estimée à sa juste valeur. Car par-delà les cris d’orfraie aux haleines envinées d’Aurélien Taché, le combat écologiste, pour le dire mieux, le projet mondialiste dans sa version la plus religieusement acceptée, a avancé de sérieux pions dans l’enceinte du Dôme de Paris.

Hugo Clément, au fond, a eu simplement la vertu de la rationalité. Son combat étant déjà acquis dans sa cité idéologique, il s’en est allé prêcher derrière des remparts inconquis. Que lui importe d’être traduit en paria par une minorité brailleuse, rien de cette affaire ne viendra contester, dans les demi-consciences du siècle, la souveraineté de l’urgence climatique. Ainsi que tout militant devrait s’en montrer capable, il a sacrifié la respectabilité de sa petite personne à l’avènement de sa cause. Et comme trop souvent, la droite, trop heureuse de voir l’un de ses détracteurs la traiter autrement qu’en bête immonde, s’est aveuglée dans une confondante béatitude.

Il est au moins curieux de voir comment cette droite-là, si attachée aux valeurs de la liberté et de l’honneur, qui applaudit aux œuvres de Charrette et s’insurge devant le gouvernement moral des juges, finit inévitablement par s’assujettir symboliquement au règne de la bien-pensance. « Comment ? M. Clément accepte de nous parler ? Et ses glaires ne viennent pas même laver nos visages impurs ? Quels auspices nous ont donc bénis, qui enfin nous accordent le droit à l’expression de nos pensées inavouables ? ».

Certes, ce discours verse légèrement dans la caricature de l’ambiance qui régnait au Grand Débat des Valeurs. Il n’en demeure pas moins qu’à l’issue de la confrontation avec Jordan Bardella, certaines cervelles se sont faites à l’idée sordide que la conception écologique de M. Clément devenait acceptable, du moment que n’était souillée la lutte contre l’immigration. C’est là qu’il convient de rappeler aux nouveaux défenseurs de M. Clément quelle idée celui-ci se fait du combat écologique.

M. Clément reste et demeure un farouche militant de l’abolition de toute exploitation de l’animal par l’Homme. De l’élevage de poulets en batteries, plus compréhensible, au simple troupeau de brebis gardé par le pâtre et son chien, moins évident. M. Clément plaide pour des forêts privées de chasses, des montagnes sans pâturages, des arènes vidées de leurs taureaux. M. Clément rejette l’omelette et exècre le tartare. Ce que l’on nomme aujourd’hui la ruralité, est qui n’est rien de moins que le lit vermifugé de notre civilisation, il ne se félicitera jamais assez de le voir disparaître. Faut-il rappeler qu’il est l’un des promoteurs du projet, devenu fiasco, de la reprise du zoo de Pont-Scorff ? Faut-il marteler qu’il s’est fait l’ami du loup au détriment du berger ?

Il ne s’agit pas ici de se scandaliser de la venue de M. Clément dans ce débat. Mais c’est lui devoir le respect le plus strict que de le considérer tel qu’il est, et de n’en pas faire un artisan droitisé de l’enjeu climatique. Il convient alors de questionner le choix de Valeurs Actuelles d’avoir cédé à sa demande en acceptant de faire un don de 2 000 euros à la fondation Brigitte Bardot. N’est-ce pas là ratifier une soumission morale inutile à cette vision de l’écologie ? N’est-ce pas là tromper la sincérité de spectateurs partisans d’une conception plus conservatrice et localiste de cet enjeu, qui ont financé à leur insu les pourfendeurs de leur monde ? À en croire les organisateurs, M. Clément valait bien une vesse.

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Valentin Schirmer

Valentin Schirmer

Animateur radio à Ligne droite, Valentin Schirmer est aussi le rédacteur en chef de la revue papier de l'Étudiant libre
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