Comme bon nombre de français, j’étais fébrile, posté devant mon écran à l’annonce du début de la séance à l’Assemblée nationale qui allait se clôturer par le vote de la réforme des retraites. Fébrile…C’est peu dire… Aux aguets… Comme tout un pays… Des réformes, la France en a connu, mais d’aussi inclusives ? Rarement… Tous les français presque sans exception vont être concernés… Le principal point de désaccord ? Le décalage de l’âge de départ à la retraite passerait de 62 à 64 ans.
Depuis plusieurs semaines, les députés des différents groupes d’opposition jouent au plus entêté, au plus fort, au plus déterminé face au Gouvernement actuel. Le projet retoqué de l’Assemblée sans vote est passé au Sénat. Les sénateurs avec une majorité LR ont adopté le projet de loi. S’en est suivi la création d’une commission mixte paritaire, donc de sept députés et de sept sénateurs afin de trouver un accord entre les deux assemblées sur ce projet de loi. Là encore, l’âge de départ à la retraite à 64 ans est adopté.
Tractations à Matignon et à l’Elysée avant le retour devant les députés. Le 49.3 est déposé sur la table en parallèle de la proposition de dissolution de l’Assemblée. La première semble irréaliste et sonnerait comme un ultime bras d’honneur au processus démocratique dont les macronistes semblent de plus en plus coutumier ; et la seconde, une balle dans le pied. Elisabeth Borne monte à la tribune avec vingt minutes de retard. Des huées l’accablent de toutes parts, une Marseillaise retentit mais le 49.3 est dégainé : la bombe est lâchée. Rien, pas même les larmes de la Première ministre en sortant de l’hémicycle ne viendront exercer un émoi sur l’onde de choc qui se propage en France.
L’échec de la motion de la censure transpartisane ne dupe personne, le Gouvernement a réussi à faire passer en force sa réforme si chère à leurs yeux dans un vacarme antidémocratique. Exaspérés, la « foule » se dirige vers la place de la Concorde à Paris, à deux pas de l’Assemblée. S’ensuit alors les effluves d’une contestation populaire montant de tous les coins du pays avec en parallèle des débordements désormais inhérents de ces manifestations. Alors que Paris, égale à elle-même , mène plus ou moins la danse, elle est rejointe par les murmures des rassemblements de Bordeaux, Marseille, Lyon…Cette mobilisation peut faire pâlir Macron et inquiéter son Gouvernement car la mobilisation ne faiblit pas malgré les jours qui passent. Le profil de ces premiers manifestants ? Pour la plupart des jeunes mais d’aucun partis politiques bien définis. Les “enfants de monsieur et madame tout le monde” comme le dirait Guillaume Bigot. Signe évident que la contestation est présente dans toutes les strates de la société.
Depuis l’étranger, on assiste avec horreur à l’insurrection française. Macron est décrit comme un “canard boiteux” par la presse anglaise mais semble déterminé. Pire, il “n’a aucun scrupule ni aucun regret”. De sa tour d’ivoire, il contemple “ses administrés”. Les ministres, garde-fous qu’ils sont, veillent aux alentours de la tour d’ivoire, pendant que le peuple essaie de trouver un échappatoire à la réforme par le biais des manifestations.
La colère est grande dans le pays. Dupés, trahis, les français mesurent alors l’étendue de l’ hypocrisie politique qui se joue sous leurs yeux. “C’est un déni de démocratie”. Des slogans fusent de gauche pour la plupart, mais qu’importe tant que le message passe. Les Gilets jaunes ont disparu mais les mêmes visages manifestent comme un air de déjà-vu.. Les manifestations en continu ne faiblissent pas. CNEWS parle “d’un possible embrasement du pays”… Trop tôt pour le dire… Déjà au moment des Gilets jaunes, ces termes étaient sur toutes les bouches et pourtant tout est retombé.
La Gaule réfractaire est loin d’être une nation apaisée, la tour d’ivoire s’effrite et pendant ce temps-là, c’est le spectre des JO qui se rapproche tout doucement et avec lui, le regard inquiet de la planète entière…
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