Pacelli, Vicaire du Christ
Eugenio Pacelli, élu pape sous le nom de Pie XII en 1939, décide de consacrer sa première encyclique (Summi Pontificatus) à la condamnation de l’invasion de la Pologne par Hitler, texte qui constitue alors une véritable « attaque directe contre le troisième Reich » selon l’ambassadeur allemand auprès du Saint-Siège. Pie XII multiplie les protestations – publiques ou officieuses – quant au traitement des juifs. Sans en faire la liste, citons seulement le message radiophonique de Noël 1942, où le pape dénonce les persécutions raciales et le massacre qui commence, en des termes qui font dire au New York Times que la voix du pape est « la voix solitaire qui brise le silence d’un continent ».
En 1943, la chute de Mussolini entraîne l’occupation par les Allemands des deux tiers de l’Italie. Le drapeau à croix gammée flotte sur la ville de Rome. Les nazis ne tardent pas à rançonner la communauté juive en exigeant 50kg d’or en échange de la vie sauve. Pie XII participe au paiement de cette rançon, même si les Allemands, ne tenant pas leur parole, déportent malgré tout les juifs. Pie XII parvient alors à en cacher 477 au sein du Vatican, et plus de 3 000 dans son palais de Castel Gandolfo. Parmi eux, le grand rabbin de Rome, Israël Zolli.
À l’issue de la guerre, nul ne songe donc à faire de Pie XII un homme silencieux ou complice face aux nazis. En 1946, Israël Zolli, très profondément marqué par le courage du pape et la résistance des catholiques, se convertit au catholicisme et choisit pour nom de baptême celui de son sauveur : Eugenio.