L'Étudiant Libre

L’insécurité : fantasme ou réalité ?

Nous ne pouvons pas dire que les choses s’améliorent, les faits et les chiffres parlent d’eux-mêmes, la violence en France se complaît dans le manque notable d’efficacité de notre justice. Invité sur Europe 1 le mardi 1er septembre 2020, le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, expliquait que l’insécurité était de l’ordre de la chimère : « l'insécurité, il faut la combattre, le sentiment d'insécurité, c'est plus difficile car c'est de l'ordre du fantasme ». Qu'en est-il réellement ?
Crédits : Pixabay

Le ministère de l’Intérieur a fait paraître les chiffres concernant l’année 2021. Le constat fait froid dans le dos : violences sexuelles (+33%), escroquerie (+15%), coups et blessures volontaires (+12%), vols sans violence (+5%), homicides (+4%),… La liste est encore longue… Il n’est pas certain que l’on puisse affirmer sans sourciller que l’insécurité n’est qu’un sentiment d’insécurité lorsque l’on note 838 agressions avec coups et blessures chaque jour en moyenne, avec de surcroît, une évolution largement à la hausse (+12%).

Bien que la violence soit inhérente à toute société humaine, il s’agit de trouver les moyens adaptés à la situation et à l’époque afin que ces dernières ne puissent rompre le pacte social.

Qu’en pensent les Français ?

Selon un sondage IFOP réalisé pour AVOSTART, 70% des Français approuvent l’idée que le terme « ensauvagement » est fondé pour décrire l’évolution des violences dans la société. Il y a là certainement une réelle dissonance entre l’opinion publique et les membres de notre gouvernement. François Kraus explique même dans une interview donnée au Figaro en septembre 2020, que beaucoup estiment que le terme « d’ensauvagement » est adynamique face à la réalité de la situation. Une réalité et un sentiment d’ailleurs largement partagés par l’ensemble des sensibilités politiques. Ce sont les propos du Garde des Sceaux qui ne font donc pas l’unanimité, même dans son propre camp.

Les plus grandes victimes de cette insécurité plus que notable, ce sont les femmes, les jeunes filles, les mères de notre pays. En effet, d’après l’Institut Paris Région, 63% des femmes en France ressentent et subissent l’insécurité, principalement dans les métropoles, dans la rue et dans les transports. C’est d’ailleurs avec stupeur que nous constatons, encore plus cette année, l’augmentation des agressions sexuelles de +33% en 2021.

Des cas quotidiens : une justice impuissante et inefficace

Encore ces derniers jours un prêtre a été percuté par un scooter qui tentait de fuir la police. Sur le boulevard Haussmann, les policiers ont pris en chasse deux individus sur un scooter. Selon les informations d’Europe 1, l’un des jeunes de 18 ans était déjà placé sous contrôle judiciaire, il lui était d’ailleurs interdit d’entrer dans le VIIIème arrondissement. Ces derniers ont été interpelés et testés positifs au cannabis. La récurrence de ces crimes et de ces délits nous fait presque oublier qu’ils existent, qu’ils sont le quotidien de beaucoup de nos compatriotes et de nos forces de l’ordre.

Tout cela sans compter les zones de non droits qui existent aujourd’hui dans notre pays comme par exemple à Marseille, en Seine Saint Denis, dans la région Lilloise,… Ce n’est cependant pas de l’avis de tout le monde : « Il n’y a pas de zone de non-droit à Marseille », assurait Frédérique Camilleri (préfète des Bouches-du-Rhône) à BFM. Pourtant, de nombreux reportages, témoignages et films, expliquent le contraire. Dans un reportage publié en août 2021, l’émission Quotidien montrait grâce à ses images que l’accès à la cité des Flamands à Marseille, était conditionné à la discrétion des trafiquants de drogue faisant le contrôle à l’entrée, c’est d’ailleurs ce que confirme un policier de Marseille qui témoigne dans le Figaro. Pour Karine Sabourin, magistrate au tribunal judiciaire de Marseille il y a des « endroits où, durablement, le droit n’est pas respecté ». Elle explique aussi que « la volonté de ces réseaux est de créer des enclaves qui leur appartiennent. L’objectif est bien de rendre difficile l’accès à ces zones aux personnes indésirées, en premier lieu desquelles, la police ».

Deux facteurs à cette impunité : un manque de moyens pour la police et un droit parfois trop contraignant. C’est en tout cas la conclusion du Beauvau de la Sécurité initié par le gouvernement actuel et Gérald Darmanin. Toutefois, le principal problème est probablement une justice qui ne suit pas, une justice qui ne prend pas le relai de la police, une justice qui n’applique pas les peines faute de moyens : donc une justice qui ne fait pas peur. Actuellement les prisons sont saturées, un taux d’occupation de 103% avec 62 673 prisonniers pour 60 583 places (au 1er janvier 2021) d’après l’Observatoire international des prisons, ne permettant pas l’application des peines. De plus, nombreux sont d’accord pour affirmer qu’aujourd’hui les peines et les décisions de justice ne sont pas toujours à la hauteur des délits ou crimes commis, et pleines de compromission. N’y a-t-il pas là un enjeu fondamental pour l’élection présidentielle 2022 ?

Le rapport du SSMSI commence avec les prolégomènes suivants : « La majorité (87 %) des mis en cause impliqués dans des vols ou des violences dans les transports en commun sont des hommes, plus de quatre sur dix sont identifiés comme mineurs et plus de la moitié seraient de nationalité étrangère ».

Quel lien entre immigration et insécurité grandissante ?

Sûrement pas le seul facteur, malgré tout, il existe un lien de cause à effet non négligeable. Le 17 décembre 2020, le Service Statistique Ministériel de la Sécurité Intérieure (SSMSI) publiait son rapport annuel sur « les vols et violences dans les réseaux de transports en commun en 2019 ». Ce dernier met en avant deux chiffres très intéressants : 93% des vols et 63% des agressions sexuelles dans les transports en Île-de-France sont le fait de personnes étrangères. Le rapport du SSMSI commence avec les prolégomènes suivants : « La majorité (87 %) des mis en cause impliqués dans des vols ou des violences dans les transports en commun sont des hommes, plus de quatre sur dix sont identifiés comme mineurs et plus de la moitié seraient de nationalité étrangère ». Une corrélation indéniable, du moins dans certains lieux en France, notamment dans les métropoles. Le bilan sur le sujet de l’immigration n’est pas plus glorieux : autour d’un millions d’étrangers demeureraient illégalement sur le territoire français d’après Patrick Stefanini, ancien secrétaire général du ministère de l’Immigration. De plus, nous constatons que cette tendance est haussière : le nombre de bénéficiaires de l’Aide Médicale d’État (dispositif réservé aux étrangers en situation irrégulière) s’est accru de 128% entre 2001 et 2018 d’après l’Observatoire de l’Immigration et de la Démographie Français. Le bilan du gouvernement actuel et des gouvernements successifs sur ce sujet n’a jamais été aussi catastrophique, dans les faits et aux yeux des Français. Certes pas le seul facteur, néanmoins les faits sont là, ils soulèvent des questions…

Des facteurs sociaux et économiques aussi à l’origine de l’accroissement de ces violences

Concernant le facteur économique, prenons le cas des violences conjugales. En effet, ces dernières ne préservent aucune strate sociale. Néanmoins, nous constatons tout de même qu’il existe une forte propension à ce type d’actes dans les milieux sociaux les moins aisés. D’après une étude de l’ONDRP, 35% des femmes ayant subi des violences conjugales appartiennent aux 10% les plus pauvres de France alors que seulement 8% dans les 10% les plus aisés. Cyril Rizk, directeur des statistiques de l’ONDRP, explique que « les femmes les plus pauvres ont une fréquence de violences déclarées quatre fois plus élevée que les femmes des ménages les plus riches ». C’est un phénomène qui s’avère plus évident du fait du cumul de la misère dans ces milieux-là : alcoolisme, drogue, chômage,… – sont à l’évidence des facteurs importants qui permettent le développement de la violence plus aisément.

Prenons en considération par exemple la banalisation des jeux vidéo violents concernant le cas des jeunes : le docteur Mouchabac, psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine, a érigé un audit éclectique des travaux scientifiques publiés sur le sujet qu’il explique au Figaro : « une chose est sûre, ces études aussi rigoureuses soient-elles, peinent à suivre la vitesse vertigineuse avec laquelle ces programmes évoluent dans le sens d’une banalisation accrue de scènes de violence. » Il explique que non seulement les jeux vidéo créent une forme d’addictivité, mais qu’ils sont aujourd’hui au détriment de la sensibilité humaine de plus en plus réalistes. Nous sommes arrivés à une époque où les jeux vidéo ne donnent pas seulement la possibilité de tuer mais bien de voir le sang couler, de voir l’agonie à travers un écran. Sur un plan scientifique, une étude menée aux États-Unis par Anderson montre des effets négatifs comme des sentiments hostiles, de l’anxiété, de l’intolérance à la frustration. De plus, cette dernière constate que les comportements agressifs physiques et verbaux sont plus itératifs. Sur la durée, l’étude montre que certaines personnes deviennent agressives, éprouvent moins d’empathie envers les autres.

En résumé, il serait intellectuellement malhonnête de ne pas reconnaitre l’insécurité croissante en France liée tant à des facteurs économiques, sociaux que migratoires en passant par une inefficacité notable de la justice en France.

Grégoire d'Aubigny

Grégoire d'Aubigny

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