Le drapeau tricolore que l’on déploie dans la plupart des cérémonies officielles, civiles ou militaires, et sur les bâtiments étatiques, nous vient de la Révolution française. En effet, il est le fameux résultat de la réunion de trois couleurs : le blanc de la monarchie, et le bleu et le rouge de la ville de Paris. Bailly, le premier maire de Paris, évoque alors un symbole de patriotisme et « l’alliance auguste et éternelle entre le monarque et le peuple ». Mais certains monarchistes répugnent à se montrer aussi naïfs : si le blanc du monarque est placé entre les deux couleurs révolutionnaires, c’est aussi pour signifier que désormais la monarchie est encadrée et
contrôlée. Qu’a-t-on fait de ce blanc uni, couleur du roi, de la paix, de la pureté, une couleur qui
voulait dire « France » aux yeux du monde ?
L’histoire d’une puissance monarchique
Les trois couleurs du drapeau actuel ont traversé les siècles et ont perduré, chacune à leur
manière, jusqu’à s’assembler à l’aube d’une nouvelle France. Le bleu est associé à la France
depuis l’époque de Clovis. Il est le premier roi à avoir fait de cette couleur celle de l’armée.
Comme une évidence pour les Français d’alors, le bleu est aussi la couleur du manteau de la
Sainte Vierge, protectrice du pays. Le rouge, quant à lui, se fait plus discret sur les emblèmes
nationaux. Il est l’emblème du sang versé, du martyre de la foi, mais aussi la couleur des
cardinaux. Le blanc, c’est la pureté, la paix, l’allégorie de l’ange Gabriel aussi, promesse
d’espérance.
C’est au Moyen-Âge que survient la tradition de l’étendard, de la bannière, comme un signe de
reconnaissance dans les combats, que les soldats pouvaient remarquer de loin. Il est aussi et
surtout un signe de ralliement. Ne dit-on pas couramment, lorsque l’on appelle les hommes à la
guerre : « se réunir sous les drapeaux », ou bien « combattre sous les drapeaux » ? Tout un
symbole. La première bannière française connue à ce jour est celle du roi Louis VII partant pour
la croisade de 1147. Tels les vêtements du sacre, le bleu usuel est parsemé de fleurs de lys
d’or. Comme un rappel que le monde des élus, la Jérusalem céleste, est appelée à venir en
aide à la France. Par la suite, Charles V réduit le nombre de fleurs de lys à trois, en l’honneur
de la Sainte Trinité. Cette bannière de France subsiste jusqu’aux obsèques de Louis XVIII en
1824.
Et dès le début du XIVème siècle, le blanc devient officiellement la couleur des Français, en
opposition à la croix rouge des Anglais. Il est donc plus que jamais de mise durant la Guerre de
Cent ans. Ainsi, l’étendard du « Roi du ciel » que brandit Jeanne d’Arc possède un champ
blanc. Et, lors de l’entrée des troupes de Dunois à Bayonne en 1451, une croix blanche
apparaît dans le ciel. De même, le pennon fleurdelisé qui suit le roi au sein de l’armée, en
marche et au combat, est remplacé par la cornette blanche dès 1495. Celle-ci demeure, en
signe d’autorité, jusqu’à Louis XIII. Quant à la croix, elle perdure aussi sur les drapeaux de
l’infanterie française au XVIème siècle et sur les pavillons de la marine marchande. Pour le monde
entier, la France c’est le blanc. Il est toujours arboré par le roi de France sur les champs de
bataille. Ainsi, la célébrissime tirade de Henri IV à ses hommes, avant la bataille d’Ivry en 1590 :
« Ne perdez point de vue mon panache blanc, vous le trouverez toujours au chemin de
l’honneur et de la victoire ! ». Tout un programme.