L'Étudiant Libre

Le scoutisme : une solution pour une jeunesse engagée ?

« Ce matin, la place Saint-Sulpice était interdite d’accès aux citoyens parisiens pour cause d’un rassemblement de scouts catholiques pour beaucoup d’extrême droite » commentait le maire du VIe arrondissement de Paris lors du célèbre pèlerinage de Chartres. Ces mots s’ajoutent à une longue liste de propos et de critiques tenus à l’encontre de ces multiples mouvements de scouts et de guides. Bien populaire dans nos milieux et bien combattue ailleurs, c’est au tour du scoutisme de déranger. La raison vient sans doute du fait que ces différents mouvements continuent d’apporter des valeurs et une pédagogie mettant en avant le sens de Dieu, le sens de son Pays, le sens du service, le sens du beau, du bon, du bien et du vrai ainsi que toute une liste de valeurs qui contribuent à l’éducation de nos jeunes.  Nous ne cesserons jamais d’entendre notre entourage se plaindre d’une jeunesse dépourvue de valeurs et de débrouillardise, détachée de son pays. D’une génération canapé et jeux vidéo, sans éducation, ni politesse, ni courage. Ni les familles, ni l’école n’enseignent aujourd’hui ces choses. Elles les combattent même parfois. Mais l’école de vie qu’est le scoutisme continue de nager à contre-courant et de transmettre cet idéal. Car, si nous ne sommes pas en mesures d’offrir d’idéaux à nos jeunes, ceux-ci se détourneront tout naturellement vers d’autres frontières et d’autres idéaux, comme le démontrait Philippe de Villiers, il y a encore peu de temps.. 

Ainsi, si la pédagogie de Baden-Powell a connu récemment différentes crises médiatiques, il est malgré tout légitime de nous poser cette question : Et si, pour répondre aux enjeux de notre époque, le scoutisme était une solution ?

L’histoire du Scoutisme

C’est lors du siège de Mafeking, durant la deuxième Guerre des Boers en 1896, qu’un jeune officier de commandement répondant au nom de Lord Robert Baden-Powell sauva sa ville assiégée depuis plus de 217 jours par l’ennemi, pourtant bien plus nombreux. Pour ce faire, il mobilise alors la jeunesse masculine de Mafeking qui traînait dans les rues, et s’en servit en tant que messagère, éclaireuse, sentinelle et observatrice. Cette stratégie vaudra aux Anglais la victoire, et à Baden-Powell une récompense de la couronne d’Angleterre. Par cet événement, il put démontrer que, lorsqu’on accorde confiance aux jeunes, ceux-ci sont capables d’accomplir de grandes missions. Il le développera dans un livre qui nommera Aide to scouting, destiné aux militaires.

Il découvre alors que son livre est particulièrement lu, et lui offre une renommée dans tout le pays. Des éducateurs appliquent dès lors ces méthodes et nombre de conseils lui sont demandés par des garçons britanniques. Constatant le déclin de la jeunesse des banlieues, il va mettre en œuvre les leçons que lui aura apporté cette aventure. Il va alors se documenter, s’inspirer, rechercher et mettre en place toute une méthode pour parvenir à ses fins.

« Je me mis à l’œuvre pour transformer ce qui était un art d’apprendre aux hommes à faire la guerre, en un art d’apprendre aux jeunes à faire la paix ; le scoutisme n’a rien de commun avec les principes militaires. » R. Baden-Powell

C’est en 1907 que Lord Robert Baden-Powell organise son premier camp en rassemblant des jeunes de tous milieux et toutes catégories sociales, en mettant en place différents jeux qui donneront naissance à quelques premières aventures. A la suite de ce premier séjour, il rédige un nouveau livre intitulé Scouting to Boys, manuscrit qui, espère-t-il, donnera l’idée aux jeunes de toute l’Angleterre de se rassembler en équipes, nommées “ patrouilles”, dans le but de suivre son exemple. Ce fut le cas. Des groupes d’un peu partout lui écrivent alors pour lui demander de l’aide et des conseils. Les premiers groupes scouts de l’air, nautiques, et de tout un tas d’autres spécialités apparaissent. Le scoutisme est né. 

Les valeurs du scoutisme 

Cette pédagogie de l’éducation des jeunes par les jeunes aura traversé les années et les frontières pour devenir aujourd’hui un soutien à l’éducation des enfants dans les foyers catholiques et une opportunité pour les jeunes démunis de formation de recevoir les moyens pour devenir des Hommes droits, libres et heureux. Loin des colonies de vacances, ici, le chef a un rôle d’éducateur. L’idéal prôné est ambitieux et détient une noblesse sans doute négligée par les détracteurs de ce dernier. 

« Sur mon honneur, avec la grâce de Dieu, je m’engage à servir de mon mieux, Dieu, l’Église, ma patrie ; à aider mon prochain en toutes circonstances ; à observer la Loi Scoute ». Promesse scout (12-17 ans). 

Le sens de Dieu et le sens du pays sont sans doute ce qu’il y a de plus marquants. En effet, les mouvements scouts catholiques tels que l’Association des Guides et Scouts d’Europe, ou les Guides et Scouts unitaires de France ont pour boussole la transmission de la foi et un profond attachement pour leur pays, qui va au-delà d’une simple leçon apprise. De fait, ces deux points d’orgues font partie des fondements de la pédagogie et rythment la journée de ces scouts. « Au Seigneur les derniers et les premiers mots du jour », entends t-on dans certaines troupes, car, il est vrai, pas une seule journée ne commence sans la prière du matin et ne se termine sans celle du soir. A midi est chanté l’angélus, prière dont la tradition française subsiste grâce au scoutisme. Toutes les étapes de progression du scout sont faites avec Dieu et tous les engagements sont pris devant lui.

Le drapeau y trouve tout autant sa place. Comme la prière, il encadre la journée. En effet, lors d’un rassemblement en uniforme, celui-ci est levé et salué, puis sera baissé le soir. Ce dernier ne se fait manipuler qu’avec des gants blancs. Une manière d’enseigner aux jeunes un patriotisme fondamental.

« Nous demandons à être considérés comme toujours de service, et quoiqu’il en coûte nous répondrons prêts. Que Dieu nous aide à garder notre Foi. Si nous manquons que la troupe nous juge, si nos avançons qu’elle nous suive » Texte de l’engagement raider. 

Le sens du service fait également partie des valeurs transmises dans le scoutisme dans toutes ses branches, comme le démontrent ces quelques mots extraits du cérémonial de l’engagement raider. Cet engagement pousse les jeunes qui désirent le prendre à un courage exemplaire : « Voici l’insigne Raider. Rappelez-vous qu’il ne doit jamais être porté par un lâche et qu’il vous oblige à tout risquer pour ceux qui sont dans la détresse, même votre vie » mentionne celui-ci.

L’esprit de corps est, de la même façon, l’un des piliers du scoutisme. En effet, le dépassement de soi, qui est l’un des fondamentaux, passe aussi par l’aspect physique et hygiénique. Seront également enseignés par le jeu et la vie scout le sens de la hiérarchie et toute une liste d’acquis technique allant des nœuds jusqu’aux premiers secours, en passant par des méthodes de froissartage qui leur permettront de dormir dans des tentes surélevées, faire des fours, des tables et autres constructions utiles à une vie de camp sereine. L’uniforme permet quant à lui, d’apprendre le sens de la discipline, du sacré et du soin.

La non-mixité permet, de son côté, d’assurer aux jeunes un bon enseignement sur ce qu’ils sont. Que les garçons apprennent à devenir des hommes, et les filles à devenir des femmes est aujourd’hui une nécessité, car, si cette idée paraît naturelle aux yeux de certains, celle-ci est en réalité en danger. Voilà encore une réponse qu’apporte le scoutisme à travers ces fondamentaux. 

En bref, les valeurs prônées par le scoutisme et les apports de ces mouvements sont bien trop nombreux pour tous les résumer. Cette pédagogie participe activement à la construction du jeune et peut radicalement changer une vie. L’idéal du scoutisme répond à une certaine grandeur, une certaine droiture comme le montre les différentes lois et cérémoniaux de progression. Il est un apport très complet à l’éducation du jeune.

« Veux-tu demeurer viril et sobre, n’être esclave ni de tes caprices, ni des modes, ni des erreurs du jour, et garder toute ta vie une âme de pauvre ? As-tu songé que pour avoir accès à la route il faut commencer par sortir de ta maison et de toi-même, renoncer à ton égoïsme, à ton confort, à ta sécurité, rechercher ce qui est difficile et vouloir vivre rudement ? As-tu compris qu’un routier scout doit aimer passionnément la vérité, qu’il ne se contente pas d’à-peu-près, ou de la possession tranquille de vérités toutes faites ? Veux-tu, en toute chose, rechercher humblement le vrai et servir librement l’ordre retrouvé sans écraser les autres sous le poids de ta découverte ? » Extrait du départ routier.

Augustin de Saulieu

Augustin de Saulieu

Le scoutisme : une solution pour une jeunesse engagée ?
Retour en haut