1397800 ; Ce sont les pertes militaires durant la Première Guerre mondiale côté français. Des hommes, des pères, des frères, des maris. Ils étaient parfois à peine adultes, sortant tout juste d’une adolescence qu’ils auraient aimé prolonger. Ces militaires par défaut ou par convictions, dont la vie a changé en un éclair, ont donné leurs vies pour que nous puissions profiter de la nôtre. Malgré l’héroïsme dont ils ont fait preuve, certains sont oubliés du peuple français ; héros sans visages et sans sépultures. Rendre hommages à ces soldats, c’est la mission que s’est donnée l’association « Mémoires de 14-18 » que « L’Étudiant libre » vous invite à découvrir au travers de cet échange.

Bonjour à vous, tout d’abord, pouvez-vous vous présenter ? 

Depuis combien de temps cette association existe ?

Comment est-elle née ? 

L’association a été fondée en 2020. Ce qui au départ n’était que de simples partages de témoignages et de photographies d’époque, s’est transformé petit à petit en véritable Association qui œuvre pour la Mémoire de Ceux de 14.

À l’origine de cette initiative, deux âmes sensibles à l’histoire tragique, aux sacrifices et à l’héroïsme des Soldats de la Première Guerre mondiale : Camille et Henri. C’est un couple de descendants de Poilus oubliés, ayant un lien très intime avec leur histoire passée – celle personnelle et contemporaine rejoignant celle qui les a précédées. 

C’est notamment grâce à deux Soldats en particulier que l’association existe : Léon et Adrien, deux aïeux de Camille, qui, lorsqu’elle a découvert leurs noms et leur histoire par ses seuls moyens de jeune passionnée d’histoire en pleine quête d’identité, fut bouleversée à jamais par ces deux héros de la Grande Guerre.

Ces héros dont elle est la descendante avaient été totalement oubliés à notre époque contemporaine et c’est ainsi qu’elle comprit alors qu’elle devait agir pour que tous leurs camarades ne tombent pas dans l’oubli comme ses aïeux l’ont été et c’est ainsi que Mémoire de 14-18 est né.

Combien êtes-vous dedans ?

Aujourd’hui, l’association compte officiellement quatre personnes. Nous avons la chance d’avoir fait la rencontre de deux personnes devenues de vrais amis, Frédéric et Julien, tous deux aussi descendants de soldats, grâce à l’association ou plutôt… grâce aux Poilus.

Sur quels réseaux êtes-vous présents ? Que peut-on retrouver dessus ?

Numériquement, nous sommes principalement sur Instagram, YouTube et notre Site Internet, mais aussi sur Facebook. Chaque plate-forme touchant un public différent, il est important pour nous de partager sur ces divers réseaux afin de sensibiliser les gens à notre cause qu’est le Devoir de Mémoire de la Première Guerre mondiale.

Notre contenu est varié, l’on peut retrouver des Revues littéraires comme des articles sur des Histoires de Guerre, ou encore ce qui est devenu notre petite spécialité, les Portraits de Guerre des Soldats oubliés.

Quelle est l’histoire et le principe de ce dernier concept ?

Certains Soldats sont entrés dans l’histoire, possèdent des articles, des livres et documentaires à leur sujet. Si nous sommes heureux pour ces hommes, nous, nous souhaitons parler de ceux qui ne sont pas passés dans la postérité. Ces oubliés, ces soldats dont plus personne ne parle, dont plus personne ne garde le souvenir. Notre mission est de les sortir de l’ombre et redonner un nouveau souffle à leur Souvenir.

Au-delà du numérique, quelles sont vos actions au quotidien ?

Si nous sommes actifs numériquement, c’est parce que nous ne pouvons nier l’impact que possède le digital à notre époque contemporaine. Mais, nous ne nous cantonnons pas qu’au numérique et agissons aussi sur le terrain, notamment en réhabilitant les sépultures abandonnées de Poilus. En annexe, nous effectuons des recherches sur leur histoire et leur parcours militaires et vérifions s’ils possèdent une descendance. Malheureusement nous en trouvons beaucoup sans… Mais dans ces cas précis, nous nous portons garants de la bonne tenue de leur dernière demeure et nous la fleurissons chaque 11 novembre.

Cet été, nous avons rendu une sépulture digne de ce nom à Fernand, Soldat du 121e Régiment D’Infanterie de Montluçon.

Avant Restauration

Après Restauration

Comment réussissez-vous à savoir d’où vient le soldat ?

Aujourd’hui, nous avons la chance d’avoir beaucoup d’archives numérisées : les nationales, départementales ou encore militaires. Celles-ci nous aident chaque jour dans nos travaux de mémoire et diverses enquêtes. Notamment, je peux citer la base de données Mémoire Des Hommes qui est une véritable mine d’or pour nous, bien que nous utilisions beaucoup d’autres sources comme les livres, carnets et témoignages d’époques.

Pourquoi ce besoin de rendre hommage via cette association ?

Mémoire de 14-18 n’est pas qu’une simple association, c’est aussi une promesse. Une promesse à Léon et Adrien, celle de sortir de l’oubli leurs copains comme ils l’ont été. Parce qu’il y a un siècle, des millions d’hommes français, qui étaient des fils, des frères, des maris, des fiancés, des pères, sont tombés pour la France, ils méritent alors notre reconnaissance éternelle.

La Mémoire aujourd’hui, à notre époque, se délite de plus en plus, chose inconcevable pour nous.

Nous nous battons alors pour la préservation de leur Mémoire, nourris par la force la plus pure qui soit ; notre force, ce sont nos Poilus.

Conseillez-vous des lieux consacrés à leurs mémoires ou en rapport avec elles ?

Premièrement l’on peut songer à Verdun, l’une des places fortes incroyablement touchées pendant la Grande Guerre, avec ses nombreux forts ; Douaumont et Vaux pour les plus connus, ou encore la Cathédrale, la place de la Victoire, sa cité souterraine et ses nombreuses Nécropoles. L’une d’elles garde en son sein 7 soldats particuliers : ceux-ci faisaient partie des 8 dépouilles de Soldats français Inconnus proposés devant Auguste Thin, Soldat du 132e RI, pour choisir LE Soldat Inconnu qui sera enterré sous l’Arc de Triomphe. Ces 7 autres Inconnus reposent dans la Nécropole du Faubourg Pavé.

En aparté, je ne me permettrai que de donner une seule et unique pensée purement personnelle : il faut s’ouvrir à l’histoire.

L’histoire n’est pas que des dates, qu’une seule place forte, qu’un seul personnage. De nombreux lieux de mémoires sont oubliés, sur le Chemin Des Dames par exemple.

Je peux citer notamment le Plateau de Californie, l’abbaye de Vauclair, les environs de Berry Au Bac, ou encore les villages sur la ligne sud-est de la Somme, comme Péronne et son bel Historial, le bois de Wallieux ou la Nécropole – Chapelle du Souvenir de Rancourt. De nombreux sites n’attendent que vous, car c’est seulement en vous que la Mémoire tient, par vos efforts. Le Devoir de Mémoire est, comme il l’indique, un Devoir pour tous les Français. N’oublions jamais.