L'Étudiant Libre

Pearl Harbor : l’attaque qui changea le cours de l’Histoire

« Si le 7 décembre 1941 avait été une journée comme les autres... ». Voilà une phrase qui laisse rêveur, 80 ans après l’attaque surprise des Japonais sur cette petite île du Pacifique. Une attaque qui poussa les Américains à se lancer au côté des futurs vainqueurs de la dernière guerre.
Pearl Harbor : l'attaque qui changea le cours de l'Histoire
La rivalité entre le Japon et les États-Unis est une longue histoire… Une histoire lassante, où chacun rejette la faute sur l’autre, dans un perpétuel désir de puissance. L’entre-deux-guerres ne semble qu’un épisode dans ce duel. Les deux nations poursuivent des politiques opposées en Asie, mais elles sont toujours parvenues à éviter un conflit armé. L’une des principales causes de cette rivalité sont les vues sérieuses que le Japon porte sur la Chine. Ce que le président américain Roosevelt décrie, en raison de la politique de la « porte ouverte » qui lui tient à cœur depuis 1899 et qui appelle toutes les nations à reconnaître et garantir l’intégrité politique et commerciale de la Chine. Les ambitions de l’empire du Soleil Levant vont donc à l’encontre de l’équilibre des forces en Asie. Et les États-Unis ne peuvent le laisser faire.

Pearl Harbor : la victime de l’engrenage

Pearl Harbor est une base militaire américaine située en plein océan Pacifique, sur l’île d’Oahu, près d’Honolulu, dans l’archipel d’Hawaï. Son nom signifie « port de la perle », faisant référence à la production d’huîtres perlières pour laquelle l’île était connue. Depuis 1887, elle constitue une annexe des États-Unis sur laquelle une base est construite dès 1906. Il s’agit de l’une des plus grandes bases navales de l’armée américaine, à mi-chemin des côtes ouest américaines et des eaux japonaises. Un emplacement très stratégique et réfléchi.

En 1941, le conflit a déjà pris une tournure mondiale. Cependant, les États-Unis, forts de leur isolationnisme, demeurent en retrait. En face, les Japonais, engagés aux côtés des forces de l’Axe et de leurs soutiens, tiennent à étendre davantage leur influence sur le Sud et menacent certaines positions américaines. En guise de réponse, l’armée de Roosevelt entreprend un blocus commercial sévère, dans le but d’affaiblir l’ennemi et de le déstabiliser sur le plan économique. Mais les Orientaux refusent d’en rester là, on s’en doute. Qui aura donc le dernier mot ? Il semble que l’armée nippone, sous la direction du général Tojo, ait un sombre projet en tête : celui d’un immense raid destructeur pour lequel il mobilise des moyens hors-normes, dès le mois de septembre 1941. Cette décision japonaise de recourir aux armes est déjà connue du gouvernement américain, et ce depuis longtemps. Mais s’il ne semble pas pressé de réagir, c’est qu’il ne soupçonne pas une offensive aussi rapide. Il sait que l’heure de l’affrontement peut approcher mais ne connaît ni le jour ni l’heure. Les conseillers de Roosevelt pensent à une attaque sur les bases anglaises et hollandaises, ou bien les Philippines. Mais comment auraient-ils pu prévoir que leurs adversaires viseraient directement le quartier général ? Néanmoins, les Américains ont besoin de beaucoup plus de temps pour se préparer à combattre.

Le jour fatidique approche sans que la Maison Blanche ne s’en inquiète. Cependant, elle finit par pressentir une certaine agitation de l’autre côté du Pacifique. Comme une confirmation, le 6 décembre, tard dans la soirée, un long message en provenance du Japon et à destination des envoyés japonais établis aux États-Unis rompt les relations diplomatiques entre les deux Puissances. Mais à l’insu des Orientaux, le communiqué accablant est décodé par les services de renseignement américains. Ainsi, avant minuit, 13 des 14 points transmis par Tojo sont remis à Roosevelt. Toujours l’appréhension d’une guerre dans l’air, mais aucune précision concrète. Comment les Américains auraient-ils pu s’attendre à ce que leur destin bascule quelques heures après seulement ?

Le lendemain matin, Roosevelt apprend que la décision de rompre les relations diplomatiques doit être présentée au Département d’État le jour même à 13h. On ne peut être plus clair. Un câble est alors aussitôt envoyé aux commandements américains des îles Hawaï les prévenant que l’attaque est imminente. Les mots du gouvernement atteignent l’archipel à 7h33, et sont remis aux autorités militaires alors que l’attaque nippone sur Pearl Harbor vient de commencer. Sur le continent, les envoyés du Japon, reçus à 14h, sont sèchement éconduits. C’est la fin des relations diplomatiques entre les deux nations.

Cette attaque a un effet quasi simultané aux États-Unis. Elle réveille l’orgueil du géant américain et attise plus que jamais son désir de revanche. Elle provoque un énorme mouvement patriotique au sein de l’opinion publique.

Pétronille de Lestrade

L’attaque surprise : le coup de trop ?

Roosevelt est dévasté, mais ne peut qu’être admiratif du plan admirablement préparé par l’amiral Yamamoto. L’attaque a lieu un dimanche, jour de repos. L’amiral a pointé devant ses généraux cette date du 7 décembre 1941. Le bombardement de la base navale de Pearl Harbor constitue la troisième phase d’un vaste plan d’attaque contre les Alliés occidentaux. Il s’agit, tout simplement, de s’emparer des bases américaines du Pacifique et de neutraliser leurs flottes pour éviter tout retour offensif. Tout semble se dérouler comme prévu. Un jeu d’enfant pour les Japonais, puisque les Américains ne se doutent pas un seul instant de ce qui se trame.

La flotte nippone, forte de 6 porte-avions, 2 cuirassiers légers, 3 croiseurs, une flottille de destroyers, 8 bateaux-citernes, 27 sous-marins et 423 avions, stationne à 490 miles nautiques au nord d’Oahu, le soir du 6 décembre ; sans être repérée par les radars, car elle a pris un soin extrême à tracer l’itinéraire vers Hawaï pour éviter les routes maritimes usuelles et les avions d’observation. Aux commandes des avions, des pilotes entraînés en secret depuis le mois de septembre. Et des appareils équipés de torpilles spéciales, capables de plonger dans les eaux très peu profondes de la rade de Pearl Harbor.

Le matin du 7, à 6h, la flotte japonaise est à 275 miles nautiques. Le temps est très mauvais et le vent la secoue violemment, mais ce n’est qu’un détail semble-t-il. C’est de cette distance que les avions décollent, à 7h précises, au cri de « Tora, tora, tora ! », le code du déclenchement de l’opération. Comme Yamamoto l’avait prévu, la flotte américaine est au repos dans la rade, sans aucune défense militaire pour la protéger. La situation est donc très favorable. La première vague d’appareils, au nombre de 190, parvient au-dessus d’Oahu peu avant 8h. Puis elle se divise en plusieurs groupes d’attaque. Si l’affaire n’avait pas été si alarmante, les insulaires auraient pris plaisir à admirer ce spectacle. À 7h50, les pilotes reçoivent l’ordre d’attaquer, et c’est le début de l’enfer. Cinq minutes plus tard, le contre-amiral à terre, Patrick Bellinger, hurle dans le micro : « Attaque aérienne sur Pearl Harbor, et ce n’est pas un exercice ! ». Les soldats américains bondissent hors de leur lit, abandonnent précipitamment le petit-déjeuner, se bousculent pour sortir de l’église, mais il est déjà trop tard. La panique est à son comble.

De leur côté, grâce aux renseignements transmis par les ressortissants japonais, les pilotes savent très bien où trouver leurs proies et mettent peu de temps à mener à bien leur mission de destruction. En moins de 10 minutes, 2 cuirassiers américains sont coulés, une centaine de matelots tués ou blessés. Un record. Les forces japonaises ont neutralisé la flotte du Pacifique en seulement 30 minutes. C’est une grande réussite tactique pour Yamamoto et Tojo. En fin de matinée, les avions nippons se retirent enfin, laissant les survivants contempler le triste spectacle d’une île entièrement ravagée.

La totalité des avions et navires américains ont été détruits ou endommagés, exceptés 3 heureux porte-avions qui patrouillaient au large. Les cuirassiers de la flotte sont hors de combat, ainsi que 3 croiseurs et 3 destroyers. En sus, les pertes humaines sont conséquentes. On compte 2 403 morts et 1 200 blessés, alors qu’en face les Orientaux déplorent 55 tués et seulement 29 avions détruits.

Cette attaque a un effet quasi simultané aux États-Unis. Elle réveille l’orgueil du géant américain et attise plus que jamais son désir de revanche. Elle provoque un énorme mouvement patriotique au sein de l’opinion publique. Dès le lendemain de ce jour funeste, Franklin Roosevelt annonce au Congrès et à la nation américaine l’entrée en guerre des États-Unis contre l’empire du Japon. Un discours acclamé, qui précipite la futur superpuissance dans le conflit mondial et qui change le destin du Pacifique puis de l’Occident à jamais.
Pétronille de Lestrade

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