L’attaque surprise : le coup de trop ?Roosevelt est dévasté, mais ne peut qu’être admiratif du plan admirablement préparé par l’amiral Yamamoto. L’attaque a lieu un dimanche, jour de repos. L’amiral a pointé devant ses généraux cette date du 7 décembre 1941. Le bombardement de la base navale de Pearl Harbor constitue la troisième phase d’un vaste plan d’attaque contre les Alliés occidentaux. Il s’agit, tout simplement, de s’emparer des bases américaines du Pacifique et de neutraliser leurs flottes pour éviter tout retour offensif. Tout semble se dérouler comme prévu. Un jeu d’enfant pour les Japonais, puisque les Américains ne se doutent pas un seul instant de ce qui se trame.
La flotte nippone, forte de 6 porte-avions, 2 cuirassiers légers, 3 croiseurs, une flottille de destroyers, 8 bateaux-citernes, 27 sous-marins et 423 avions, stationne à 490 miles nautiques au nord d’Oahu, le soir du 6 décembre ; sans être repérée par les radars, car elle a pris un soin extrême à tracer l’itinéraire vers Hawaï pour éviter les routes maritimes usuelles et les avions d’observation. Aux commandes des avions, des pilotes entraînés en secret depuis le mois de septembre. Et des appareils équipés de torpilles spéciales, capables de plonger dans les eaux très peu profondes de la rade de Pearl Harbor.
Le matin du 7, à 6h, la flotte japonaise est à 275 miles nautiques. Le temps est très mauvais et le vent la secoue violemment, mais ce n’est qu’un détail semble-t-il. C’est de cette distance que les avions décollent, à 7h précises, au cri de « Tora, tora, tora ! », le code du déclenchement de l’opération. Comme Yamamoto l’avait prévu, la flotte américaine est au repos dans la rade, sans aucune défense militaire pour la protéger. La situation est donc très favorable. La première vague d’appareils, au nombre de 190, parvient au-dessus d’Oahu peu avant 8h. Puis elle se divise en plusieurs groupes d’attaque. Si l’affaire n’avait pas été si alarmante, les insulaires auraient pris plaisir à admirer ce spectacle. À 7h50, les pilotes reçoivent l’ordre d’attaquer, et c’est le début de l’enfer. Cinq minutes plus tard, le contre-amiral à terre, Patrick Bellinger, hurle dans le micro : « Attaque aérienne sur Pearl Harbor, et ce n’est pas un exercice ! ». Les soldats américains bondissent hors de leur lit, abandonnent précipitamment le petit-déjeuner, se bousculent pour sortir de l’église, mais il est déjà trop tard. La panique est à son comble.
De leur côté, grâce aux renseignements transmis par les ressortissants japonais, les pilotes savent très bien où trouver leurs proies et mettent peu de temps à mener à bien leur mission de destruction. En moins de 10 minutes, 2 cuirassiers américains sont coulés, une centaine de matelots tués ou blessés. Un record. Les forces japonaises ont neutralisé la flotte du Pacifique en seulement 30 minutes. C’est une grande réussite tactique pour Yamamoto et Tojo. En fin de matinée, les avions nippons se retirent enfin, laissant les survivants contempler le triste spectacle d’une île entièrement ravagée.
La totalité des avions et navires américains ont été détruits ou endommagés, exceptés 3 heureux porte-avions qui patrouillaient au large. Les cuirassiers de la flotte sont hors de combat, ainsi que 3 croiseurs et 3 destroyers. En sus, les pertes humaines sont conséquentes. On compte 2 403 morts et 1 200 blessés, alors qu’en face les Orientaux déplorent 55 tués et seulement 29 avions détruits.
Cette attaque a un effet quasi simultané aux États-Unis. Elle réveille l’orgueil du géant américain et attise plus que jamais son désir de revanche. Elle provoque un énorme mouvement patriotique au sein de l’opinion publique. Dès le lendemain de ce jour funeste, Franklin Roosevelt annonce au Congrès et à la nation américaine l’entrée en guerre des États-Unis contre l’empire du Japon. Un discours acclamé, qui précipite la futur superpuissance dans le conflit mondial et qui change le destin du Pacifique puis de l’Occident à jamais.