Œuvrant depuis 10 ans à la formation d’une jeunesse consciente de ses racines et prête à mener le combat civilisationnel, l’Institut Iliade organise les 10 et 11 juin prochains un week-end de formation réservée au 18-23 ans. Si les thématiques abordées se voudront autant historiques qu’actuelles, ce week-end se veut également un moment de rencontre et de vie entre jeunes qui partagent le même souci de l’avenir et du commun. Pour en savoir plus, L’Etudiant Libre est allé à la rencontre de Romain Petitjean, directeur développement de l’Institut.
L’Etudiant libre : Après l’interdiction du colloque en hommage à Dominique Venner, quel est l’état d’esprit de l’Institut ?
Romain Petitjean : Face à l’excitation d’un gouvernement liberticide qui agit comme un animal blessé face à tout ce qui n’est pas de l’extrême centre macroniste, il faut la force tranquille des vieilles troupes. Nous sommes offensifs et sereins. Nous avons lancé trois procédures judiciaires différentes afin de lutter contre ces attaques sans précédent, nouvelle manifestation des nombreuses atteintes aux libertés publiques en France.
EL : Cela fait désormais 10 ans que l’Institut Iliade existe, fondé dans le but de faire advenir une jeunesse enracinée qui aspire à raviver l’esprit européen originel. Quel bilan pouvez-vous faire de cette première décennie d’existence ?
RP : L’Institut Iliade est un organisme de formation qui travaille sur les idées et met toute son énergie, à travers ses cours, ses colloques et ses livres, pour ce que les Européens retrouvent conscience d’eux-mêmes, de leur héritage plurimillénaire et de leur identité. C’est le préalable nécessaire à tout changement véritable. Ce travail de fond ne sera pas troublé par de basses manœuvres politiciennes.
Nous avons formé un peu plus de 300 personnes. Nous nous inscrivons avant tout dans une démarche de qualité. Nous redressons les colonnes vertébrales idéologiques, morales et même physiques, en transmettant une certaine éthique de la tenue. Chaque personne qui passe dans nos rangs à vocation à essaimer dans la société : la rue, l’entreprise, les partis politiques et syndicats, les grandes écoles, l’université…
EL : Votre week-end de formation destiné aux jeunes de 18 à 23 ans aborde des fondamentaux historiques et civilisationnels européens, mais aussi des enjeux proprement contemporains (déconstruction, système médiatique). Avez-vous volontairement construit cette dualité thématique ?
RP : Ce week-end, organisé plusieurs fois dans l’année, permet aux jeunes gens d’acquérir les bases de notre vision du monde et de outils pour lutter contre la modernité « progressiste ». Elle est une approche de notre formation continue, plus dense et plus exigeante, elle-même articulée en plusieurs sessions thématiques (histoire, histoire des idées, philosophie, géopolitique, être au monde…).
Il s’agit d’aborder les grands enjeux de notre temps, qui ne peuvent être pleinement compris qu’à la lumière de notre longue mémoire civilisationnelle. En cela, histoire et actualité sont parfaitement complémentaires, elles doivent être pensées de façon conjointe et dynamique.
EL : Sur les 9 thématiques abordées lors de votre week-end de formation, quelques-unes ont particulièrement retenu notre attention. D’abord, celle de l’islam. Part-il du constat que cette religion est de plus en plus considérée, y compris dans certains de nos rangs, comme un vecteur crédible de retour à une éthique de la virilité et de la tradition ?
RP : L’islam est fondamentalement étranger à la conception du monde européenne. Il n’y a qu’à voir la place qui est réservés aux libertés et aux femmes dans cette religion. Quant à la supposée « virilité » de l’islam, elle n’est perçue ainsi que par un jeu de miroir déformant, parce que nos sociétés se féminisent dangereusement. En réalité, elle s’apparente souvent plus à une forme de brutalité. La vraie virilité est force contenue, sous l’empire d’une volonté et de vertus (virtus en latin signifiant littéralement « virilité », issu de vir signifiant « masculin »).
La virilité est une constante dans la civilisation européenne, de l’andreia d’Achille au sacrifice héroïque et tragique de nos aïeuls lors de la grande guerre civile européenne du XXe siècle, en passant par la chevalerie et l’honnête homme. Nous sommes parfois confrontés à des personnes qui croient devoir chercher ailleurs ce qu’on ne leur a pas transmis. Le trésor de la civilisation européenne et de notre tradition recèle les réponses à toutes nos interrogations. Ne pas y puiser serait nous dénaturer : « plus est en nous ».
EL : La question de l’Union européenne sera également abordée durant votre séminaire. Pourrions-nous aller jusqu’à dire que l’UE, telle qu’elle gouverne actuellement, constitue la négation même de la longue mémoire européenne ?
RP : L’Union européenne est une structure hors-sol qui ne se pense que comme un grand marché sans identité et garante du libéralisme philosophique, avec toutes les dérives « progressistes » et la sacralisation de l’individu contre la communauté que nous constatons aujourd’hui. Toutefois, ne combattons pas des moulins : ce sont les chefs d’États et de gouvernements qui décident de la politique de l’UE. Un exemple : c’est une coalition de dirigeants libéraux qui veulent sanctionner la Hongrie et la Pologne parce qu’elles refusent la répartition des migrants et la propagande LGBT à l’école.
L’UE n’est certainement pas l’incarnation de notre civilisation. Mais la négation de cette dernière se trouve autant à Paris, à Berlin ou à Amsterdam qu’à la Commission européenne. De même que certains responsables politiques français, qui ne jurent que par la République et affirment que notre nation est née en 1789, sont la négation de la France. Aujourd’hui, tous les Européens de sang et d’esprit font face aux mêmes périls : le Grand Remplacement et le Grand Effacement, accompagnés par des pseudo-élites libérales et déracinées. Ne nous trompons pas de combat.
EL : L’Institut Iliade a la particularité d’accorder aussi beaucoup d’importance aux métiers manuels et artisanaux, à les considérer comme des engagements à part entière. Diriez-vous que la « droite » classique, dans sa conception du combat culturel, a tendance à oublier ces aspects plus terre à terre, et à concentrer son attention sur la sphère médiatico-culturelle ?
RP : Si la droite bourgeoise a tendance à mépriser le travail manuel, n’oublions pas que la gauche, qui s’est longtemps prétendue « ouvrière » avant de virer diversitaire, ne voit dans le travail qu’une forme d’aliénation. C’est donc un enjeu plus général, celui de la tertiarisation du travail et, au-delà, de l’artificialisation des modes de vie, qui fut l’un des objets de notre colloque d’avril consacré au déclin anthropologique. Le bon fonctionnement d’une société nécessite la complémentarité et le respect mutuel des acteurs : intellectuels, protecteurs et producteurs. Lorsque l’une de ces fonctions est hypertrophiée ou atrophiée, c’est l’ensemble qui est déséquilibré.
L’artisanat véhicule une vision esthétique et symbolique, propre à chaque peuple. De la même manière qu’éthique et esthétique partagent une racine étymologique commune, art et artisanat sont linguistiquement liés (l’artisan étant celui qui met son « art », ses qualités techniques, au service d’autrui). Le travail manuel, qui comprend forcément une part d’artisanat quand bien même il ne s’agirait pas d’artisanat d’art, transmet une vision du beau qui donne un sens à la vie. Il est donc absolument fondamental.
Pour rejoindre à la formation : https://institut-iliade.com/formation-cycle-jeunes/
(Propos recueillis par Valentin Schirmer)