Les mystères de Molière

Le 17 février 1673, s’éteignait l’un de nos plus grands dramaturges, Molière. Signe éclatant de sa gloire posthume, son nom est désormais indissociable de la langue qu’il a contribué à défendre et à faire rayonner à l’étranger, à tel point qu’il est l’auteur français le plus joué dans le monde, juste derrière l’indétrônable barde anglais, William Shakespeare.
Molière
Jean-Baptiste Poquelin dit Molière

Trois cent cinquante-ans après sa mort, Molière continue d’être admiré par des acteurs contemporains comme Fabrice Luchini ou Francis Huster, inlassables avocats du comédien face à ses détracteurs. De fait, un nuage d’énigmes, que nous allons explorer de ce pas, plane encore au-dessus de ce célèbre nom.

Dramaturge prolifique et comédien infatigable : une esquisse de Molière

Jean-Baptiste Poquelin, né le 15 janvier 1622, est le fils d’un riche marchand tapissier au service du roi. La première partie de sa vie est néanmoins mal connue ; des zones d’ombres entourent aussi bien son lieu de naissance que son parcours scolaire. À 20 ans, il renonce à reprendre la charge de son père, décide de former une troupe de comédiens qu’il nomme l’Illustre Théâtre, et sillonne les routes de France jusqu’en 1658, à la recherche d’une gloire qui tarde à venir. 

Dès lors, il commence à composer ses premières pièces, parmi lesquelles Les Précieuses ridicules (1659) puis L’Ecole des Femmes (1662). Remarqué par le jeune roi Louis XIV au cours d’une fête organisée en son honneur à Vaux-le-Vicomte, propriété du Surintendant des Finances Nicolas Fouquet, le dramaturge et sa troupe rejoignent la Cour, encline aux divertissements de toute sorte. Molière, pressé par le roi qui lui commande toujours plus de pièces, s’acharne donc à écrire et mettre en scène des comédies à un rythme soutenu : c’est presque une œuvre par an qui voit le jour ! Chaque représentation offre son lot de spectateurs comblés et de critiques acérées. 

Ainsi, Le Tartuffe, écrite en 1664, doit attendre 1669 pour être à nouveau jouée, après avoir été interdite par le roi qui ne souhaitait pas, à ce moment, s’aliéner les autorités ecclésiastiques. Sa pièce Dom Juan fera elle aussi scandale en raison des mœurs du personnage principal. Malgré les vents mauvais, Molière persiste ; il joue toujours autant ses œuvres qui lui assurent le triomphe, et ce jusqu’à sa mort en 1673.

Mesdames Poquelin

Passionné lorsqu’il interprète ses personnages sur la scène, Molière l’est tout autant avec les femmes. Amoureux de la comédienne Madeleine Béjart qu’il a recrutée dans ses premières années théâtrales, c’est cependant avec la fille de cette dernière, Armande, de 20 ans sa cadette, qu’il se marie. Les origines obscures de cette jeune femme (date et lieu de naissance inconnus ou approximatifs) n’ont eu de cesse d’alimenter les spéculations à propos des rapports qu’elle entretenait avec Molière. Les mauvaises langues de l’époque faisaient déjà courir le bruit selon lequel Armande Béjart serait en réalité la sœur de Madeleine, ou rien de moins que…la fille de Molière lui-même !

Une paternité remise en cause

Depuis le XXe siècle, chercheurs, historiens et linguistes se querellent au sujet de quelques œuvres de Molière. La paternité de ces dernières reviendrait à Pierre Corneille. Pour ne rien arranger, il ne subsiste aucune trace des manuscrits de Molière, ni la moindre correspondance. Aux dernières nouvelles, une équipe de chercheurs viendrait de contredire une étude de leurs confrères publiée au début des années 2000. A partir d’une analyse minutieuse des habitudes de langage et des tics d’écriture des deux écrivains, la conclusion s’impose : Corneille n’a pas écrit des pièces de Molière. Jusqu’au prochain démenti ?

Mourir sur scène ?

L’ultime légende du dramaturge concerne sa mort, prétendument arrivée sur scène, en pleine représentation du Malade Imaginaire. Dans les faits, il est pris d’un malaise, quitte le théâtre avant la fin de la pièce, est transporté chez lui, vivant quoique très affaibli. Finalement, les quintes de toux qui lui déchirent la gorge auront raison de lui quelques heures plus tard. La scène n’est ainsi que le premier acte de sa mort.

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Guillaume d'Aiglemont

Etudiant en M2 à l'IEP de Strasbourg, Guillaume s'occupe des sujets internationaux au sein de l'équipe de rédaction du site
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