Le mot de l’International : le ballon, le tank et le séisme

Deux fois par mois, L'Étudiant Libre revient sur les faits qui ont marqué l'International. Au programme de février : ballon espion, séisme et livraison de chars à l'Ukraine.
Alep après le séisme. SOS Chrétiens d'Orient

Le ballon de la discorde, ou les tensions sino-américaines ravivées

Le 4 février 2022, un ballon survolant des sites militaires au large des côtes de Caroline du Sud était abattu par l’aviation américaine. Quelques jours plus tard, les plus hauts responsables politiques et militaires des États-Unis ont accusé la Chine d’être à l’origine de cette manœuvre, préparée à des fins d’espionnage ; accusations rejetées aussitôt par Pékin, qui s’est défendu par la voix de ses représentants. Par exemple, l’ambassadeur de Chine en France, Lu Shaye, invité sur le plateau de la chaîne LCI le 7 février, a expliqué que ce ballon avait été déployé dans un but scientifique : effectuer des recherches météorologiques. Il a également relativisé l’ampleur de l’évènement, « exagéré » par les Américains, imputant leur réaction à la « diminution de la confiance mutuelle » entre les deux pays depuis des années. Malgré une fermeté de ton adoptée par des sénateurs et militaires américains, le Président Joe Biden a tenu à calmer les esprits lors d’un entretien diffusé sur la chaîne PBS. Les relations avec la Chine n’auraient selon lui pas subi de « coup dur »

Cet accrochage s’inscrit dans la continuité des tensions persistantes entre les États-Unis et la Chine, régulièrement attisées par les deux parties. Les relations sino-américaine ne cessent en effet de se dégrader depuis que le Président Donald Trump a voulu assumer le rapport de force avec la Chine. L’espionnage apparaît ainsi comme un nouveau terrain d’affrontement entre la Chine et les États-Unis, en plus de Taïwan et de la guerre commerciale.

Guerric Poncet, « Qu’apprend-on du ballon chinois ? », Le Point (11 / 02 / 2022)


Livraison d’armes à l’Ukraine : les Européens unis dans la prudence

Le Président ukrainien Volodymyr Zelensky a multiplié les déplacements en Europe de l’Ouest pour solliciter l’appui militaire des principales puissances de la zone. Reçu à Londres puis à Paris, il s’est notamment entretenu avec ses homologues et a réitéré sa demande de livraison d’armes lourdes (jets, avions de chasse). Les positions européennes restent néanmoins marquées par la réserve. Réuni à Paris pour accueillir le président ukrainien, le tandem franco-allemand formé par Emmanuel Macron et Olaf Scholz a préféré s’en tenir à des déclarations, le président français insistant sur la nécessité de « bâtir la paix » ; le chancelier allemand saluant le « courage » et la « ténacité » des Ukrainiens. Côté français, le refus de livrer immédiatement des avions de chasse s’explique, d’après les responsables militaires, par le manque de formation des pilotes ukrainiens. Le voisin d’outre-Rhin, lui, n’a jamais caché ses réserves et a privilégié l’envoi de deux nouveaux blindés antiaériens Gepard. Seul le Premier ministre britannique Rishi Sunak semble avoir infléchi sa posture, puisqu’il a proposé de former des pilotes de chasse ukrainiens en Grande-Bretagne.

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Séisme au Proche-Orient, quelles retombées politiques ?

Un séisme d’une magnitude de 7,8, soit une des plus fortes intensités sur l’échelle de Richter, a touché le sud de la Turquie et une partie de la Syrie. À l’heure où ces lignes sont

écrites, le bilan humain s’élève à 35 000 morts et risque de s’alourdir encore selon des équipes humanitaires de l’ONU dépêchées sur place. Un élan de solidarité internationale s’est rapidement manifesté : Israël s’est dit prêt à fournir une « assistance médicale » et l’UE a activé le « mécanisme de protection civile » permettant aux États européens de coordonner leur aide et d’envoyer des équipes de recherche et de sauvetage. La Russie a quant à elle envoyé 60 véhicules afin de dégager les décombres. Même la Grèce, en froid avec son voisin dans la mer Égée, a proposé d’apporter une « aide immédiate ».

Au-delà du drame humain, les répliques politiques du séisme ne se sont pas fait attendre. Au chevet des blessés dans un hôpital d’Alep, le Président syrien, Bachar el-Assad a critiqué l’acheminement tardif de l’aide humanitaire occidentale. Le régime, toujours soumis à des sanctions internationales et en proie à la guerre civile, cherche à éviter un détournement de l’aide vers les zones tenues par les rebelles. À Ankara, le Président Recep Tayyip Erdogan doit affronter la colère de l’opinion à quelques mois des élections présidentielles qui auront lieu en mai. Alors que les médias pointent du doigt la négligence des pouvoirs publics (le quotidien Karar titrait ainsi « Où est l’État ? »), les procureurs des provinces frappées par le séisme émettent des centaines de mandats d’arrêt à l’encontre d’entrepreneurs dans le secteur du bâtiment, désignés comme les responsables de la médiocre construction des immeubles.

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Guillaume d'Aiglemont

Etudiant en M2 à l'IEP de Strasbourg, Guillaume s'occupe des sujets internationaux au sein de l'équipe de rédaction du site
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