Horizon 2030 : le premier minaret martien ?

Je vous prie de nous pardonner, chers lecteurs, mais ce titre ne fait malheureusement pas référence au prochain projet de Mosquée à Issy-Les-Moulineaux. Nous évoquerons un sujet rarement évoqué qu’est l’influence française dans le domaine spatial, notamment auprès d’un petit pays arabe fort de 10 millions de têtes : les Émirats Arabes Unis.

Historiquement, toujours très inspirés par l’état d’esprit conquérant et aventureux de l’Occident, les dirigeants des Émirats Arabes Unis ont souhaité se rapprocher des meilleurs pour ouvrir le pays à un nouvel horizon de développement.
Et c’est chose faite notamment grâce à la France ; les Émirats devraient fêter en 2023 deux événements importants : l’atterrissage d’un rover 100% made in EAU sur le sol de la Lune et l’accueil d’un nouvel astronaute émirati au sein de la Station spatiale internationale. Les Émirats prennent ainsi une part de lion dans la folle histoire de l’aérospatiale en étant le quatrième pays à poser un engin sur le sol de notre satellite. Retour sur projet qui a vu le jour à l’aube des années 2000. 

Le début des années 2000 a été marqué par la volonté émiratie de lancer leurs premiers satellites. Ont ainsi été fondées de nombreuses institutions entre 2006 et 2014 comme la UAE Space Agency. Les Émirats ont donc pu lancer en 2009 DubaiSat-1 (une collaboration sud-coréenne), avec l’aide d’un lanceur Dnepr. 

La France en orbite 

Et au fur et à mesure des années, les Émirats se sont alors tournés vers d’autres partenaires de renom comme la France. 

L’année 2014 marqua l’acquisition de deux satellites développés par la France (notamment par Thalès Alenia Space et Airbus Defence and Space). 

En 2015, le CNES et les Émirats signent un accord de coopération, permettant à la fois des échanges d’informations scientifiques relatives et des échanges universitaires. Accord vital pour le développement de missions à l’envergure des ambitions émiraties : Mars. En profitant des relevés, des savoir-faire et connaissances françaises, les ambitions émiraties pouvaient prendre alors une toute autre altitude.  

Et la suite logique de cet accord fut l’entrée en orbite des entreprises françaises de l’aérospatiale comme Thalès, Ariane Group, Safran… et l’arrivée de cerveaux français au sein des entités de recherche ou de conseil émiraties (comme Jean-Jacques Dordain, ex-patron de l’Agence Spatiale européenne). 

“Arab to Mars” le rêve propagandiste 

Il va donc sans dire que les Émirats se réjouissent de ces avancées (impossible sans les Occidentaux) et n’hésitent pas à utiliser ces réussites à des fins de propagande. 
Les quelques chanceux ayant pu assister à l’Exposition universelle à Dubaï, auront pu assister au partenariat Ariane Group x Devialet (géant de l’audio français), où un décollage d’Ariane 5 fut projeté acoustiquement en guise de spectacle.
Pour les expatriés d’Abu Dhabi, ils ont pu vivre pendant plusieurs mois avec des panneaux géants « Arab to Mars », qui célébraient la mission « Al-Amal » (Hope), aux pieds des plus grandes portions d’autoroute de la ville. 

Cette propagande vise un but néanmoins louable : offrir à sa population des rêves et objectifs de grandeur. 

Sachant que sa manne pétrolière viendra un jour à disparaître, le pays cherche à préparer sa reconversion et à motiver ses jeunes. Finis les Starbucks et Burger King toute la journée, retour au service militaire obligatoire et aux grandes ambitions universitaires. Un développement somme toute très sain, qui parfois nous manque en France, où nombreux jalousent les succès et les réussites universitaires. 

Ce choix permet aussi d’imposer une certaine présence diplomatique et politique, permettant au pays d’être intégré au sein du cercle des « Grands ». 

Les Émirats veulent compter sur le Grand échiquier et représenter fièrement le monde arabe et les musulmans. 

Les terriens visent la Lune

Dernier fait marquant de l’année 2022 : le décollage le 11 décembre du rover émirati « Rashid » pour une mission vers la Lune. Une fierté nationale, 100% conçue aux Émirats… Et équipé par la France. 

Les trois caméras CASPEX qui serviront à la photographie et aux observations sont des produits français fournis par le CNES. Et pour les amoureux d’optique ou d’histoire aérospatiale, c’est un joli clin d’œil au premier pas français sur la Lune d’un certain mois de juillet 1969. 

Mais la belle histoire française du Rover « Rashid » ne s’arrête pas là. En effet, deux scientifiques français dirigeront l’expédition lunaire : Evelyn Füri et Jessica Flahaut du CRPG de Nancy, aux côtés des scientifiques émiratis. 

L’apogée de la galaxie française

Ces aventures spatiales sont la preuve de la puissance de la France dans les domaines de pointe, mais aussi de la confiance accordée par les pays étrangers en la qualité de notre érudition et de notre ouverture d’esprit.  
Il faut défendre ce patrimoine et ces échanges vitaux qui font rayonner la France et notre histoire, tout en enrichissant notre pays. 

Les Émirats et la France auront, nous l’espérons, un avenir relationnel et commercial radieux. Et la prochaine mission à bord de la SSI nous permettra peut-être de répondre enfin à une question autant existentielle que scientifique : dans quelle direction prie un astronaute arabe en orbite basse ?

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Image de Guy Lières

Guy Lières

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