Gérald Darmanin a notifié au président de GI la dissolution prochaine de son mouvement. Contre toute attente, cette ultime charge engendrerait la diffusion d’idées nationales et l’étiolement d’une crédibilité gouvernementale déjà dégradée. Notamment du fait de l’indignation publique d’une large frange de la vie politique, bien au-delà des habituels soutiens.
Comme chacun sait, la décision du ministre de l’intérieur intervient au lendemain de son débat contre Marine Le Pen au cours duquel son amour-propre a subi quelques amers revers. Vexé de l’affront et lâché par son propre camp, l’adorateur du FLN (cf. 10/11/20) a cru bon de recourir à la décision arbitraire que nous connaissons. Ce choix pourrait, paradoxalement, être une erreur politique majeure et une chance pour les soutiens de la courageuse blondinette, Thaïs d’Escufon. Génération Identitaire possède un outil de communication rodé qui met à profit aussi bien les actions menées que les attaques subies. L’ultime assaut judiciaire n’a pas fait exception à la règle. Ainsi la nouvelle s’est répandue comme une trainée de poudre. En l’espace de 24h, l’intégralité de l’éventail politique français en avait connaissance.
Certains se réjouissent de cette décision, rien de nouveau sous le soleil : ce n’est pas l’objet de mon propos.
A contrario des fanatiques opposants, une large partie de la droite a fait fi de ses divergences afin de dénoncer cette décision infondée. Si bien que, aux côtés de bien d’autres et pour ne citer qu’elles, Marine et Marion ont pris fait et cause en faveur de ces militants méritants. Philosophes, essayistes, journalistes, polémistes, cadres politiques, députés… je vous épargne la liste exhaustive. Existe désormais l’opportunité historique pour la droite souverainiste de s’unir autour du thème majeur de la lutte contre l’immigration clandestine. Sous l’égide de Génération Identitaire qui endure sévices médiatiques et procédures, le sillon à travers les ténèbres progressistes s’éclaircit.
L’une des autres justifications majeures au soutien massif à l’égard de GI par les différents penseurs de droite est de se prémunir du risque d’être les prochains sur l’échafaud. En effet si la critique de l’immigration massive devient pénalement répréhensible, la jurisprudence s’appliquera de facto à tous ceux qui oseront se mettre en travers des marées humaines. Aussi la présence de GI dans le paysage politique permet un étalon de mesure « ultra droite » par rapport auquel tous les autres mouvements se définissent. En s’affirmant le mouvement le plus à droite de l’échiquier politique, GI permet aux autres d’être davantage acceptés par la caste qui fantasme une opinion centriste universelle. Sa disparition entrainerait mécaniquement un glissement sémantique du discours des personnalités de droite. Sous la menace du qualificatif méphistophélique « ultra droite », les mouvements de souverainistes risqueraient d’être contraints à la modération.
Ce point est comparable à l’abolition de la peine de mort. L’analogie est permise après le constat, à la suite de 1981 (deuxième année de deuil national), de la perte de sens de toutes les autres peines. Les magistrats animés par leur idéologie, avant même son abrogation, y recouraient fort peu. De surcroît, depuis sa création en 1968 (première année de deuil national), l’émergence du tout puissant syndicat de la magistrature a définitivement enterré l’impartialité de la justice, aux accents de l’oraison funèbre prononcée par Taubira. En revanche à cette époque la perpétuité allait bon train pour éviter, même à la pire des ordures, de goûter au froid du couperet. Dès lors que la perpétuité est officiellement la plus lourde des sentences, les juges sont frileux à la prononcer, à l’instar de la peine capitale en son temps. La fin de Génération Identitaire aurait, on peut le craindre, la même conséquence politique qu’a eu judiciairement l’abolition de la peine de mort 40 années auparavant. Beaucoup en ont conscience. Ce mouvement de jeunes activistes ressortira grandi, car n’oubliez pas : c’est dans l’adversité que l’on progresse. La mobilisation de samedi sera révélatrice. Toutefois, la vigilance des organisateurs devra être sans faille afin d’écarter avec fermeté tout débordement verbal, physique ou symbolique qui permettrait au gouvernement de justifier la dissolution.
M.F. Baldini