À la veille de l’entrée en Avent, l’Eglise catholique en France jette un pavé dans la mare.
Consécutivement à la déclaration du Premier ministre Jean Castex ce jeudi 26 novembre, les évêques se sentent insultés et négligés. Et ils le font savoir. En effet, le gouvernement a annoncé le maintien d’une jauge de trente personnes pour les célébrations religieuses, et ce quelle que soit la taille de l’édifice cultuel. Pour la Conférence des Evêques de France (CEF), « cette jauge n’est ni compréhensible ni acceptable ».
Dès jeudi, de nombreux successeurs des apôtres avaient fait savoir leur étonnement et leur souffrance, promettant même d’outrepasser cette règle abjecte.
#Messes dimanche. Retrouvons-les dans nos paroisses aux heures habituelles et comme je l'ai tweeté depuis le 29 octobre : la seule réponse au gouvernement est d'ENVAHIR nos églises à l'heure de la messe.
— Bernard Ginoux (@mgrginoux) November 26, 2020
Après un échange hier soir avec M. Macron, une nouvelle jauge réaliste sera définie d’ici jeudi matin. pic.twitter.com/Fw4W7KZckf
— Mgr de Moulins-Beaufort (@Mgr_EMB) November 25, 2020
Après avoir entendu tous les curés des Yvelines, Mgr Eric Aumonier, évêque de Versailles, maintient qu'il n'est pas possible de sélectionner les fidèles autorisés à participer à la messe. pic.twitter.com/s0k21x2bp8
— Bruno VALENTIN (@AbValentin78) November 26, 2020
Mgr Matthieu Rougé : « La parole présidentielle envers l’Eglise s’est révélée peu fiable » https://t.co/H3vzFtFMqf pic.twitter.com/j598TKWDJm
— L'Obs (@lobs) November 26, 2020
Mgr d'Ornellas s'adresse aux prêtres d'#IlleetVilaine pour la reprise des #messes publiques "les prêtres n’ont pas à compter les fidèles dans le but d’en exclure… Ils accueilleront donc les fidèles qui viendront" ds "le strict respect des #gestesbarrières"#confinement2 pic.twitter.com/UJlS1PishU
— Diocèse de Rennes (@DioceseRennes) November 26, 2020
Le premier ministre @JeanCASTEX confirme la limite de 30 personnes pour les lieux de culte.
Le dialogue avec les représentants des cultes est donc une parodie. Quelle indécence et quel mépris.
Nous continuerons à défendre la liberté d'aller à la messe.#PourlaMesse #Castex pic.twitter.com/KHU7jmwb6k
— Pour la messe (@PourLaMesse) November 26, 2020
Les petits ruisseaux font les grandes rivières. D’initiatives diocésaines, la vague s’est convertie en prise de position nationale. Ce vendredi matin, les évêques en appellent au Conseil d’Etat en déposant un référé liberté, « estimant qu’ils ont le devoir de veiller à la liberté de culte dans notre pays » (communiqué de la CEF).
Monseigneur Aupetit, dans un communiqué publié ce matin a estimé qu’ « imposer une jauge en valeur absolue (30 personnes) est une décision qui relève de l’absurde ». Il a donc incité « tous les curés des églises de Paris à célébrer dans le strict respect des distances et des gestes barrière, comme ils l’ont toujours fait. Chacun veillera à limiter le remplissage de son église sans pour autant laisser qui que ce soit à la porte. »
Parmi les évêques, mais aussi chez les prêtres et les fidèles laïcs, la colère monte – jusqu’à ce que certains politiques se dressent eux aussi vent debout. Ce jeudi matin, le réseau social Twitter s’est enflammé de réactions diverses dont L’Etudiant Libre vous propose un florilège :
Je demande au Premier Ministre d’apporter la preuve que nos assemblées cultuelles sont des lieux de contamination. Affirmation gratuite contredite par les faits: jamais aucun cluster n’a été identifié dans nos assemblées. La jauge de 30 est inapplicable. C’est du mépris.
— Mgr Marc Aillet (@MgrMAillet) November 26, 2020
Hélas, Frossard avait vu juste: « Quand un gouvernement se trompe, il n'a qu'une solution : persévérer dans l'erreur. »#Castex #Messe #Absurdistan
— Philippine de Saint Pierre (@pdesaintpierre) November 26, 2020
M. le Premier ministre @JeanCASTEX, autant vous prévenir tout de suite, nous irons à la messe en nombre ce dimanche, "quoi qu'il (nous) en coûte" en respectant les règles sanitaires offertes… à d'autres ! Votre mépris à l'égard des croyants est intolérable. #JevaisàlaMesse pic.twitter.com/RgSJG1iWBx
— Antoine-Marie Izoard (@AMizoard) November 26, 2020
Nous avons été tellement naïfs. C'est l'humiliation de trop. @EmmanuelMacron déclare la guerre aux catholiques. Pour l'honneur de Dieu, envahissons nos églises dimanche. #macron20h #Messe
— Nicolas Sévillia (@NSevillia) November 24, 2020
Certains sont même allés jusqu’à rappeler le Président de la République à sa parole prononcée à l’occasion de son discours au collège des Bernardins :
Le lien entre l’Église et l’État s’est abîmé, il nous incombe de le réparer.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) April 9, 2018
De Rome, le Cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrement, s’est lui aussi exprimé :
« Comme promoteurs et gardiens de toute la vie liturgique, il revient aux évêques de réclamer fermement et sans retard le droit à des rassemblements dès qu’ils deviennent raisonnablement possibles. » Lettre sur le culte. pic.twitter.com/tucJ5f6wvy
— Cardinal R. Sarah (@Card_R_Sarah) November 26, 2020
Comme le précise ensuite le communiqué, « un rendez-vous est prévu dimanche 29 novembre à 18h avec le Premier ministre » dont les évêques espèrent qu’il sera « enfin un vrai moment de concertation » !
Plus que jamais, le torchon brûle entre les catholiques de France et leurs gouvernants, ces derniers adoptant à l’égard des premiers une attitude condescendante sinon insupportable. Charge aux fidèles de continuer à rappeler qu’en France aussi, « l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison » (Mt 5, 15).
Grégoire Deren