Mercredi soir, Olivier Véran annonçait la fermeture complète des bars et restaurants dans la métropole d’Aix-Marseille et en Guadeloupe. Dans d’autres grandes villes, les même établissements fermeront à partir de 22h. Cette restriction n’est pas acceptée par la majorité des Marseillais, au point de lever un vent de fronde dans la cité phocéenne. Et pour cause, cette décision semble déconnectée à plusieurs égards : à l’égard des élus locaux d’abord ; de la situation sanitaire ensuite ; et de la situation économique enfin.
Déconnectée des élus
Notre brillant Ministre de la Santé M. Véran prend donc mercredi sa décision, visant à interdire dans la métropole d’Aix-Marseille, placée en « alerte maximale » (un petit peu plus grave que les zones en « alerte renforcée », ndlr). Le problème est que son idée n’a été soumise à personne auparavant. C’est à dire que la mairie, la région ou la métropole n’ont absolument pas été écoutés ni même informés de cette décision pourtant gravissime, empêchant cafetiers et restaurateurs de travailler.
Ainsi, Michèle Rubirola a appris en même temps que les Français que dans sa ville, les bars et restaurants seront obligés de fermer. Elle a aussitôt réagit pour fustiger cette décision, qui selon elle n’est pas justifiée sanitairement.
J'apprends avec étonnement et colère une décision pour laquelle la Mairie de Marseille n'a pas été consultée. Rien dans la situation sanitaire ne justifie cette annonce. Je n'accepte pas que les Marseillais soient victimes de décisions politiques que personne ne peut comprendre.
— Michèle Rubirola (@MicheleRubirola) September 23, 2020
Déconnectée de la situation sanitaire
Comme le souligne Michèle Rubirola, une décision aussi extrême semble injustifiée sanitairement. Si, effectivement, le nombre d’hospitalisation, y compris en réanimation, augmente légèrement dans les Bouches du Rhône, la situation est bien moins critique que pendant l’arrivée du virus en France, aux mois de février-mars.
De plus, les fameux « gestes barrières », comme partout en France, étaient déjà appliqués dans les bars et restaurants marseillais, limitant ainsi au maximum la transmission du virus.
Déconnectée de la situation économique
Si la situation sanitaire ne justifie pas ces nouvelles mesures, la situation économique les réprouve clairement ! Les restaurateurs marseillais – pour ceux qui ont réussi à survivre au confinement et à la longue fermeture jusqu’au moins de juin – vont donc devoir fermer leurs portes à nouveau, après moins de quatre mois d’activité seulement depuis mars. Pendant ces quelques mois d’ouverture, leur activité a de plus été fortement ralentie en raison de l’absence d’événements et du ralentissement du tourisme.
Pour beaucoup d’entre eux, cette nouvelle mesure signerait leur « arrêt de mort » et ils n’auraient plus qu’à déposer la clef sous la porte.
La Résistance s’organise
Devant une mesure si grave pour leur économie (comme pour leurs libertés), les Marseillais ont annoncé ne pas vouloir se laisser faire.
Le président de région PACA, Renaud Muselier (LR) a déposé aujourd’hui un référé liberté devant le tribunal administratif de Marseille pour contester la légalité des mesures annoncées par Olivier Véran.
Aujourd’hui également, une manifestation des restaurateurs et cafetiers avait lieu devant le tribunal de commerce (car c’est là que selon eux ils déposeront bientôt leur bilan si les mesures sont appliquées). Renaud Muselier et Martine Vassal (LR), présidente de la métropole Aix-Marseille étaient présents et applaudis à la manifestation. Samia Ghali, deuxième adjointe à la mairie de Marseille était également présente. Elle a alors affirmé que la municipalité n’appliquerait tout simplement pas ces mesures. Sur LCI, elle a expliqué que « La police municipale, on en a besoin sur le territoire de tout Marseille pour d’autres missions beaucoup plus graves. (…) La police ne verbalisera pas, de fait ».
Au-delà de cette fronde des élus qui refusent d’obéir à l’État, les Marseillais laissent aussi monter leur colère face à cette mesure. S’ils souhaitent pour l’instant se faire entendre légalement, de plus en plus, comme Hugo Chauffournier (qui gère un bar sur le Vieux-port) disent que « si ça ne marche pas, il va falloir penser à d’autres solutions ».
🔴 #RÉSISTANCE | Devant le Tribunal de Commerce en soutien aux cafetiers, bars et restaurants face aux décisions injustifiées et unilatérales du @gouvernementFR. Si cette décision est maintenue, la ville @marseille n’apportera pas son concours pour mettre en place les fermetures. pic.twitter.com/6gduw4Qw9X
— Samia GHALI (@SamiaGhali) September 25, 2020
Ces mises en garde suffiront-elles à faire entendre aux élites le cri des Français qui veulent vivre malgré la terreur sanitaire dont on les accable – à l’instar de Nicolas Bedos qui publiait hier un appel à vivre ? Pas sûr quand on voit la réaction de certains, comme Raphaël Enthoven qui estimait sur LCI que « Marseille est entre les mains d’un fou », parlant évidement du Pr. Didier Raoult. Ce mépris symptomatique illustre bien le peu de cas que font nos dirigeants des avis divergents.
Dans cette lutte entre psychose et pragmatisme, entre fermetures et précautions, entre règle abstraite et mesure concrète, entre pays légal et pays réel, entre survie et vie, nous ne pouvons que soutenir les Marseillais qui ne se laissent pas faire et osent s’opposer à un État qui ne les sert pas.