Les nouvelles de l’ouverture des frontières turques et le déferlement migratoire qui s’abat aujourd’hui sur la Grèce auraient pu être prévisibles. Cette crise est la conséquence directe de la politique d’immigration dictée par Bruxelles depuis plus de 25 ans et intervient dans une situation de faiblesse des instances européennes. Alors que depuis près de 20 ans, l’Union européenne subventionne la Turquie à hauteur de 50 milliards d’euros pour le maintien de ses frontières afin d’empêcher l’arrivée de nombreux migrants, le gouvernement turc a su tirer des avantages indéniables des frontières libres de Schengen pour y affirmer son autorité et montrer sa capacité à menacer les pays membres. La pression d’Ankara remonte aux déboires politiques du Moyen-Orient, et renvoie au refus de la Communauté européenne d’intervenir dans le conflit turco-syrien qui menace actuellement la région. Le président Erdogan procède à la deuxième mise en pratique de ses menaces (la première remonte à 2015), et joue de la fébrilité des politiques européennes.
Lesbos devient peu à peu le symbole de la lutte des Européens fiers et fidèles aux frontières qui définissent leurs identités, mais représente également l’excès et l’échec total des institutions européennes à garantir la sécurité et la prospérité de ses États membres. Territoire de 90 000 habitants, Lesbos est l’île la plus prisée, en raison de sa proximité géographique avec la Turquie, et est ainsi la première étape du périple migratoire que devront subir les différentes nations européennes. Ainsi, les frontières n’ont jamais été aussi importantes qu’aujourd’hui, elles représentent le contrôle des politiques nationales et permettent la sécurité du pays. Seulement, par la signature et l’entrée dans l’espace Schengen, nos barrières nationales sont inexistantes et permettent l’entrée incontrôlable des vagues migratoires. Ainsi, le seul moyen de faire face aux exactions du Sultan Erdogan est de retrouver l’autonomie la plus totale en matière de contrôle aux frontières et de sécurité douanière. En trahissant par sa politique migratoire désastreuse le peuple grec, l’Union européenne donne un champ d’accès libre aux migrants, encore à la poursuite de l’Eldorado, pour investir les différentes capitales continentales.
Mais les Européens ne sont pas dupes, et savent que leur destin et celui de leur pays ne tient pas à un État supranational, mais à une communauté d’individus regroupés sous la bannière de l’identité, de l’histoire et de la civilisation qu’ils n’ont pas envie de remplacer. La frontière grecque représente ainsi le seul rempart que disposent les pays membre de l’espace Schengen pour contrer la submersion migratoire qui frappe le continent.
C’est donc dans l’intérêt de tout un peuple que se dessine une véritable résistance, d’une part politique face au diktat européen que subit les nations européennes depuis des dizaines d’années, mais également une résistance physique et idéologique face à une invasion musulmane extra-européenne. En effet, la Grèce n’est pas seulement le pays frontalier avec la Turquie, elle est le symbole d’une civilisation plurimillénaire qu’il convient de défendre afin de sauvegarder un héritage et un passé qui nous est cher. Elle est le précurseur d’une histoire qui a façonné l’Europe : ses arts, sa politique et sa philosophie en sont des témoins. Plus que jamais la Grèce doit être soutenue par la communauté des peuples européens, qui voit en sa faiblesse géographique les dangers de l’impérialisme turc qui se manifestent dans les vagues migratoires d’aujourd’hui.
Aujourd’hui Lesbos, demain Paris, soutien total au peuple grec !
Étienne Ferracci
Affrontements entre les habitants de l’île de Lesbos et les forces antiémeute, le 26 février 2020. PHOTO / ARIS MESSINIS AFP