L'Étudiant Libre

Le soir du 24 décembre, la junte militaire aurait pris à partie des chrétiens célébrant Noël, tuant quarante civils parmi lesquels des femmes et des enfants. Deux humanitaires de l’association Save the Children sont également portés disparus.
Photo relayée par les rebelles Karennis
C’est l’association britannique qui a alerté la communauté internationale. Elle affirme que la voiture privée de deux de ses employés aurait été prise dans l’attaque alors qu’ils traversaient le village. La junte militaire aurait profité de la veillée de Noël pour tuer et brûler vifs des chrétiens Karennis ayant fui les combats entre les troupes birmanes et les contre-révolutionnaires karennis. Les images sont glaçantes. On y voit des corps d’enfants carbonisés, tordus, entassés dans un camion.

La junte birmane avait, en février dernier, fait un coup d’État, mettant fin à la démocratie dans ce pays. Le prix Nobel de la paix et ancienne présidente, Aung San Suu Kyi, était renversée, accusée de fraude, de corruption et de mauvaise gestion du Covid. À la suite d’un procès fleuve, elle a été reconnue coupable et condamnée en décembre à 10 ans de prison. Le pays revient à son ancien statut de dictature.

Alors même que l’armée massacrait ses frères chrétiens, le plus haut prélat de Birmanie, le cardinal Charles Bo, a été photographié devant un gâteau auprès du nouveau maître du pays, le général Min Aung Hlaing. Tollé général. Alors que les images des cadavres font le tour du monde. De plus, si ce massacre est, très relativement, médiatisé, on n’a que peu traité les mois de répression qui ont suivi la révolution. En effet, l’armée dans sa reprise en main a rencontré une vive opposition. Elle l’a réprimée par la force, visant notamment les minorités chrétiennes et anémistes Karen, Karenni et Hachin qui avaient déjà pris les armes contre la précédente dictature. Ces ethnies, en grande partie chrétiennes, avaient alors été la cible de massacres. Si les images, très médiatiques puisque très choquantes, font parler de cette tuerie, certains refusent de lire ces événements à la lumière d’un contexte plus large. Déjà en 2017, en voyage en Birmanie, le pape préférait parler du cas des Rohingyas – minorité musulmane persécutée – que d’interpeller sur les souffrances des communautés chrétiennes.

Le massacre des chrétiens se fera donc en toute impunité si les photographes et la presse s’en tiennent éloignés. Pour rappel, la communauté chrétienne reste la plus attaquée dans le monde avec en 2021, selon l’association Portes Ouvertes, plus de 340 millions de croyants persécutés, 4 300 emprisonnés, près de 4 800 martyrs et plus de 4 480 églises ciblées dans plus de 75 pays.
Nouveau massacre de chrétiens en Birmanie
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