L'Étudiant Libre

Le programme d’Emmanuel Macron : entre mépris et procédure

Le président de la République a donné un coup d’accélérateur à sa campagne jeudi 17 mars après-midi, en exposant pendant plus de quatre heures son programme économique devant un parterre de journalistes. L’occasion de renforcer de nouveau sa posture présidentielle et de candidat sérieux, et surtout de se présenter comme le candidat de tous les Français.

Jeudi après-midi, Emmanuel Macron s’est enfin décidé à enfiler son costume pour présenter son programme, et a délaissé fort heureusement son sweatshirt des paras, sa barbe de trois jours et ses cheveux en bataille. L’exposé digne d’un cours de Sciences Po faisait penser à tout sauf à une annonce de politique générale pour les cinq ans à venir, bien davantage qu’un programme de candidat.

Un programme pour cinq ans de plus

Emmanuel Macron semblait tout maîtriser jeudi après-midi, rien ne pouvait lui échapper, il était comme le maître du jeu. Retraite à 65 ans, plans d’investissement de plusieurs milliards d’euros dans le domaine énergétique, nouvelles conditions pour l’attribution du RSA, ou encore baisse des droits de succession : le président de la République a dévoilé un programme dans lequel il a repris méthodiquement tout ce qu’il pouvait chez ses concurrents. Un programme rassembleur, ni de droite, ni de gauche. Il paraissait dire « ne vous inquiétez pas, ce que je n’ai pu faire hier à cause de la pandémie, je le ferai demain, une fois passée l’étape obligatoire de la réélection ». Un argument utilisé pour expliquer nombre de réformes qu’il n’avait pu entreprendre, en particulier la réforme des retraites. Le problème c’est que cette réforme a avant tout été arrêtée à cause de l’opposition des gilets jaunes, en janvier 2020. D’autre part, cette exposition magistrale fut l’occasion d’ignorer ses concurrents et leurs programmes, comme si la présidentielle n’était qu’une étape procédurale pour renouveler son mandat pour cinq années supplémentaires.

Un plagiat du programme de Valérie Pécresse ?

« Emmanuel Macron nous a présenté son projet : c’est un projet du déni et de la contrefaçon. Du déni sur tous les sujets d’ordre républicain et de la contrefaçon sur les retraites, le nucléaire, sur l’agriculture, sur le RSA. Qui peut encore le croire aujourd’hui ? » La candidate des Républicains a tenté tant bien que mal d’attaquer le président sur son programme, qu’elle accuse d’avoir plagié le sien. Il est vrai que ses propositions sur la réforme des retraites ou le durcissement des mesures contre l’immigration ne diffèrent pas sensiblement du programme de Valérie Pécresse. La candidate LR peut surtout se désoler de son manque de stature en comparaison avec celle du président, qui paraît toujours irréprochable dans ses interventions, et toujours au-dessus de la mêlée. À 11% dans les sondages, la candidate des LR, dont une grande partie de l’électorat pourrait être tentée de se détourner d’elle pour aller vers Emmanuel Macron dès le premier tour, parait se battre comme elle peut contre celui qu’elle prétend être son principal concurrent, à 30% d’intentions de vote. Peut-être sa faute fut elle de ne pas s’être affirmée assez à droite ? Il est certain qu’elle a bien davantage à perdre que ses deux concurrents de Reconquête ou du RN, dont l’électorat semble bien consolidé. Sans doute grâce à leur programme de droite assumé.

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Maximilien Nagy

Maximilien Nagy

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