Recension Vie à vendre Mishima
Dans la théorie, Vie à vendre de Mishima était jusqu’ici un roman feuilleton, le genre de d’ouvrage qu’un écrivain écrit dans une revue de manière périodique car il ne peut vivre totalement de ses romans traditionnels. Typiquement un travail commercial où les écrivains ne prennent aucun plaisir et en retirent souvent une grande frustration artistique. Ce qui explique surement le désintérêt qu’avait eu jusqu’ici le monde de l’édition pour la traduction du livre en question.
Dans les faits, Vie à vendre se révèle être une œuvre jubilatoire où un Mishima en roue libre se donne à cœur de mélanger plusieurs genres : roman policier, fantastique, thriller. Cette œuvre entrainante le laisse libre de développer ses thèmes favoris : sens de la vie et de la mort, décadence de la société japonaise. Pour les puristes, la ponctuation si particulière de l’auteur est respectée dans ce qu’on pourrait appeler une « petite musique » qui laisse paraitre la suspension de l’action et de l’existence. La traduction du Japonais directement, et non plus à partir de la version américaine, par Dominique Palmé, permet une grande fidélité au texte original.
La sortie inédite en français de ce livre est une aubaine à saisir alors que l’année 2020 marque les cinquante ans de la disparition de Yukio Mishima. Sa fin si marquante et ces lignes, nous rappelle les mots d’un autre auteur, français celui-là : « Quand on n’a pas d’imagination, mourir c’est peu de chose, quand on en a, mourir c’est trop ».
Florian Della Rocca.
Yukio Mishima, Vie à vendre. Trad. du japonais par Dominique Palmé. Gallimard, 272 p., 22 €