L'Étudiant Libre

Chaos en cours au Kazakhstan : jusqu’où ira la crise politique ?

Depuis le début de l’année, le pays d’Asie centrale est secoué par des émeutes liées à la hausse du prix du carburant.
Crédits : Pixabay
Ces émeutes qui secouent violemment le pays depuis le dimanche 2 janvier ont provoqué un chaos politique dans le pays. L’état d’urgence a été décrété dans la totalité du territoire ce mercredi par le président Kassym-Jomart Tokaïev, quelques heures seulement après l’annonce de la démission du gouvernement. L’accès à Internet a d’ailleurs été entièrement suspendu sur le territoire.

Le Kazakhstan, ancienne république soviétique devenue indépendante, est un pays qui malgré ses richesses dues à ses gisements de pétrole possède des inégalités croissantes et une féroce corruption du pouvoir. Cette situation critique a complètement dérapé lorsque ce 1er janvier , l’annonce d’une suppression du plafond du prix du gaz à pétrole liquéfié a été annoncé, alors même que ce carburant est pourtant celui qui est le plus utilisé dans le pays. Cette annonce a été perçue comme la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour la population kazakhstanaise, puisque depuis cette annonce le prix du carburant a doublé, augmentant donc avec lui le prix du transport des produits alimentaires et le prix prix d’achat des produits.

Les premiers manifestants ont donc bravé l’interdit ce mercredi 5 janvier et sont descendus dans la rue, notamment à Almaty, en scandant des chants hostiles au gouvernement. Une situation inacceptable pour le pouvoir qui a très vite envoyé ses forces de l’ordre pour réprimer les manifestants dans le sang. Rappelons que le Kazakhstan, malgré son indépendance, reste une dictature avec peu d’opposition politique tolérée. Une situation qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle de la Biélorussie, autre ancienne république soviétique et une dictature toujours en place sous la poigne du président Loukachenko. En réponse à la répression, les émeutiers ont partiellement incendiée la mairie ainsi que la résidence présidentielle à Almaty, capitale économique du pays.

Très vite, le téléphone et Internet ont été complètement coupés afin de désorganiser les manifestants et de limiter la circulation des informations et des images de la répression. Le chaos s’est très vite installé ce jeudi à la suite de l’arrivée en nombre de renforts militaires russes ou encore biélorusses, lesquels soutiens parlent d’opération antiterroriste quand les images parlent évidemment de répression meurtrière. Le bilan officiel ferait état de dizaines de morts et d’un millier de blessés, ce qui laisse présager le pire quant au véritable chiffre de ces violences. Plusieurs membres des forces de l’ordre ont également été retrouvés morts. Une situation dramatique qui prend le droit chemin de la guerre civile.

La situation ne risque pas de s’améliorer dans les prochains jours et prochaines semaines, et on peut imaginer que Poutine et Loukachenko soient inquiets vis-à-vis de cette situation. Il n’est d’ailleurs pas impossible que ces deux pays interviennent plus violemment encore dans les prochaines semaines pour sauver leur allié kazakhstanais, comme ce fut le cas pour l’Ukraine en 2014. Quel sera l’avenir de ce pays, l’Occident interviendra-t-il ou laissera-t-il faire la répression par manque d’intérêt ? C’est ce qu’il faudra pleinement analyser au cours des prochaines semaines.
Thomas Bouvet

Thomas Bouvet

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