Mardi 14 avril, 16h. Un courrier rédigé par Jacques Moreau, président du conseil d’administration du lycée catholique Saint-Jean de Passy, informe les élèves, leurs parents et l’ensemble du personnel de la mise à pied immédiate de deux des membres du conseil de direction. Motif invoqué : les « pratiques managériales dysfonctionnelles » du directeur de l’établissement, François-Xavier Clément, et du directeur d’études des élèves de terminale, Jean Ducret.
Dans son courrier, Jacques Moreau va jusqu’à évoquer une « atteinte à la santé et à la sécurité physique et psychique des collaborateurs ». À l’origine de l’affaire, une enquête commandée par l’établissement en janvier dernier, en bonne entente avec la direction diocésaine des établissements catholiques de Paris. L’objectif est alors d’éclaircir les causes d’un « malaise » provoqué par la direction de monsieur Clément.
En l’absence des conclusions de cette enquête, et dans l’attente des entretiens de licenciement prévus mardi prochain, rien n’autorise à tirer la moindre conclusion. Une chose est en revanche certaine : dans une atmosphère troublée par le confinement et la fermeture du lycée, il règne autour de cette affaire un flou total. Et force est de constater que les méthodes employées par le conseil d’administration sont pour le moins étonnantes, puisque l’on sait que les deux concernés ont appris leur mise à pied dans la matinée de mardi, par voie d’huissiers. Ces huissiers étaient notamment chargés de procéder à la confiscation du matériel de travail des deux hommes (ordinateurs, clefs, badges, etc.).
Ce n’est pas la première fois que François-Xavier Clément, à la tête de Saint-Jean depuis 2015, est plongé dans la tourmente. Il y a deux ans, des critiques s’étaient déjà élevées contre un virage amorcé sous sa direction : uniforme obligatoire, statue de la Vierge installée dans la cour… Trop « tradi » pour certains, trop dur pour d’autres, le directeur s’était à coup sûr attiré la méfiance d’une petite partie des parents d’élèves, du corps professoral, et des responsables de l’APEL. Par ailleurs, son management indéniablement direct et exigeant avait également soulevé des critiques, qui sont sans doute pour beaucoup dans l’enquête enclenchée par l’établissement.
D’ici la révélation des conclusions de cette enquête, et dans l’attente de son entretien de mardi prochain, monsieur Clément, qui peut a priori compter sur le soutien d’une large partie des cadres de Saint-Jean de Passy, s’est exprimé dans la journée d’hier :
« En tout état de cause, j’affirme être très serein sur les conclusions d’une telle démarche tant je ne vois aucun acte posé dans mon management ces dernières années qui pourraient justifier une décision aussi radicale et une procédure aussi brutale que celle que nous subissons avec Monsieur Ducret, et ce dans la si difficile période de confinement que nous vivons. »
Du côté des parents d’élèves, une cagnotte a été lancée pour soutenir Jean Ducret (douze enfants) et François-Xavier Clément (quatre enfants), afin de leur donner les moyens de s’assurer, si besoin est, une défense convenable.