Depuis quelques jours, la reprise de l’usine hydro métallurgique du groupe brésilien Vale attise les tensions en Nouvelle Calédonie. Suite à plusieurs milliards de perte, ce dernier a en effet décidé de vendre une de ses usines de nickel située au sud de la Nouvelle-Calédonie et a procédé à un appel d’offres international. 3 000 emplois sont en jeu : une véritable catastrophe pour l’économie calédonienne si ce dernier n’aboutissait pas. Avec le soutien de la banque Rotschild, Vale a finalement choisi un repreneur : une nouvelle société supportée par la société suisse Trafigura à 25%, une société financière à 25% et un actionnariat calédonien à 50%.
Une offre concurrente et non retenue était portée par la société Sofinor (Société de Financement et d’Investissement de la Province Nord) en partenariat avec une société coréenne Korea Zinc. Le groupe Vale a néanmoins estimé que l’offre n’offrait aucune garantie financière ou environnementale. Sofinor qui n’a apparemment pas de stratégie commerciale viable, est très endetté. Vale a signé avec la société associée à Trafigura sonnant le glas d’une autre offre. Korea zinc s’est retirée mais la Sofinor affirme avoir un nouveau partenaire.
La situation en devient politique lorsque l’on sait que cette société est une entité de la Province Nord (la Calédonie est découpée en provinces) soutenue par les partis indépendantistes. L’appel du collectif « Usine du Sud = usine pays » et de l’Instance coutumière autochtone de négociation (ICAN), soutenus par le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) à manifester en faveur de la Sofinor/Korea zinc dégénère. Les blocages et intimidations des dernières semaines se muent en affrontements entre indépendantistes et loyalistes (pro-France).
L’usine du sud (Seveso 2) est déjà bloquée depuis plusieurs semaines et est quasiment à l’arrêt complet. Les conséquences de ces blocages (incendie, tentative d’intrusion, intimidation) en deviennent dramatiques. Alors que de nombreux barrages routiers ont été mis en place autour de Nouméa par les indépendantistes, les loyalistes ont dressé face à eux des contre-barrages, excédés par ces agissements peu réprimés par le haut-commissaire de la République. Les gendarmes déployés protègent les employés de Vale sur le site industriel et tentent tant bien que mal de contenir les débordements. Selon des témoins, on peut assister en ce moment à des scènes de guérilla urbaines et à des échanges de coups de feu. Le maire du Mont-Dore, Eddie Lelourieux, a déclaré dans un communiqué que « des bandes armées ont attaqué à plusieurs reprises les forces de l’ordre. Des affrontements successifs se sont déroulés tout au long de la nuit et nous déplorons des commerces brûlés, un parc saccagé et un blessé parmi nos sapeurs-pompiers »
La situation est très tendue et les calédoniens les plus anciens y voit une répétition des « événements » de 1985 qui avaient fait à l’apoque plusieurs dizaines de morts et que les accords de Matignon et Nouméa avaient tenté d’apaiser. Tout ceci intervient après le deuxième référendum ayant eu lieu en novembre qui a vu le non à l’indépendance le remporter à 53%. Il laisse du terrain aux indépendantistes en progression, ravivant les craintes ou les aspirations des citoyens calédoniens selon leur positionnement sur la question.