Le retour des traditionnelles allocutions présidentielles d’Emmanuel Macron – prévue ce mercredi soir à 20 heures – porte avec lui l’angoisse pour les catholiques de France de se voir de nouveau interdire la pratique du culte, à l’approche de la fête de la Toussaint, mais surtout de l’Avent, qui débutera le 29 novembre prochain. Après avoir fêté Pâques au tison, les catholiques célébreront-ils Noël au balcon ?
Et pour cause. Les exemples à l’étranger ont de quoi faire craindre aux fidèles de notre pays de nouvelles restrictions : à Bruxelles, la pratique du culte est déjà limitée aux seuls mariages (10 personnes maximum) et enterrements (15), tandis qu’à Rome, le pape François a fait savoir ce mardi 27 octobre que les offices liturgiques du mois de décembre seraient célébrés en privé, y compris la messe de la Nativité le 24 décembre (au sujet de la bénédiction urbi et orbi du lendemain, elle demeure maintenue selon le Vatican).
On s’en souvient, le Conseil d’Etat avait ordonné le 18 mai dernier la reprise des cultes, après un recours de plusieurs groupes – notamment le PCD –, estimant que « la liberté de culte, qui est une liberté fondamentale, comporte parmi ses composantes essentielles le droit de participer collectivement à des cérémonies, en particulier dans les lieux de culte ». Cette décision fera-t-elle cependant jurisprudence ? Si la perspective d’un nouveau confinement semble désormais avérée, l’exécutif pourra-t-il décider de suspendre de nouveau la pratique du culte ?
En dépit de la discipline de l’Eglise catholique depuis mai dernier vis-à-vis des mesures sanitaires, une nouvelle interdiction est pourtant crainte par les plus hauts responsables de l’Eglise. Dans un courrier adressé au président de la République hier, le président de la Conférence des évêques de France, Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort, demande au chef de l’Etat de maintenir l’exercice du culte en cas de reconfinement et de permettre aux Français de pouvoir se rendre dans les cimetières dimanche 1er et lundi 2 novembre, jour de la commémoration des fidèles défunts.
Comme le rappelle sur Twitter le père Pierre-Hervé Grosjean, curé de Montigny et Voisins-le-Bretonneux (Yvelines), il serait dramatique de faire « revivre aux familles des « obsèques limitées » [alors que] la douleur est [encore] grande chez ceux qui n’ont pu vivre les obsèques de leur proche en mars-avril, ou chez ceux qui n’ont pu entourer leur proche dans ses derniers instants ».
La pratique du culte, pourtant considérée comme « fondamentale » et devant être assurée par l’Etat au nom-même de la laïcité (sujet particulièrement brûlant ces derniers jours), est donc sur la sellette, alors même que l’Eglise catholique avait fait preuve de tempérance lors du premier confinement, puis d’un respect des règles à compter de mai…