Ce mardi 2 juin, le parlement nord-irlandais a adopté, par 46 voix contre 40, une motion visant à rejeter les récentes modifications des lois sur l’IVG en Irlande du Nord. Celles-ci autorisent l’avortement de l’enfant jusqu’à la naissance en cas de handicap grave et non mortel.
Le débat remonte à juillet 2019. A l’époque, une querelle entre les différents partis du Stormont (assemblée d’Irlande du Nord) empêche la création d’un exécutif stable, ainsi que le fonctionnement normal du parlement. Une brèche dans laquelle le parlement de Westminster s’est engouffré pour libéraliser l’avortement dans cette partie du Royaume-Uni où, jusque là, il n’était autorisé que si la grossesse menaçait la vie de la mère.
Une décision condamnée par l’ancienne Première ministre nord-irlandaise Arlene Foster, la désignant comme « un jour très triste », ainsi que par les évêques catholiques, déclarant à cette occasion que « L’avortement est une violation brutale du don précieux de la vie, et ce droit à la vie ne nous est donné par aucune loi ou gouvernement […] Toute loi humaine qui ôte le droit à la vie est une loi injuste, et chaque personne, chaque votant, chaque représentant politique doit y résister ». De son côté, le modérateur de l’Eglise presbytérienne d’Irlande, le Dr William Henry, avait ajouté : « Je suis sûr que beaucoup seront frappés par la contradiction, qu’à un moment où nous prenons tous des mesures aussi drastiques pour préserver la vie, une législation est introduite pour la prendre ».
Protestations purement déclaratives, puisque l’IVG a donc été autorisé jusqu’à 12 semaines sans motif, 24 semaines si la grossesse comporte un risque pour la santé physique ou mentale de la femme enceinte, et jusqu’au terme de la grossesse en cas d’anomalies fœtales graves et fatales.
Ce sont ces mesures qui ont été rejetées par le Stormont mardi. Un vote dépourvu d’effet juridiques mais hautement symbolique: les parlementaires nord-irlandais affirment qu’il s’agit là de montrer leur opposition à des lois imposées par Westminster.
Paul Givan, député du DUP (parti unioniste) a ainsi déclaré que « L’Assemblée a maintenant rejeté ces réglementations extrêmes sur l’avortement en raison de leur caractère discriminatoire envers les enfants à naître, en particulier ceux qui sont handicapés ». Des propos approuvés par le Sinn Féin, pourtant opposant historique au DUP.
C’est ainsi un signal fort envoyé à Londres par l’Irlande du Nord, qui montre que l’opposition à l’avortement généralisé fait largement consensus entre catholiques et protestants, pro-anglais ou pro-irlandais.