Le collectif « Objectif messe 59 » manifestait à Lille dimanche 22 novembre pour la défense de la liberté de culte qu’il estime bafouée actuellement.
Ce dimanche, aux alentours de 16h, 150 personnes foulaient les pavés mouillés par la pluie du vieux-Lille pour se rassembler devant la cathédrale Notre-Dame de la Treille. Ils sont venus protester contre l’interdiction des messes publiques prévue par un décret-loi en date du 29 octobre. Cet évènement est le premier organisé dans la région par le collectif « Objectif messe » qui milite partout en France. Des familles, des trentenaires, des étudiants, des élus locaux et des personnes âgées ont répondu présents à l’appel. Ils sont bien décidés à défendre leur liberté de culte, faisant fi de l’avertissement de Gérald Darmanin, qui menaçait au micro de Franceinfo de faire verbaliser par la police les croyants qui persistent à manifester. Leur foi vaut bien quelques prises de risques. Et si les menaces du ministre de l’Intérieur chargé des cultes ne suffisent pas à les enfermer chez eux, ils peuvent bien risquer leur vie – « plus importante que tout » selon monsieur Darmanin – pour ce en quoi ils croient : la vie éternelle.
Des militaires de l’opération Sentinelle sont positionnés de chaque côté du parvis. Maxence porte-parole du collectif « Objectif messe » dans le Nord se tient sur la plateforme donnant sur la façade moderne de la cathédrale. Il est muni d’un mégaphone et d’une casquette. Le jeune homme commence par lister les règles sanitaires à respecter « Je vais vous demander de rester en famille, les autres sont priés de respecter le mètre de distance sociale. Du gel hydro-alcoolique est mis à votre disposition ». Ses co-organisateurs s’installent à ses côtés. « Rendez-nous la messe » peut-on lire sur leur pancarte. Si tous les manifestants se tiennent face à eux, embarrassés d’un masque chirurgical, c’est pour demander le retour des messes en assemblée dans un premier temps. Dans un suons temps, pour exiger que « le mépris du gouvernement pour les catholiques de France cesse » me confie plus tardPhilippe Pichergu, co-organisateur de la manifestation. Il a la triste impression « de faire partie d’une minorité qui n’a pas le droit à la parole ». Le jeune homme rappelle que « Cette entrave à la liberté de culte de la part du gouvernement a en partie soulevé la Vendée », faisant référence à la Vendée de 1793 qui s’est soulevée contre la conscription et pour la liberté de culte.
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Des membres de « Objectif messe » finissent de distribuerdes feuilles A4 sur lesquelles sont imprimées les paroles des chants religieux préalablement choisis par le collectif organisateur. La manifestation se lance doucement. Elle sera statique. « La préfecture nous demande de ne pas faire de prière de rue. Donc on évite les cantiques et on évite de se mettre à genoux » prévient Maxence qui est accueilli par des voix contestataires qui s’élèvent depuis des parapluies de toutes les couleurs. « Et silencieux on a le droit de l’être par contre !? » s’insurge une petite dame menue qui est visiblement très remontée contre le décret-loi qui l’empêche d’aller communier. Si il en va du bon déroulement de la manifestation que de se plier aux indications du préfet, les catholiques rassemblés aujourd’hui sont conscients de leurs droits : « Il y a quelques jours, le tribunal administratif de Paris nous a donné raison en suspendant l’inique décision du préfet Didier Lallement d’interdire un rassemblement à St-Sulpice. La loi est avec nous et nous mènerons ce combat sans faiblir, jusqu’à la victoire », promet Philippe Pichegru.
Le collectif « Objectif messe » a vu le jour à Paris à l’occasion des premiers rassemblements du 16 Novembre. Depuis, des sections se sont créées dans toute la France. Et ce dimanche, 70 manifestations étaient prévues dans l’Hexagone. À Strasbourg, à Toulouse, à Rennes, à Caen , à Dijon, à Paris, etc. Ce qui prévaut c’est « l’union dans la foi » pour reprendre les termes utilisés par Maxence au mégaphone. « Les catholiques de France doivent faire fi de leurs divergences. Quelles que soient nos sensibilités politiques, nous nous réunissons tous les dimanches pour recevoir la Sainte Eucharistie. C’est cela qui doit prévaloir, rien d’autre ! » ajoute son co-organisateur.
Les fidèles catholiques ont fait le choix de manifester ce dimanche même si Emmanuel Macron prévoit de parler mardi à 20h pour annoncer un allégement du confinement et notamment concernant les cérémonies religieuses. Ils n’ont plus confiance en ce gouvernement « adepte des coups de Trafalgar » déclare Philippe Pichergu. Pour lui le constat est clair : « Nous n’avons pas pu nous rendre à la messe. Tant que cela durera, nous nous réunirons et nous ferons valoir notre droit. Mieux, notre devoir de nous rendre à la messe. » Maxence a rappelé lors de son discours que le gouvernement, prétextant l’endiguement de l’épidémie de coronavirus, les aura privé de communion pour une durée de six mois cette année. « Ça peut paraître futile pour les gens qui ne croient pas, pour ceux qui n’ont pas encore eu de révélation de foi » affirme le porte-parole de la section du Nord, mais pour nous, c’est ce qu’il y a de plus important. C’est le pain de notre âme. »
La nuit commence à tomber, une fidèle, tout de beige vêtu, un chapeau blanc sur la tête prend timidement le mégaphone pour apporter de la douceur : « La messe n’est pas qu’une réunion, ce n’est pas un évènement dans la semaine qui a lieu parce qu’on en a envie. C’est prendre l’eucharistie, communier avec le Seigneur, c’est entendre les belles paroles de l’Evangile, avoir le St Esprit qui vient jusqu’à notre coeur. » Elle prend de l’assurance avant d’ajouter : « La messe c’est pas seulement le dimanche, c’est aussi à l’occasion des fêtes. Nous avons été privés de messe de Pâques. Est-ce que nous allons être privés de messe de Noël aussi ? ». Avec un geste de la main, elle invite son public à scander en coeur le slogan : « RENDEZ-NOUS LA MESSE, RENDEZ-NOUS LA MESSE ». Tous la suivent et de leur voix, recouvrent le carillon de la Chambre de commerce qui retenti pour sonner les coups de 18h.